L’OISEAU DE PARCHEMIN.
L’oiseau de La De perd ses plumes.
Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Terriblement rigide l’oiseau de parchemin,
Violemment perfide sur les eaux immobiles.
Prudemment allongée sur un sofa timide,
Tristement elle songe aux temps anciens volés.
Rudement molestée, assassinée,flambée,
Patiemment elle pense, oublie le volubile,
Abominablement seule, la foule des chagrins,
Acharnement stérile et les regards humides,
Larmoiements en bataille et les poignets noués.
Allégrement s’en va, le tarmac est désert,
Bouleversement des sens, au pied la pyramide
Accroissement, les angles et tous les os brisés,
Si rudement conquise, le coeur en cantabile.
Au cambrement des reins pliés sous le fardeau,
Candidement elle chante un air en fa mineur,
Et bravement elle dit des mots hauts en couleur,
Sordidement la vie a tiré les rideaux.
Furieusement cinglée par les vents désirés,
Déchirement léger des soies encore sauvages,
Grésillement, la peau et les cris dentelés,
Glissement et soupirs, croisements et ravages.
Très gravement penchée sur le vélin du temps
Le crissement acide des pinceaux empalmés,
Les grognements grondés retenus si longtemps
Et les soupirs fugaces des colères embaumées.
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Fourmillement des sens, embrasement des peaux.
Subtilement et irrémédiablement émouvante.
… Et vole l’oiseau.
Antithètique et fou. Force des évocations dévastatrices et créatrices, j’aime beaucoup l’ensemble. J’y trouve tellement de vie!
Comme je ne m’attends jamais à ci ou ça, j’ai la surprise à chaque partage et j’aime ça avec vous. La profusion des adverbes et noms avec ces mêmes sonorités pourrait être “lourd” mais pas du tout, c’est presque incantatoire je trouve. Et l’oiseau passe le mur et secoue les mots, lui vole ailleurs. 🙂