RAS LE VERGLAS.
Les oeillets de La De.
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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.
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Au petit déjeuner un bel œuf de basse-cour
Il n’était pas dix heures, l’heure du juste velours
De l’estomac serré qui se met à rebours
Et voilà que onze heures sonnent au clocher du bourg
Tous se précipitent, les maigres et les lourds
Ça tangue, et ça se vautre, et ça trinque tour-à-tour
Et le jaune coule à flot, c’est le bonheur du jour.
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Dans les champs désertés les oiseaux se déplument
On entend les marteaux frapper sur les enclumes
Les rues sont à la pluie, les femmes se parfument
Accrochées à leurs doigts, dans les troquets elles fument
De longues cigarettes. Sous leurs voilettes elles hument
Leurs regards volettent et les hommes s’enrhument
C’est pas demain la veille qu’ils grimperont aux dunes.
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Je me suis assoupi, je crois que j’étais las
Comme une lampe morte, et je griffais les draps
J’aurais voulu glisser, le cul ras le verglas
Me rouler dans la neige, courir à tour de bras
M’envoler en chantant et partir là-bas
Où les femmes sont belles et les enfants bien gras
Mais Newton ne veut pas et je ne vole pas.
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Je me traîne ici bas, il est bien temps que j’aille
Croquer à pleines dents la caille et la racaille
En hurlant comme un fou, que je coure et rôdaille
Le nez sur le bitume. Pauvre perce-muraille
Ferme tes yeux vairons, retourne à ta mouscaille
Jamais tu ne sauras danser la passacaille
Replonge écrivailler, tailler à la cisaille.
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Sur le fumier fumant, les œillets des poètes.