UN MÉROU.

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La De : Mérou en habit de fête.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Dans le fond de la grotte, sous la lumière bleue,

On ne voit que sa bouche, qui s’ouvre et se referme

Au rythme régulier des courants sous marins.

Surtout prenez bien garde ! Ne laissez pas vos mains

Près de ses grosses lèvres et de leur sourire blême,

Ne vous fiez surtout pas à son regard brumeux.

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C’est un très beau nageur à la livrée piquée

De tâches d’ivoire sali. Placide le gros baigneur,

Plus rapide qu’un naja saura vous avaler,

Bien avant que naïf, confiant, un peu dormeur,

Vous ayez pu comprendre que vous êtes croqué.

Personne n’aura rien vu, badèche est un saigneur.

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A longueur de journée, il flotte entre deux eaux,

Immobile et songeur. Tous les poissons l’évitent,

Le labre nettoyeur s’arroge tous les droits,

Il grimpe sur le râble du mérou qui l’invite,

Picore dans sa gueule, ne connait pas l’effroi.

On l’appelle Roméo le nettoyeur faraud.

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Le bougre a une copine, la loche Philomène,

On dirait sa jumelle aussi grosse que lui,

A deux ils vont chasser la girelle jolie,

Le homard à pois bleus et ses fines antennes

Ou l’anguille fluide au longs corps fuselé.

Quand la terreur foudroie, la faune est affligée.

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La mer est comme un lac, où se mirent les fous,

Sous les flots impassibles flâne le roi mérou.

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