AU CAFÉ ANDALOU.
La De fume la chicha ?
Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Au plafond tout noirci, la fumée des chichas
En volutes épaisses tourne toute la nuit
Aux mille jours dorés, au travers des tumultes
Les grandes invasions ont déferlé là-bas
Les barbares et les turcs, sauvages en djellabas
Égorgent l’odalisque et ceux qui vont au culte.
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Un vieil homme, nu sous ses rides de cendres
Dans son regard aveugle dansent les nuages
Sur sa peau de lézard, il n’est plus qu’une orange
Morte au soleil d’orient. Les larmes opales
Des souvenirs perdus roulent en vagues lentes
Comme les notes de l’oud le soir au creux des ombres
Mais l’oued est à sec et ses yeux ont fondu.
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Sur les miroirs noircis, l’histoire a déposé
Les pleurs en cascades des femmes éplorées
Les roses ont fané quand le sang a jailli
En geysers si brûlants qu’un oiseau paradis
Qui planait innocent au-dessus des mosquées
Beau comme l’amour que les anges exaltent
A péri enflammé, un coeur noir de basalte
Et son cri bleu persan a fait trembler les cieux.
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Au café Andalou le temps s’est retourné.
Temps à rebours, à fumer yeux clos, une main caressant ce narguilé comme un bijou rare qui va disparaître, trop vite…
Dans certains lieux, en des moments clos et embrumés, au milieu de l’agitation, le temps s’arrête et les images défilent.
Les strates du temps dans la fumée envolées. Et un narguilé comme une invitation à l’oubli….