UN HIPOPPOTAME.

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Le Pedro Gonzalo de La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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C’est Pedro Gonzalo, assoupi au marais,

Ses gros yeux globuleux à demi entrouverts,

On dirait Zeppelin dans les eaux échoué,

Sur son dos rebondi, tout de boue recouvert,

Une foule d’oiseaux picorent, affamés,

Criant et jacassant comme femmes au marché.

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Épuisé par l’effort, il bâille de toutes ses dents,

Ouvre une gueule énorme tapissée de soie rose,

On le verrait très bien faisant son adjudant,

A la tête d’une troupe en uniformes grandioses,

Défilant bien au pas, une escouade d’oies,

Chantant un air guerrier. Superbes virtuoses !

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Tout autour des eaux noires, sous le soleil atroce,

Des squelettes blanchis, des chairs décomposées

Que des hyènes putrides, à coups de crocs féroces,

Affamées et peureuses, le regard aux aguets,

Avalent sans mâcher, leurs mâchoires véloces,

Dans le silence du soir, claquent à la volée.

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Mais Pedro le faraud s’en fout comme de la peste,

Il est indétrônable, au soleil purpurin

Il rêve d’horizons, d’amour et de chagrins.

Mais l’Afrique est cruelle, au son du balafon,

Sous les eaux du marais, le danger aux dents prestes,

Tapi dans les ténèbres, cache de vrais démons.

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Émile le crocodile et sa bande de lascars,

Tournent autour de lui en faisant les bois morts,

Mais Pedro n’en  a cure, d’un seul coup de tranchoir

Il couperait en deux, sans faire le moindre effort,

Celui qui oserait toucher à son peignoir.

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Sur la berge surchauffée, étendu tout son long

Un lion nonchalant, lippe morganatique,

Regarde, dédaigneux, l’aquatique ballon,

Et pousse un rugissement, si aristocratique

Que Pedro le lourdaud sent trembler ses tendons.

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Et Pedro a souri au lion inconscient.

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