Littinéraires viniques » 2018 » septembre

LE TIGRE LE LION ET LE JAGUAR.

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Le cirque de La De.

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Le Bengale est bruissant, le vent dans les forêts,

Les moustaches aux délices, les rayures se faufilent

A pattes délirantes, en plein cœur du Bhoutan,

Sa fourrure ondoyante, le fauve est affamé,

Le sari déchiré, sous ses griffes le sang,

Elle n’a pas pu crier, Kali gorge d’argile.

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Allongé sur la branche, le jaguar philosophe,

Les yeux entrebâillés, l’odorat aux aguets,

Il rêve de phacochères aux graisses délicieuses,

Se récite des vers, de belles et longues strophes,

Le souffle au ralenti. Ses rosettes tachetées,

Sur son pelage roux, comme des pierres précieuses.

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Sur un amas de roches, il contemple, cœur amer,

Sa crinière est plus noire que le cœur de Zemon,

La savane à la vague, le soleil est au ras,

Le lion dédaigneux, ses crocs des cimeterres,

A bâillé, langue rose, a rugi du tréfonds,

L’antilope s’est enfuie, une flèche de soie.

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Dans mes rêves de madras, je me suis enroulé,

Le tigre m’a souri, la jaguar a feulé,

Le lion endormi pas même n’a bronché.

Sur l’ambre de leurs yeux le ciel s’est reflété.

MELANCHOLIA.

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L’étrange Mélancholia de La De.

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C’est une mélancolie couleur des vieux lilas

C’est une poussière pâle qui se glisse dans mes draps

Un vieil étang ridé bordé de joncs meurtris

Et le chant des oiseaux qui se tait à la nuit

Les hérons gris salis blottis dans les taillis

Le crapaud en bouillie tombé dans le fossé

Et les étoiles s’éteignent quand un souffle exhalé

Traverse les espaces, ne laissant nulle trace.

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C’est une Mélancholia invitée par hasard

Au bal des Contes Noirs un soir de désespoir

Qui s’était déguisée en un trop fol espoir

A moins que ce ne fut un trop beau cauchemar

Mélancholia soupire, c’est une triste lyre,

Toi sale déesse tu ne sais que maudire

Tu te repais gourmande te gaves de martyrs,

A leur briser les os, les figer dans la glace.

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Mélancolie ma mie je te hais je te prie

Tu es le sang du sang blottie au fond du lit

Dans le creux de tes seins fleurit le pissenlit

Qui pousse tête en l’air sous la pierre lazuli

Sous la stèle funèbre sous laquelle un beau soir

Je n’irai pas dormir tu peux toujours sourire

Les ailes des colombes effrayées dans le noir

Mélancholia vorace, tu m’aimes à en mourir.

JE MARCHE COMME UNE OMBRE.

Sous le couvercle du sarcophage par La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Le vent cet enragé balaie le ciel figé

Comme le sang bleu perdu des siècles oubliés,

Les cyprès effilés, agités se balancent,

Indolents et muets, rythmant le temps qui danse.

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Dans les allées en croix du cimetière éteint,

Groupés en rangs serrés les tombeaux des anciens.

Sous la terre gelée, on entend grelotter

Les crânes et les os des corps abandonnés.

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Mais que sont devenus les cercles enchantés,

Ils y parlaient jadis la langue échevelée,

Le jabot prétentieux, le visage poudré

Entre leurs doigts crochus le monde gémissait.

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En ce jour de frimas, sous les dalles de marbre,

On entend le silence de leurs âmes éplorées.

Je marche comme une ombre vers le feu des enfers,

La dépouille sans vie va partir en fumée.

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Tous ceux qui vont mourir, autour du sarcophage

Exposé à la foule. Dans le bois qui l’étouffe,

Il crie sans qu’on l’entende. Le bel aréopage

Sait que la mort est là qui se rit de l’esbroufe.