Littinéraires viniques » Veneto

PAS UNE MULE, ASSUREMENT…

Bartolomeo Veneto. Lucrèce Borgia.

 

Un Chateauneuf peu connu???

Ah les Papes! En ce temps là, ils étaient malins les bougres. Belle région, beaux produits locaux. En ce temps là donc, c’était le temps de la Papauté à burettes rabattues et non pas le temps actuel du Dogme à tout prix. Certes le Pape sortait couvert mais c’était sous une ombrelle, pour se protéger du soleil. Entre les deux l’équilibre reste à trouver.

Chateauneuf du Pape, Famille Bréchet, «Gabriel» 2004.

Ce jour qui est le lendemain d’hier et donc de l’ouverture de la bouteille, le vin me remercie de ma patience. Il a pris le temps de se réveiller, de s’étirer dans tous les sens. Rien que de plus normal pour ce breuvage que l’on dit «vivant». La veille à l’ouverture, il faisait carrément la gueule et pour le faire bien comprendre, il ne se privait pas d’envoyer sous mon pauvre nez de vraies bouffées désagréables de vieux placard dans lequel un rat aurait été trop longtemps enfermé. Dans ce domaine, la «parenté» avec l’humain est patente…

Assurément du Grenache blanc dans la bouteille. Une petite recherche m’est nécessaire pour apprendre que s’y adjoignent 17% de Roussane et 3% de Picardan. J’avoue que Picardan ne me dit rien, mais à ma décharge je ne suis pas très familier des CDP en général et des blancs en particulier. Re-recherche donc qui m’apprend ainsi qu’à tous ceux qui ne le savaient pas, que ce cépage serait proche de l’Oeillade blanche, autrement nommée, Aragnan, Grosse Clairette, voire même Papadoux!!! Voilà qui me fait une belle jambe… Enfin ça tombe bien, maman coud pendant ce temps là. M’en vais pouvoir m’en régaler tranquilos. Tout bien réfléchi j’opte pour Picardan qui me plait bien par son côté «viril», «Pardaillan», «Picaresque». Encore qu’Aragnan, ça le fait pas mal non plus. Le Mousquetaire, ça a de l’allure et ça plait beaucoup aux filles. Un petit côté viril, piquant, qui dégaine pour un rien…En revanche, je laisse tomber la Grosse Clairette, ça fait vin mou et déjà que je ne suis pas trop en phase avec les gros machins baraqués de la région, cela risquerait d’outrer mes préjugés déjà sur-développés. Il faudra bien qu’un jour, ou plutôt une nuiiittt le Génie de la lampe éponyme m’initie aux subtilités des gros-qui-tâchent (c’est le cas de le dire), mais qui n’y arrivent pas toujours.

Une très discrète robe pâle, une robe de vin blanc en fait qu’agrémentent quelques reflets gris et qui accroche à merveille la lumière déclinante de ce jour presque échu…

Dans le genre «j’ai besoin d’air!!», ce CDP est l’un des vins les plus gourmands et les plus résistants, qu’il m’ait été donné de rencontrer. C’est le troisième jour qu’enfin le nez vibrillonne lorsqu’il se penche, une fois encore, sur le verre grand ouvert. Là, la bougresse se donne sans plus de retenue. Le premier jour elle s’était montrée prudente, hésitante, minaudant comme une rosière surprise au sortir de la sacristie. Quelques notes fugaces autour de la térébenthine fine, de l’encaustique de ma grand-mère et du pétrole plutôt raffiné, pas très «Golfe pas très clair». De quoi appâter le chaland. Le lendemain Margot entrebâille son corsage, pour donner un peu plus. Des fleurs surtout, plutôt Chèvrefeuille avec un soupçon de Jasmin. Alors là, qu’une femme, une rosière de surcroît, m’offre des fleurs, j’ai beaucoup apprécié. L’apothéose c’est «just now!» La rosière a pris de la bouteille et se dévoile. Jamais je n’eus pu croire, qu’elle eût eu tant d’expérience et de trésors cachés. C’est la totale. J’en prend plein le pif. Le bouquet, car il s’agit bien d’un bouquet artistiquement composé, vire au feu d’artifice olfactif. Au notes sus-citées se marient et s’enroulent des touches de violette, d’anis étoilé, de fruits blancs et d’abricot mûr. Le tout avec délicatesse et élégance.

En bouche la belle est douce mais sans mièvrerie. Sous les rondeurs de la chair, la fraîcheur est là qui tempère et équilibre le tout. Encore une fois la jouvencelle est riche de bien des attraits, mais jamais elle ne devient ostentatoire ou ne tombe dans la vulgarité. On sent derrière toute cette vitalité la qualité d’une bonne éducation. Tout ce que le nez pressentait la bouche le confirme. Fruits gourmands et épicés avec ce qu’il faut de gras pour que tout cela tienne harmonieusement et enchante le palais. La rosière qui eût aussi pu faire une aimable chaisière, tire une révérence qu’elle reproduit sans jamais se fatiguer, et laisse en bouche la trace prégnante, d’une réglisse délicate.

PS : Par souci de convenance je n’ai nulle part mentionné la présence d’une impression subjectivement minérale qui aurait œuvrée dans le sens d’une quelconque structuration du vin…

 

EGAMOBYTIGACOBYNE…

BOULAND M’A BOULÉ…

Veneto. La circoncision.

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  Encore un vin goûté le week-end dernier en compagnie du Seigneur de C…. et de l’affligeant patte-pelu. Connaisseur, le margay avait carafé le breuvage, depuis …je ne sais plus quand. A l’aveugle, comme de bien entendu et systématiquement….avec ces deux fondus…qui n’ont de Savoyard que le gosier pentu!!

Le cœur battant la chamade, le front plissé et l’angoisse au ventre, je porte le verre au nez, tire et retire sur l’appendice, cherche et recherche, les plus subtiles fragrances que le liquide, à la robe opaque, qui rosit à peine…délivre abondamment.

Sérieux comme un buveur d’eau plate, je suppute, j’analyse et compare, à l’immense bibliothèque olfactive – trop modeste, je sais – qui alourdit ma tête, plutôt légère de nature…. J’y retourne, j’y replonge, à m’y noyer le bulbe!!! Ce coup-là me dis-je « in peto » – domaine dans lequel les deux bougrasses excellent – je me vais, me les enterrer grave-à-donf, les deux moineaux!!! Le vin est magnifique de générosité et de richesse olfactive. Une pointe de grillé, du café, du cacao, de la réglisse (M…e encore un Languedoc???), de la confiture de myrtille sucrée accompagnée de notes terreuses, de poivre moulu, d’épices douces….Je reste coi, coincé même. Mais une intuition, aveuglante comme il se doit, me transperce de plaisir.

Ça y est, je sais, l’évidence même!!!

Détendu et sûr de moi, comme un radar, un quinze Août, face au soleil, vers vingt heures, du côté de Montélimar, je souris intérieurement, dans un délectable état de suffisance délicieuse. Me reste à goûter le vin….bof…pas nécessaire pensais-je, l’ego baudruché comme un Zeppelin. Mais bon, je vais attendre un peu, pour les humilier bien profond, et savourer le plus longtemps possible, le vent que je vais leur mettre!! M’en vais profiter tranquillement du nectar, dont la matière imposante et fraîche, m’agace la bouche, à grand renfort de fruits croquants. La finale est sublîîîmissime de douceur et n’en finit pas de me rouler dans la soie.

Une bouteille d’exception, “pour quand que je serai vraiment vieux” *

Le silence se fait, car la bête est belle. Je les regarde, de l’air innocent du prélat, qui vient de s’essuyer au rideau et leur lâche du bout des lèvres : Gevrey Premier Cru 2002!!!!! Le pépère reste silencieux, comme sidéré. Raminagrobis, vaincu se tait. Il a l’air assommé, KO, pulvérisé!!!! Et voilà les p’tits gars, boum, badaboum, qui c’est le plus balèze????

D’une voix douce qui ne veut pas blesser, plus faux qu’un Oscarisé qui remercie la salle, après un long silence, le grappin mité, dans un souffle, susurre en regardant ailleurs :

Daniel Bouland Morgon VV 2003!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ni fleurs ni couronnes.

 * Dédicace “spéciale Equipe de France de foot”.