Littinéraires viniques » POÈMES EXACERBÉS …

MORALITÉS VARIÉES …

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Dessin de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Tu fumes, jolie, ta clope,

Pendant ce temps Armand,

Petite frappe interlope,

Te regarde en baillant.

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Moduraglandlité.

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Sur les pavés mouillés,

Silhouettes brumeuses

Des nuits attristées,

Maraudes, tarifées.

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Motriraquéelité.

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Les beaux chevaux galopent

Dans les nuées de coton,

La pluie tombe, le cyclope

Est seul, pauvre bouchon.

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Mytholoralité.

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Regarde moi Lilou,

Quand je bégaie,

Tu pleures doux,

Et je m’effraie.

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Mosoufralitée.

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Et tous ces vers abscons,

Alignés en fourrés,

D’épines à façons,

Qui meurent, étouffés.

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Moconralité.

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Rimes incertaines,

En valse à mille-tempes,

Toiles arachnéennes,

Fragiles estampes.

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Mobranralantelité.

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J’ai la tête qui tourne,

Dehors, les chiens aboient,

Les filles me bistournent,

Je suis pris par le froid.

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Moraburlinéeté.

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Mignonne, je déconne,

Ta rose en buée,

Me chatouille les pommes,

Le printemps est gelé.

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Mosuracréelité.

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Moralités variées, avariées,

Exténuées, déglinguées,

En nougats, fous à lier …

TENDRES GERVAISES …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Y’a Prévert et y’a Kosma,

Y’a Aragon et y’a moi !

Ah, ah, ah, ah, bah,

Les beaux, les grands éléphants,

Les tonitruants, et y’a le gland,

Le bafouilleux, le baveux, le charmant,

Qui prend ses mots pour des beautés,

Quand il écrit, vomit, avec ses pieds.

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Sur la toile, glauque, il se répand,

Ego brouillon, plume mal taillée,

Rimes merdiques, cœur électrique,

Les chairs à vifs, l’oeil sanglant,

A chialer, brailler, comme un enfant

Perdu, paumé, trognon gâté,

Ciels étoilés, à coups de trique,

A vous faire chier, gerber, des soirs durant.

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Vous les voyageurs, vous les errants,

Quand vos regards, vos yeux gluants,

Vos doigts crispés, vos cils battants,

A moitié nazes, vos cœurs suants,

Vos vies de merde, vos chancres puants,

Qui vous tracassent, qui vous agacent,

Quand au hasard, aux étoiles, entre-fesses,

De Tombouctou jusques à Fès.

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Abrutis sur vos fragiles balancelles,

Vous découvrez, vous comme icelles,

Au cœur de vos nuits, ces mots qui chancellent,

Sous l’archet fou de mon lourd violoncelle,

Alors vous comprenez, là-bas, au loin,

Qu’à vous gorger de mes fadaises,

Vous ne risquez pas, tendres Gervaises,

Que je vous prenne pour des Bastiaises.

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Qu’à vous toucher, baiser, je m’emploie,

Du bout du cœur, des ongles, des doigts …

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Ombres portées, espoirs gelés.

CHANSONNETTE ET FOUTRIQUETTE …

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Sous le trait léger de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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 Suceuse gourmande de sucettes

Ma fillotte, ma fillette, ma pucette

Tu fais des ronds sur mes bonbons si bons,

Et ma belle, ma pucelle, tournicotons,

Toi tu me l’uses quand tu me la pèles,

Me la tournes, la chantournes ma ficelle

Marie-Luce, tite puce a tété le bébé

A pleuré si frais pour avoir sa purée

Qu’a coulé sur son nichon suret,

Ultra salope nyctalope interlope,

Si bonne ma cochonne, tu fumes ma clope

Grosse botte de salsifis tout flétris,

Étalés, équarris sur ton lit.

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Ma pelote, ma petiote, ma ravigote,

A boire à la fontaine, tu as tant ri.

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Tire bouchons de réglisses à façons,

Tagada, t’as qu’à pas croquer des valdas,

Liqueur de prose ça coule sur la chose,

Candide Candice, joli colimaçon,

La vanille et la fraise coulent sur ton menton,

Roploplos, ventre, dos, à cheval, à dada,

Croque coco, bubble-rose,

Barbe à papa, pistache et caramel mou,

Coquilles sucrées, sac à puce et roudoudou.

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Chansonnette et foutriquette,

Chevrote la biquette,

Branlotte la meufette.

ODE A PAULI PIETRO …

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Le Pauli de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Il est grand, il est beau, elles tombent par jonchées,

Brisées comme des poupées, toutes pâmées à ses pieds.

Sous sa carcasse gigantesque, regard frisé,

Brûle, feu de grand chêne, petit cœur de cousette,

Mais le Pietro beau, pas une raclure de braguette,

Il aime trop le vent pour draguer les minettes,

A trop croquer la vie, il oublie les doucettes.

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Perdu là-bas, loin de son île bleue de beauté,

Il rumine, seul dans son château délabré,

Concocte, peaufine, un plan très désespéré,

C’est un battant au cœur violent, bouche de sang,

Pauli ourdit, crayon de mine, départ ardent,

Vers les confins, patin couffin, comme un enfant,

Voler plus loin, ronger son frein, manger le temps.

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Adieu bouchons, quenelles, saucisses, vive le son,

Le grand tromblon, bandé, il tire le canon,

Pleines bordées, virées vers le large horizon,

Va s’envoler, poches lestées, Indes galantes,

Les poings serrés, les yeux fermés, espoir, je tente,

Il veut, il va, vienne le temps des tremblantes,

Alors mon cœur, serrez les dents, filles dolentes.

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Pauli, fils des ris, cloue sa tente à Bombay,

Dans les ruées, les nans, les encens, les fumets,

Saris dorés, couleurs, odeurs, il s’est posé,

Ailes ouvertes, bec acéré, regard verdet,

Dans ses pupilles, éclats brisés, il a osé,

Larguer amarres ; sonnez fanfares, Pietro l’épée,

Tire des bords, du sud au nord, parti flingué.

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Bali, balo, Pauli Paulo est un taureau,

Petit Pauli, je ne suis lui, et je pâlis.

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Vole donc mon frère, vers les rivages, mords les mirages,

Où est le temps jadis où nous étions en lice …

ET LES BALEINES BLEUES …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

Je marchais à tétons, j’ai perdu mon chaton

Quand le ciel se déchire, l’orage se déchaîne

Mais Dieu ! Toi qui me rinces quand je suis rincé

Eclaire plutôt le ciel, et volent les hirondelles.

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Je croyais que mon chien se prenait pour Pétain

Etrange, mais Dieu a plus d’un tour dans son sexe

Et voilà que Pétain se réincarne en clebs

Mandela est mort qui aimait tant la hola.

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Keats, Whitman, Shakespeare et même le très Poe

Tous traînants sous la pluie qui claque sur les docks

Les passant harassés allongés comme des veaux

Et les baleines bleues, les séquoias en cloque.

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Dis moi que le ciel après que les eaux grasses

De nos pleurs et des leurs sur nos peaux si lasses

Sont tombées ont lavé nos vie et nos godasses.

Soleils écarquillés faites fondre les glaces.

LASCIA CH’IO PIANGA …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

Ciel polaire si clair froid coupant si blanc

Oeil de nymphe sang de lymphe flanc battant

Dragon noir dents d’ivoire pupilles broutilles

Dans la nuit ours gris du vent dans les trilles

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Au pays dégourdi mains glacées pieds plantés

Elle m’a dit la houri sous tes reins j’ai pleuré

A dormir soupir désir travertin de ton sein

Odorant hérisson ta pupille charmille

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Montaigu l’âme nue Capulet œil crevé

Odalisque je te bisque ta cuisse triste

Enchanteur le merlin a tué le bélier

Vole ma folle farandole amour trop loin

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Point n’en faut trop c’est trop à cheval au galop

S’en est allé sur les galets la Diva ho !

Tranche la faux huile à la mort sinistre corps

Voix de tête cœur qui tète dans tes ors mi amor

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Lascia Ch’io pianga, mon âme chante Haendel

Fou d’elle ma mirabelle tes ailes tes dentelles

SOUS LA LANGUE, PERFIDE …

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Ce que La De voit dans les mots …

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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L’agneau aux yeux de soufre a bêlé,

Plus fort qu’il ne le fera plus jamais,

Il a tant aimé être ainsi crucifié, foutré

Que les cloches de Pâques se sont fêlées.

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Entre les cheminées aux braise ardentes,

Comme un corps extasié sous la langue sifflante,

Il a connu plus qu’il ne connaîtra jamais,

Pantelant, soumis, ravi, emporté, ravagé.

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Sous la bouche pointue d’une goule puissante

Ses chairs, sa peau, son ventre, toutes ses fentes,

Coulantes, brûlantes, et navrées tout autant,

Quand son cœur est nié, sa volonté brisée.

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Quand le temps infect des turpitudes infligées,

Acceptées aussi, désirées, adorées à crever,

A passé. Quand le vent si fort, si pur, à en mourir,

S’est engouffré sous ses voilures de porphyre.

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Alors ses grands yeux de larmes refoulées,

Comme des tempêtes aux douceurs ignorées,

Se sont ouverts, un soir qu’il n’attendait plus,

Le vent s’est calmé, la brise a tiédi quand il a paru.

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Succubes, incubes, démons des temps passés,

Sur vos crânes lustrés je chie comme un damné,

Je suis la douceur, la tendresse, la main qui caresse la soie,

Celui qui lui sourit, je ne suis pas sa loi.

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Je suis l’amour, à jamais espéré.

AU CHAR DRU …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

Doux supplice fou du purpurin,

Au creux, oasis de tes reins,

Tes nattes servent de freins,

Au char dru, onctueux de ton fût,

Que je conduis enfin d’une main …

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Au soleil cuisant, l’opale de tes orbes,

Dépecées, rougies, en désordre,

Flattées, fessées, mordues, pétries,

Font de l’ombre à la mort quand tu cries

A mourir. Tu défailles sur mon sein …

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Courent les risées, les lourdes nuées,

Dans l’eau de tes yeux, azurs ravis,

Fondent tes lapis, tanguent tes cheveux,

Au soleil de bronze du couchant de ma vie,

Suis moulu, perdu, rincé, cœur qui bée …

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Les rasoirs coupants de tes dents,

Griffent ma peau et rougissent mes flancs,

Tes ongles ont percé jusqu’au sang,

L’épaisse obscurité des iris du temps,

Et je gis comme un grand requin blanc …

 

Les feuilles rousses des grands arbres nus,

Sur ton corps alangui, à demi étendu,

Comme des soies rouges, ma sorcière,

Recouvrent d’organsin ta gorge qui palpite,

Quand l’absolue folie nous habite …

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Alors l’espace implose,

Et te couvre de roses,

Les âmes aux paupières closes,

Se foutent de ma prose,

Elle rient, je suis, tu es ma chose …

SON ÂME POUR TOUJOURS …

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La Fresque de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Dans les fumées glauques des tripots flamboyants,

Dans les verts laiteux brumeux des absinthes absoutes,

Les janissaires, sous les yeux jaunes des proxénètes ondoyants,

Les hétaïres affalées, sous les graisses tremblantes des pâles puritains,

Entassés comme des veaux dans les salons noirs des abattages,

Plus glorieux que les éléphants aux portes de Carthage,

Où les navires si beaux, vomissant les rats quittant les soutes,

Quand les marins s’enfuient, ivres comme des capitaines,

De frégates en rafiots, de boutres en bars à foutre,

Jusqu’à Valparaiso la belle, en passant par la triste Beyrouth,

Les derviches flottants dansent, en toupies or not, sur les fils de l’extase,

Enfin à tous ceux, vivants ou morts, qui encombrent ma route,

Je dis qu’il est si bon de boire, à plus soif, au fleuve Amour,

Quand le soleil se meurt, ses eaux sont pur velours …

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A égorger des loutres molles, à violer les cœur des putains,

Barbares et Cathares, aventuriers, illuminés ou très saints,

Dans le capharnaüm, au cœur du maelstrom des mondes en perdition,

Des chacals aux loups, efflanqués et sanglants, sans négliger les chiens,

Dans les algues vertes des mers trop profondes, sous les glaces sans tain,

Au pays disparu, Alice, si drôle, qui rit, pleure, et dépèce son lapin,

Sous les vieilles terres grasses, trop noires, au pays des momies,

Ô mes frères, fantômes errants, de géhennes en ignominies,

Mes sœurs dissolues, exaltées, aux âmes blanches distendues,

Dans les bouges infects, les gouges, de Brest à Macao,

Sur les monceaux d’or fin, dans vos culs, enfoncés en lingots,

Sous les rafales sifflantes, les complaintes, les insultes crachées,

Je dis qu’il est si bon de boire à mourir, au fleuve Amour,

Quand le soleil se lève, le ventre de son âme, pour toujours …

RONDE COMME UNE BLANCHE …

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La De’s Feelings.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Je nage dans la crème

Qui coule de tes yeux,

Dans le fond du froid

De mon lit où nagent

Les mystères,

Je suis ce que tu dis

Que je suis.

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Au profond d’un lac

De Sibérie, elle dort,

Elle attend que la vouivre

La lâche, et la vie

Lui revienne.

Lac de Côme,

Terre de Sienne.

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Mille fois mieux

Que mes aspérités,

Sous le feu ronflant

De mon âme d’enfant,

Elle a lâché la bride,

Belle, comme ma reine blanche,

Qui balance sur mon archet.

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Sous l’arche de nos morts,

Mille fois vécues,

Dans le fond de nos yeux

Malgré les temps de misère,

De souffrance, de lie,

Comme deux têtes tranchées

Qui se sont réunies.

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Qu’importent les laves exhaussées,

Les venins, les parfums endurés,

Tant que la mort sera proche de la vie,

A l’aube, comme après que les loups,

Ont déchiré les chiens,

Tout au fond de la surface des êtres,

Elle me sauve, la mort me guette.

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Non je ne sais pas, je la laisse savoir

J’écris sans doute ce qu’elle sait.

Elle me fouette, me propulse et je jette,

Aux étoiles, aux ténèbres, au zombis,

Poudre de riz, artifices et mépris,

Ce que nos cœurs et nos fleurs enlacés,

Comme les folies répandues à nos pieds,

Et cet amour retrouvé à jamais.

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Et les silex en mille étincelles

A trancher les yeux des hirondelles,

Elle m’a dit qu’elle se fera belle.

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Tu voles, je plane et nous pleurons.