AU CABINET DES OPIUMS …

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Aux mystères de La De …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Elle dormait au cabinet des opiums

Tandis que j’étais loin, si doux,

A siroter un verre de rhum,

A moitié triste, à moitié saoul …

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Elle cousait de douces pelisses,

Je dégustais un bâton de réglisse,

En regardant dans la coulisse,

Le nuage de sang cardinalice …

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Elle reposait les yeux fermés,

Tout doucement elle respirait,

J’étais là, tout près, tout niais,

A boire ses souffles, à la dévorer …

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Elle rêvait, rose au royaume des anges,

Et perchée dans son arbre, la mésange

Zinzinulait, dansait sur sa branche,

Moi je pleurais, pâle comme l’orange …

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Elle brillait sous la dent du soleil,

Ses cheveux épars et les abeilles,

Lui faisaient couronnes vermeilles

Mais elle pleurait jusqu’aux oreilles …

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Elle ouvrait ses yeux mistigri,

Velours broché ou velours gris,

Au fond voguaient des secrets pris

Au cœur des amours rabougries …

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Les amours folles parfois décollent,

Se télescopent ou bien bricolent,

Des romans faux, presque agricoles

Lourds comme des bateaux-écoles …

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Au cabinet rouge des opiums,

Dans le jardin doré des amertumes

Nous boirons à tuer la lune,

Dans les bleuets et les arômes …

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Chante la nuit, pleure le jour,

Sur la rivière des sangs retours …

Commentaires
  • Boris dit :

    Tout en oppositions et émerveillement. De qui est la peinture? Je suis sous le charme.

  • Ardashir dit :

    Elle brillait sous la dent du soleil, ses cheveux épars et les abeilles, lui faisaient couronnes vermeilles mais elle pleurait jusqu’aux oreilles … et les quatre vers suivants également, les yeux mistrigri de velours broché … il ne faut pas isoler des vers, c’est rompre l’harmonie. Je voulais simplement exprimer mon admiration devant les vers que j’ai osé arracher 🙂 L’image, les femmes en métal, une oeuvre énigmatique et brillante.

  • Imane dit :

    Le dessin a enfin trouvé ses mots! Et les mots sont comme les effets sur les masques martelés! Ravissant partage. Il y a de la force dans tout cela!

  • Paul dit :

    Christian, tu progresses de façon exponentielle. Le dessin pourtant déjà vu, résonne, bouge, les mots le font palpiter. Quand la rencontre doit se faire, elle est inéluctable.

  • FMarie dit :

    Je ne sais pas si je suis plus touché par la Callas ou le cabinet des opiums, deux échanges entre deux personnes très douées, ça remplit le petit mec que je suis 🙂

  • Astrid dit :

    Délicatement rythmé.
    Et des images de plus en plus finement ciselées.

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