QUAND TOMBENT LES GRAPPES …
Quand La De fait sa corrida.
Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Sur les gradins des arènes de Béziers,
Les américaines, chaudes comme des brasiers,
Applaudissent, leurs mains qui s’échappent,
Hystériques, quand tombent les grappes,
Sous l’épée du toréador à la jolie cambrure,
Sur sa cuisse glisse le sang comme une parure.
Au surplomb, Hemingway tète son canasse
Il sourit de voir ces renardes, ces chiennasses,
Lui, le rougeaud, qui ne suce pas de la glace,
Il sent, poils hérissés, que sous leurs jupons,
Sourdent les jus gras et brûlants de leurs cons.
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C’est au centre aveuglant du cercle magique,
Que virent et voltent ces sombres noces sacrées,
Qui voient le ciel, coulant comme une fournaise,
Flamboyer à la fine pointe, cruelle de glaise.
Quand le torero dans son habit, son glaive
Sent au profond de ses os les puissances telluriques,
Qui font s’écrouler la bête et bêler les Texanes.
Le soir elles se cambrent, visages de mantilles,
Teint de vanille morte, et culs gantés de blanc,
Elles supplient et implorent, les mains lourdes de tian,
Que plonge dans leurs pétards, le dard du tueur achalant.
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Accrochées au flambeau du matador flambant
Prêtes à avaler sabres et banderilles,
A hurler, griffer, branler, lâcher leurs trilles,
Croquer les fleurs de leurs désirs ardents,
Qu’il plante, les insultant, dans leurs flancs.
Et les voici qui halètent, branlettes, les starlettes,
Quand Hemingway, plume trempée dans le bourbon,
Ivre d’alcool, de folie, de rumeurs, triste bouffon,
S’esclaffe, barbe de dieu et lèvres en feu,
Solitaire et déflagrant. Dans la nuit qui s’éternise
Il couche sur le papier ce feu qui les attise.
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Sur le sable blanc, joyaux de soleil et de sang,
Tombent les fleurs, les foulards sous le vent,
Ronde belle, affriolante, pantelante et ravie,
Ma toute mousse, ma louve aux yeux alouvis,
Ta griffe, ma superbe, descabelle mon cœur.
Tatalalata!!! Olé!!! Super Christian!
Quel animal poétique inattendu! 🙂 Très fort, très très fort! La couleur et le mouvement déposés par celle qui dessine, de la bombe!
Hemingway doit apprécier, les mots, l’image, la folie, l’intelligence.
La Hollande vient de prendre 20 degrés d’un seul coup en découvrant ce cocktail déjanté! A relire et regarder longuement, tant de choses, trop de choses presque!
Entre Vishnou et Hemingway, la corrida et les américaines en chaleur, j’ai l’impression que les mots dansent sur mon écran et que ce putain de dessin va m’avaler! 😀
Fauve(s), fauve est le poème, fauves sont les êtres qui s’y trouvent. Des fauves, magnifiques.