ESTAMPES LIÉES.
La De fait sa Bacon.
Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Îles longues aux cimes apaisantes
Moines psalmodiant dans les encens brûlants
Cuirasses de tatous et aigles cris planants
Fujiyama sacré au dôme crémé de blanc
Éternelles épures des estampes de grège
Moi je ne bouge plus enfoui sous la neige.
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Dans les lointains brumeux des silhouettes s’agitent
On entend et le vent et le souffle des bêtes
Parfois entre deux arbres on voit passer des têtes
Et des casques noircis et des âmes qui palpitent
Les katanas balancent et taillent les entrailles
Ils galopent en hurlant raides, les samouraïs.
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Dans les maisons de thé à petits pas légers
Entre les tours violentes les geishas sont blessées
Ils ont brisé les murs les papiers déchirés
Gisent en lambeaux longs cheveux noirs en fumées
Alors les samouraïs poussés au désespoir
Leurs genoux mis à terre leurs yeux devenus noirs.
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Le silence est tombé sur les flambeaux éteints,
Les geishas éplorées aux grâces de satin,
Sur leurs visages blancs s’affiche le dédain
Et leurs yeux sont fermés leurs paupières sont de lin
Les guerriers arrêtés leurs visages opalins
D’un geste de la main ils ont crevé leurs seins.
Papier de soie et métal des sabres, l’esprit des brumes, magnifique
Esthétique des images ancestrales et réflexion dure sur ce qui fut, ce qui est, ce qui sera. Feutré et métallique, poème fluide. Dessin figé comme une âme explosée. J’adore ce dessin.
Nuances laiteuses, soies colorées éteintes. Cris avalés par les brumes. C’est tout un monde qui est tué sous nos yeux. L’illustration rayonne.
J’adore cette poésie, extrêmement visuelle et mélancolique.