LES CHÈRES BOUCHES DES BOUCHÈRES…

Mâcon. Le pont la nuit.

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Ah les amuse-bouches qui mettent l’eau et les mots à la bouche, les bains de bouche qui jamais ne feront oublier les baisers soyeux des chères bouches des âges tendres si mûrs, des rencontres fulgurantes, des serments éternels murmurés le cœur en bandoulière, mais que chassent les vents mauvais des amours fortes au creux des portes cochères et des parkings déserts… La douleur térébrante qui cloue le papillon fragile au liège grumeleux de ses espoirs déçus, comme le sel sur la plaie vive, vous réveille un jour que vous n’attendiez pas. La chère bouche comme une bouchère cruelle vous lacère et vous débite en tranches vermillonnes. Ne restent que les mots morts, les regards mouchés comme autant de bougies rassies et les souvenirs odorants des draps froissés.

Décidément me direz vous, ça ne s’arrange pas!

Mais si, mais oui!! Car le vin frais qui roule dans ma bouche ne ment pas. Les chères bouches de Meursault se donnent sans détours comme un bain de fruits frais…

On pourrait consulter les grimoires, fouiller les archives, questionner les anciens, gloser à n’en plus finir sur l’origine du nom de ce climat. En bref, il semblerait que Bouchères vienne peut être de Borchères, Boucherottes, Bouchot…Buisson. Voilà qui tombe bien!!! C’est donc justice que le Domaine éponyme travaille ce premier cru, au nom porteur de tous les amours et tous les plaisirs, du sang lumineux de la terre, aussi.

Le vert bronze des feuilles d’Août marque l’or de la robe du vin, limpide comme le regard clair d’un enfant qui joue.

Ce 2006. Le nez s’y plonge, gravement et ne le regrette pas. La fleur de l’acacia l’attend et l’amande l’accompagne. Les fruits ensuite, la poire, la mangue légère, une touche subtile de raisins secs, mais surtout les écorces d’agrumes, confites qui dominent le bouquet. Tout en haut de l’inspiration, la réglisse, l’anis, le poivre blanc un peu et enfin.

Vient la rencontre avec la bouche après que le nez soit rassasié. L’offrande est conséquente, la matière est dense, concentrée, crémeuse un peu, tendue encore. C’est à pleine bouche qu’elle vous embrasse, qu’elle vous envahit. Puissance généreuse, équilibre de funambule, ronde et glissante comme un plaisir en boule. Les écorces confites encore, qu’enrobe un gras glissant dans un paroxysme doux et frais à la fois. Un vin à mi-chemin entre l’exubérance et la rigueur cistercienne, entre le Meursault des plaines grasses et l’épure ciselée des coteaux où affleurent les cailloux. C’est en longueur, à la finale que le vin le dit. Quand il se dépouille à n’en plus finir de sa chair pour livrer le cœur aride et coupant de sa substance ultime, finement salée, comme un citron maghrébin dans son bocal.

 

Trackbacks Commentaires
  • “Quand il se dépouille à n’en plus finir de sa chair pour livrer le cœur aride et coupant de sa substance ultime, finement salée, comme un citron maghrébin dans son bocal.”

    Poésie pure…
    Pas facile de prendre la parole après cela! Le silence dans les commentaires après ton texte est peut-être celui des lecteurs partis en voyage sur tes mots…et ils reviendront pour te lire à nouveau 🙂
    François

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