BUISSON CHARLES. MEURSAULT V.V 2013.

Meursault-Vieilles-Vignes-2010-Buisson-Charles

Mon premier « Buisson » depuis le millésime 2008.

En ce temps-là Patrick Essa était encore, mais de moins en moins, bien qu’encore très affûté – un sportif vigneron. Et là, en cet Avril 2013, froid et pluvieux, voici que je retrouve un vigneron sportif. Bien sûr le temps a passé pour lui et pour moi, mais je le soupçonne de s’adonner maintenant aux footing à quatre roues, nerveuses les roues, foutrement !

Ceci n’est pas que plaisanterie amicale, joyeux buveurs qui me lisez peut-être, car – il y a toujours un car tant qu’on n’est pas en Mai(s) – cet après-midi là donc, pendant que nous dégustions (Trois hommes dont un vigneron Bordelais qui redresse « La Voûte », un passionné de la Rive Droite et mézigue, et deux femmes, l’une humant en écrivant, et l’autre qui mine de rien ne perdait ni une goutte d’or, ni un mot, et qui a pour habitude de n’en penser pas moins), car donc, le truisme éculé qui veut que les vins ressemblent aux vignerons qui les accompagnent, à mon grand désespoir, moi qui pourfend d’ordinaire les lieux communs, je suis bien obligé d’avouer qu’encore une fois, ce jour-là, ce P ! de truisme à la c !, oui je le fessecon, m’a gentiment envoyé dans les cordes.

Bien. Et le vin dans tout ça ? Non, je ne vous ferai pas le coup du roi du pif qui détaille jusqu’aux ultimes fragrances des vins, j’éviterai aussi de me lancer dans une métaphore buccale suggestive à connotations gourmandes et féminines en vous listant les fruits divers et juteux qui se cachent derrière la rigueur des vins de Patrick, en découvrant comme il convient de le faire, que la particularité des terroirs qui portent les ceps dont proviennent les grappes mûres qui, judicieusement pressées, ont, après avoir traversé les affres des fermentations alcoolo-malolactiques et reposé aux flancs des rondeurs barriqueuses taillées dans les beaux bois de France et patati et patatraque, non !

Mais je vous le dis, comme je le pense, j’ai bu les vins d’un vigneron sportif que le temps a arrondi – certes un peu mais rien d’excessif dans les courbes élégantes de cet amoureux des vins et de la vie. Je vous dis plutôt que la race est là, que l’équilibre l’accompagne, que l’élégance n’est pas en reste dans les flacons qui ont rempli mon verre, que la relance et la fraîcheur sont parfaitement maîtrisées, que le sel a caressé mes lèvres, et que cet homme là a su mettre dans ses vins cette sensibilité, aussi discrète que subtile, qui l’habite, mieux et plus encore qu’il y a quelques années.

Et pour terminer, ce billet iconoclaste, vous assurer, à genoux devant la croix de la Romanée-Conti, que les vins que j’ai dégustés ce jour-là chantaient leur terre et les calcaires de son sous-sol. Peu disert le vigneron sportif, mais chacune de ses paroles était marquée du sceau de la réflexion, longuement menée au cours des ans. Le temps a fait son œuvre.

Enfin ceci dit, je suis bien certain qu’il n’a pas perdu son caractère de … qui le faisait jadis monter dans les tours, aussi haut que son splendide bolide d’aujourd’hui. Certaines lueurs dans ses yeux, subreptices, me l’ont confirmé.

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