À LA SAISON DES BOUÉES CANARD, ACHILLE SE BARRE …

Fredrick Leighton. June.

En files ininterrompues, les GNOUS ! Houhouuu.

Entrent en transhumance. Sur le bitume trempé par les pluies de cet été, saison capricieuse que seuls les Gnous croient immuablement torride – à Dieu ne plaise qu’un jour ce soit le cas -, entassés dans leurs coques de métal étroites comme leurs idéaux, harassés par la course sans espoir à la consommation débridée, ils bringuebalent – accrochés aux certitudes high-tech, aux consolations virtuelles gadgétisées – vers les lieux supposés des dépaysements, vertes prairies de la Creuse profonde, provinces perdues au fond des bois, campagnes en bouses épanouies, beuh à gogo et flots encore bleus. Ils se ruent en cordées incertaines, les queues font leu leu, aux flancs dégradés du Mont plus très Blanc. Qu’ils escaladeront, vagues de fourmis voraces, vers ces sommets qui aimeraient tant qu’on leur foute la paix ; déposant au passage leurs ordures en guirlandes délétères sur les Edelweiss fragiles. Arrivés au sommet, serrés comme des sardines dans l’huile de leurs sueurs acides, ils respireront l’air pur des cimes, s’extasieront, et s’exclameront devant la beauté altière des paysages en perdition : « Décidément, nous sommes peu de chose », tout en se rengorgeant.

Renifler le cul des vaches, une poignée ira. S’extasier devant les petites fleurs, flâner le long des sentes, respirer le bon air plus très pur de nos vertes campagnes, ils aimeront. Vitupérer sur les Centrales, le soir ils oseront. Soulager leurs consciences, ils tenteront, puis s’en retourneront bien vite arpenter les boulevards des villes et les cavernes d’Ali Baba, cœur léger et soif intacte. Les marchands de rêves frelatés sourient, le temps de leur disparition n’est pas venu …

D’autres, moins aventureux – la majorité – débouleront – bouées canard sur-gonflées, hanches grasses comprimées en bourrelets d’hiver exhibés – sur les plages paradisiaques des littoraux bétonnés. Aligneront leurs serviettes multicolores, gigantesque puzzle entropique, effrayant les sternes graciles, qui déserteront l’azur pour se vautrer dans les miasmes purulents des ordures publiques écrasées en décharges puantes. Longues journées, allongés, immobiles, en mode barbecue humain, épidermes aux pores encrassés tartinés d’huiles odorantes, puis lentes déambulations en bandes organisées entre chien et loup, culs sablés, pieds salés, à se gaver de glaces molles et de boissons collantes, suivies soleil éteint, de copieuses orgies de pizzas surgelées, arrosées de rosé glacé arraché aux linéaires dévastés des supermarchés bondés. Enfin très tard, sous la lune qui rit, ils s’entasseront, quittant la nuit noire, dans les temples sinistres des marchands de musiques affligeantes, agitant leurs chairs flasques dénudées au rythme binaire des musiques primaires. La fête battra son plein, cœurs volages à l’unisson (sic !) , tous poils dressés, poisseux et survoltés. Au petit matin, ils s’efforceront, d’engendrer les enfants de l’hiver …

Encenseront Guetta en adulant Ibiza.

Apocalypse Now ! Et pour deux mois !

M’en vais quand même pas embarquer Achille le fragile dans cette galère ! Alors le garde au chaud de sa matrice d’amour, et le laisse au repos. Qu’il prenne le temps, son temps, celui de la maturation lente et humble des bons vins, pour revenir hanter au début de septembre les pages désertes des plages d’écriture. Tenter de donner au virtuel un peu de chair, donner un peu de plaisir à ses douze lecteurs. Dans le Jardin des Hespérides, il se délecte des pommes d’or des femmes en extase, toutes disparues. Il contemple Phoebus du nadir au zénith, et se dore aux lueurs vermeilles, aux lait des pivoines rouges, aux piments incarnats de ses couchants toujours renouvelés. Dans la sépia des seiches nuiteuses effrayées par les bruits fous du monde, il trempe sa plume aiguë et rêve aux ailes duveteuses des anges en maraude céleste.

Il sourit aux lèvres douces des baisers inaccomplis,

Aux regards de jais des belles qui se refusent,

Aux courbes tendres des hanches inabouties,

Au babil enivrant de sa muse …

Dans l’humus des mots il plantera sa fourche,

Attendant que viennent les jours nouveaux …

Bon ben c’est pas tout ça, fini de mentir, je vous laisse les gens, je pars à Saint Trop, faire ma cure Nature à la Voile Rouge et prendre mon bain de champagne annuel avec mes potes les winners …

EMENODORTICMIEONE.


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