Littinéraires viniques » 2018 » novembre

SIMPLE ET PARFAIT.

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Les diamants de feu de La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Une langue de feu a léché le jardin,

A poudré de diamant la nature sidérée.

Sous le ciel bleu cruel les branches noires se tordent,

Poussent des cris muets étouffés par la glace,

Comme des os brulés elles implorent la grâce

Du cristal translucide qui tue le bois vivace.

Éole s’en est allé pousser ses alizés

Au sud de l’équateur, où les eaux irisées

Des mers de turquoise aux vagues déployées,

Moutonnent chaudes et claires sous le soleil salé.

Très loin dans les cieux noirs, au silence éternel,

La terre, pomme bleue, est toujours aussi belle.

Aux confins des espaces le temps est arrêté,

Les sphères rondes tournent, le silence éthéré,

Tout est simple et parfait.

UN LIVRE DE VIE FORTE.

La vie en rouge et noir de La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Un livre de vie forte écrit avec le sang

Bouillonnante, écarlate, éclaboussante vie

 Un sang rouge cerise, un sang neuf de printemps

Du noir sang à venir jaillissent les tourments

Dans les rus sinueux qui dévalent à l’envi

Rouge et noir s’étalent en bouquets enivrants.

Caucherêve excédé, délire de soie moirée

Dans les secrets morts nés à l’ombre des vasques brunes

Aux nuits des peurs noires, au fond des puits cendrés

Entre les corps musqués des vouivres importunes

Aux heures desquamées sonnées à la volée

Arcs-en-ciel aveuglants, artifices cinglants

Les cloches disparues des temps infatués.

MATRICIEL.

Les incréés de La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Alors ils lui dirent de se taire.

Et il se tut.

Dans le ciel obscur les ténèbres palpitaient comme une poitrine à bout de souffle, une poitrine peau d’ébène épuisée, une vieille forge à bout de braise dont le soufflet de cuir racorni ne parvenait plus à faire vivre le feu nécessaire.

Alors la surface se fragmenta, des failles s’ouvrirent jusqu’aux horizons des possibles, la chaleur suffocante déborda des entrailles, les énergies enfouies fulminèrent, le soufre incandescent putréfia l’atmosphère.

L’éclosion, l’explosion de l’utérus premier n’allait pas tarder à bouleverser les équilibres morts des premiers éléments agités depuis les origines d’avant que la vie soit

Alors ce fut comme un souffle ténu, à peine perceptible, le vent des résonances, une seule note douce.

Et lui qui n’était pas, le perçut.

Aux confins des systèmes, à l’infini des espaces galactiques, les vents furieux qui éructent, plus puissants, plus infernaux, plus dévastateurs que les plus terribles cataclysmes naturels, plus horribles que les plus effroyables abominations nées des pires consciences cruelles, sentirent monter vers eux ce soupir de presque rien.

Ils lui ouvrirent leurs vibrations et l’accueillirent.

Alors ce fut une nouvelle ère.

Le temps neuf réapparut.

Dans l’espace, les planètes incréées se remirent à tourner immuablement dans la tête de l’endormi.

Les forces changèrent et se mirent à l’œuvre.

Il faudra attendre encore longtemps avant que soit ce qui doit être.

RAS LE VERGLAS.

Les oeillets de La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Au petit déjeuner un bel œuf de basse-cour

Il n’était pas dix heures, l’heure du juste velours

De l’estomac serré qui se met à rebours

Et voilà que onze heures sonnent au clocher du bourg

Tous se précipitent, les maigres et les lourds

Ça tangue, et ça se vautre, et ça trinque tour-à-tour

Et le jaune coule à flot, c’est le bonheur du jour.

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Dans les champs désertés les oiseaux se déplument

On entend les marteaux frapper sur les enclumes

Les rues sont à la pluie, les femmes se parfument

Accrochées à leurs doigts, dans les troquets elles fument

De longues cigarettes. Sous leurs voilettes elles hument

Leurs regards volettent et les hommes s’enrhument

C’est pas demain la veille qu’ils grimperont aux dunes.

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Je me suis assoupi, je crois que j’étais las

Comme une lampe morte, et je griffais les draps

J’aurais voulu glisser, le cul ras le verglas

Me rouler dans la neige, courir à tour de bras

M’envoler en chantant et partir là-bas

Où les femmes sont belles et les enfants bien gras

Mais Newton ne veut pas et je ne vole pas.

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Je me traîne ici bas, il est bien temps que j’aille

Croquer à pleines dents la caille et la racaille

En hurlant comme un fou, que je coure et rôdaille

Le nez sur le bitume. Pauvre perce-muraille

Ferme tes yeux vairons, retourne à ta mouscaille

Jamais tu ne sauras danser la passacaille

Replonge écrivailler, tailler à la cisaille.

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Sur le fumier fumant, les œillets des poètes.