Littinéraires viniques » POÈMES EXACERBÉS …

LES ÉTRANGES FIGURES.

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Salade de figures par La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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 Je suis une anacoluthe qui joue de la flûte

Une figure étrange, pas la moitié d’un ange

J’aime à ramper dans les tuyaux la fange

Et déflagrer étonner éclater en volutes.

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Je suis une ecphrasis au pinceau ondulant

Une grâce vaporeuse élégante et racée

J’aime à errer la nuit dans les couloirs glacés

Des musées éteints quand se taisent les chants.

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Je suis un conduplicateur amoureux à ses heures

Un bègue au doux sourire, comme l’âme d’un essaim

J’aime à dire à redire en sol en fa majeur

Ne faut pas foutredieu que les sourds se leurrent.

Je suis la belle paronomase, à araser

Les mots inutiles, redits jusqu’à l’extase

J’aime à serrer les fesses et à cacher limer

Le quart du tiers, voire plus encore, c’est de mon âge.

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Je suis une hypallage à brouiller toutes les pistes

Une garce polie comme un miroir brisé

J’aime à me rouler nue, à faire ma trismégiste

A mélanger les genres, les coeurs et les baisers.

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Rhétorique ma soeur tu m’as rôti le coeur

Il est temps que tu meures, voici que vient ton heure !

TES SENTES ODORANTES …

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La De et sa pieuvre-fleur.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Je plonge dans l’onde,

Entre tes fesses

Exacerbées,

Le bout de ma sonde,

A demi pâmée…

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 Ta voix se tait,

Ton corps me dit,

Sans voix, conquis,

Qu’à être ainsi pénétré,

Combien il serait ravi …

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Et ton amande

A la coque éclatée,

Fendue comme une offrande,

Sans un mot me demande

D’être à jamais comblée …

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J’irai voguer

Toutes rames bandées,

De golfes en lagons

De ton cul extasié

Au profond de ton con …

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J’aspire, mon délice,

A vivre entre tes cuisses

De paisibles instants,

A bêtifier rieur,

Lourd et pantelant …

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Le vent souffle

A ta fenêtre,

Te caresse

Et te sèche,

Tu souris …

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L’ocre de la lune,

Éclaire ta couche,

Dore tes cheveux,

Entrouvre tes lèvres,

Perlées de rouge …

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Tes hanches ondulent,

Tu gémis et trémules,

Tes mains s’accrochent,

En notes et croches,

De plaisir …

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Sur la mer de mercure,

Frémis la brise impure,

En longues risées,

Sous ta peau d’organsin,

Tremblent tes seins …

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Cambrée, partie

Dans un lointain voyage,

Coeur battant et peau en nage,

Dauphin et pelage

En silence tu cries …

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Tes mains, crispées

Sur ton ventre mouillé,

Tournent et pétrissent

Tes lèvres lisses,

Qui se tordent à pleurer …

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Volcan de vanille,

Papillon vison,

Crabes, étrilles,

Sel marin, sucre candi,

Crèment ton lit …

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Dans la lumière grise

Palpitent tes rondeurs,

Les secondes et les heures,

Et les yeux de l’amour

Annoncent le petit jour …

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Ta langue de lait lape,

Entre tes yeux de chatte,

Que le plaisir allonge,

Tu me vois dans un songe,

Et tes bras alanguis …

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 Un jour viendra mon ange

Ma petite mésange,

Ma faisane musquée,

Mon papillon melon,

Tout au fond de ton con …

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Et je croque les pommes,

Pleure comme un homme,

De rêves me repais

Entre grèves et palais,

Je m’assoupis …

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Et de mes yeux aveugles

Que nulle chair ne tente,

M’en vais, au gré de ma plume,

Promener ma voix qui meugle,

Le long de tes sentes …

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 Odorantes.

LES BELLES PLANTUREUSES.

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Les mappemondes de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Les belles plantureuses amandes mappemondes

Elles vont partout sans peur les douces odalisques

Ballons ronds dans les airs volent les vagabondes

Et je suis Pharaon au pied de l’obélisque.

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J’irai défier les tigres, combattre les éléphants

Nulle hyène ne pourra même lécher leurs flancs

Je serai là tout près caché dans les roseaux

Les crocodiles domptés dédaigneront les os.

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J’ai beaucoup voyagé, comme un pur galactique

Des fées j’ai rencontrées même des extatiques

Mais la motte en pelote, dodue et délicate

Est une pure merveille à faire bander Hécate.

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Regardez les danser, leurs hanches balancelles

Si souples, elles ensorcellent, ondulent sous la lune

Au bûcher des plaisirs elles se gavent de brumes

Leurs cheveux étincellent moites sous leurs aisselles.

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Elles se braquent, elles grondent, les belles, les girondes

Quand patraque je flanche, elles haussent la cadence

Et je crie et je pleure et je pointe la lance

Doux Jésus sur ta croix, voilà que je succombe.

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J’enrage, doux mirage, noyé sous les orages

Tubéreuses sulfureuses, amours vertigineuses

Je me rends à vos armes, à vos larmes rêveuses

Aux secrets dévoilés, plus le temps d’être sage.

VENUS MUSQUÉE …

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La Venus revisitée de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Vos yeux me regardent,

Ardents, sauvages, tendres,

Et vous me dites des mots

De sang, crus et terribles.

Je me dresse et vous donne

Plus que vous ne voulez.

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Au bout de la danse,

Vous criez miaulez,

Et vous allongez

Pour prendre ma bouche,

Longuement.

Nos salives mêlées

Ont goût de rose.

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Vos mains cherchent,

Prennent et épandent,

Sur nos corps pâmés,

Mon offrande,

Et votre jus

De sel poivré.

Dans l’espace clos

De nos ébats

Volent les parfums sauvages

De nos chairs

Odorantes.

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Je vous offre ces mots imparfaits

Jetés d’un trait

Poivré.

Venus musquée.

ME REGARDE À MOURIR …

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Sous le regard de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Je me parlerai de toi de ta part,

Lave brûlante qui me glace les sangs.

 Sur les flancs décharnés des volcans éruptifs,

 La sève hurlante de mes feux mal éteints

 Corrodent ta peau de soie.

 Je vole, cavale géniale aux doigt ourlés de sang

Qui me griffent à hurler.

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 Les hautes solitudes des cœurs voilés

 Exaspèrent les parfums lents

De tes chairs grumelées

Qui poissent mes nuits blafardes

De leurs promesses absentes.

 Sur les orbes opalescentes de tes fruits inconnus,

 Au dos cambré,

Au souffle retenu,

Je ploie, l’échine tendue,

A me rompre les reins.

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 Le jade rutilant de ton regard cruel

Me crève les yeux

Quand tu me ressasses,

 Juteuse radasse.

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 L’oeil de tigre aux lueurs méphitiques,

 Hystérique,

Me regarde à mourir …

RITON, LE P’TIT RATON.

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La De grave distroy.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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C’était un p’tit raton, les yeux comme des boutons,

Il aimait les rognons, les pommes et les trognons

Se gavait de crème fraîche, le soir dans les poubelles,

L’avait pas l’air d’un rat,il était bien trop gras,

On l’appelait Riton, ses potes c’étaient des chats,

Avec eux il jouait à s’trouer la rondelle,

A la manif pour tous, s’est planqué sous une pelle.

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Ronron le chat mignon qui s’prend pour un raton,

Tout maigre tout efflanqué à bouffer des dentiers,

Le soir il a très peur et il trouve pas son beurre,

Les matous du quartier lui foutent des raclées,

Un soir Riton l’a vu qui pleurait tout du long,

Alors il a foncé, toutes canines plantées,

Sur les poilus galeux, à les faire tous pleurer.

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Ils ont fait des enfants, le chat était une chatte,

Riton le raton à grands coups de reins malins,

Les moustaches en sueur, les yeux au ras des fleurs,

A la tache voué, à la tringle, à la batte,

Tant au soir qu’au matin à crier comme un chien,

A se crever les yeux dans un style aérien.

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Madame, monsieur, vous, au sortir des salons,

Faites donc attention en posant vos petons,

Sous les portes cochères se planquent les tigrons.

SOUS VOS PAS.

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Avec La De la terre devient fleurs.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Où allez vous comme ça à petits pas chinois

Vos hanches se disloquent on ne sait pas pourquoi

Sur le détroit d’Ormuz les oiseaux en bouquets

Planent en flammes lentes, l’azur transfiguré.

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Où courez vous comme ça quand grincent les violons

Perchées sur vos échasses vos flancs en vibrations

Canal du Mozambique les dunes en vol-au-vent

Alanguies et torrides sous le soleil flambant.

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Que tenez vous comme ça entre vos doigts de lait

Vous souriez aux anges vos cheveux sont défaits

Au large de Panama les plaines sont figées

Les arbres calcinés les Temples désertés.

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Où marchez vous comme ça à longs pas indolents

Votre corps est voilé de grands nuages ardents

Les chutes du Zambèze déversent leurs torrents.

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Où est passé le temps il est passé par là

Et les fleurs ont séché, écrasées sous vos pas

Et la pivoine pleure quand vous êtes là-bas.

LA SORCIÈRE AUX CORNUES.

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Le totem de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Ton corps sage, ton corps nichons, ton corps billard,

Dans l’ombre, dans le corset des nuits de charbon,

A foison, corps vidé, coruscant, tout tremblant,

Même la lune s’est couchée, allongée dans les eaux

Qui caressent les déesses, les drôlesses, les papesses.

La diablesse blottie, et ses fesses d’ogresse,

Quand elle couine et rapine en caressant ma peau,

Comme les arbres en forêt se balancent. Et les glands

Des grands chênes parsèment le gazon.

Sur les cimes corrodées dérivent les busards.

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Puits de réglisse, gouffrée de zan, les amants

Crèvent les bulles majuscules, les opercules,

La pluie coule, rus en foules, tourneboulent,

Dagues brûlent, piquent et pleurent, le bonheur.

Suées grasses, rires complices. Les artistes,

Mousse de lys, hagards, émus, la valse triste

Déroule, et tonnent ses accords, douce houle.

Sous les soies, sous les draps, mains serrées des glaneurs,

Fleurs des champs, myosotis, buissons de farigoule,

Un monde se bouscule, vallées et monticules,

Dans le silence bleu scintillent les aimants.

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Les cordons se dénouent, elle du corps, ce corps fou,

Tombent les cordonnets, corps de lait, don du corps,

Offrandes fragiles, ce corps sage à l’outrage,

Rêves de tison, corps ogives, si rond ce corps

Au fond des corridors, réveille toi en nage,

Cornique tu parles, oiseau pâle de Corfou,

Le corps se tait sous la cornette corsetée,

Beau corps, sous le bec des corbeaux, le corps râle,

D’âge pleure, serre les cordages en correction,

Érection fatale, le corps rôde, coeur à létal.

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La sorcière aux cornues, à tirer au cordeau.

MA LOVE ME TOO …

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Les flamboyances de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Ma louve ma Lou,

C’est si charmant, si doux,

Quand tu fais ta Love me too,

Et tu serres fort tes genoux,

Pour masquer ton buisson de houx.

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Je te regarde et suis tout fou.

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Allez, ma too, viens t-en voir,

Et boire, avide, à l’abreuvoir,

De mes yeux sableux. A te voir,

Les curés noirs, les encensoirs,

S’agitent comme des braquemarts.

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Je suis tombé sans te voir.

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Dis donc, gironde, ma ronde,

J’aime quand tu me grondes,

Blanche comme une vagabonde,

Il faudra bien que tu m’émondes

Ma fronde bandée, me refondes.

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Comme je te hais ma furibonde.

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Plus épicée qu’un cachou,

Derrière tes lunettes de hibou,

Oui mets toi donc à genoux,

Je deviens bleu comme un bantou,

Quand je me roule sur ton chou.

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Je t’emmène à Ouagadougou.

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Love me too, love me tender,

A l’aube de tous les millénaires,

Accrochés, juste fous, à nos aiguières,

Nous voguons aux confins des cimetières

Voiles éclatées, chairs sucrières.

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Et j’arrache tes jarretières.

DANS LE PUITS DES SORTILÈGES.

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Le Pan Pan de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Dans le puits des sortilèges

Sont tombés braves gens

Quelques feuilles d’automne

Sur un couple d’amants.

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Dans le puits des sortilèges

On y voit, au bout de toi,

Sous la Chapelle Sixtine

Des rois au coin du bois.

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Au fond du puits, des manèges

Ils tournent en riant

Des myriades d’étincelles

Comme les rires des enfants.

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Au fond du puits des sacrilèges

Se vêtent les cathédrales

De parures de diamant

Et de vierges en bacchanales.

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Dans les arcanes de mes rêves

Les sarabandes et le dieu Pan,

Le goût sucré des fraises,

Que croquaient les chenapans.

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Dans le brouillard de longs cortèges

De moines en déréliction,

Dans le puits des sortilèges,

Comme elle valse ma chanson.