LE MARATHONIEN DE MOREY…
Henri Bellechose. Rétable de Saint Denis.
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Souvenir de mon passage à Morey chez Alain Jeanniard. Affûté comme un athlète de haut niveau, l’homme est discrètement chaleureux. Dans une cave microscopique où chaque déplacement de fût, nécessite la consultation d’un Polytechnicien Centralien, sorti Major des Mines, tant cela paraît relever de la quadrature du tonneau…Enfin bon, le bougre y arrive, avec ses bras et ceux de ses amis, lesquels, ont sans nul doute, droit, l’affaire étant faite, de déboucher un flacon ou deux des meilleurs crus… Me voici, coincé entre deux Canadiens, enthousiastes, rieurs et connaisseurs. Très vite, l’ambiance vise à l’amitié, qui s’installe d’ordinaire, entre ceux qui n’ont besoin que de boire une même passion, pour s’apprécier. L’après midi fut belle, simple, intense, joyeuse.
Aujourd’hui ce souvenir me traverse, comme un train fou, rouge du plaisir d’alors…
C’est entre rubis et carmin, que la robe intense de ce Gevrey Premier Cru “En Chenevery” 2006, balance.
Ah ces nez crémeux que j’aime!! En voici un qui mêle allègrement – car j’ai trouvé ce vin élégamment joyeux – de beaux fruits rouges, framboicassis, merise et son noyau, un soupçon de fumé, prunelle. Le tout très pur.
Il faut savoir que les parents de ce jus soyeux, sont le produit d’une étreinte torride, entre l’oolithe blanche du Bathonien et le calcaire à entroques du Bajocien !!!
Tu parles d’une origine qu’elle a de la gueule…
Quand le Bathonien se glisse dans l’entroque, plus un cep ne la ramène, les coteaux sont muets et dans la nuit des vignes, l’extase est à son paroxysme. La bouche, la mienne, accueille une matière glissante et fraîche qui roule sur le palais, délivrant au fur et à mesure, tout en montant en puissance, les promesses faites au nez. Équilibre et pureté. Équilibré, comme un Morey, entre un Chambolle et un Gevrey, comme une crème douce, entre une chantilly et une pâtissière. Pour un enfant de vieux… les vignes ont 80 ans!!! Me souviens plus des tanins, tant ils étaient fins, à peine perceptibles, au bout du bout d’une finale fruitée et épicée, longue comme un jour sans seins.