Littinéraires viniques » 2019 » mars

UN PAPILLON GIVRÉ.

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Le papillon givré de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Roulement de tambour, y’a d’la joie où y’a d’l’amour,

Et le verre fracassé, et la foudre et le vent,

Un mélange étonnant te fouette les sangs.

Dis moi que le matin quand ça sent la vanille

Quand à l’aube du jour, chantent les oiseaux moqueurs,

Les amants, les juments aux croupes de diamant

Qui croquent le destin, qui se brisent les flancs,

Affalés et meurtris dans leurs lits d’organdi,

Te crachent à la figure des brassées de fruits mûrs,

Te chantent des arias, très beaux, très délicats,

Te caressent les seins quand ton cœur est trop plein.

Les oiseaux dans le ciel font des rondes ardentes,

Ta chambre est un jardin peuplé de coccinelles,

Une licorne aveugle te regarde sans te voir,

Une plume de paon frôle ta peau qui ose,

Et tes souvenirs glissent comme une pluie de riz

Qui craque sous tes pas

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Un papillon givré, écrasé sous les ongles

De tes pieds insouciants. Ses ailes arc-en-ciel

Immobiles et raidies, à jamais ont pâli.

Tu cours sur les nuées, à gorge déployée,

Les nuages vidés de leurs pleurs damassés,

Les forêts déployées comme des mâts dressés

A la face du ciel aux courbes délicieuses,

Ont ri de te voir nue, toi la superbe gueuse,

Deux passants égarés sur tes landes fleuries,

Sont devenus fous, ton cul les a damnés.

Une sorcière éteinte à force de brûler,

Sur les bûchers des temps, par les hommes embrasés,

Et sa langue de feu, et ses yeux de démon,

Crient de toutes leurs veines. La torche de ses cheveux

Éclaire la grande nuit des vierges sacrifiées.

Là-bas au crépuscule des paupières calcinées,

Ton chant, miroir brisé.

SUR LE BASSIN MÉDITÉRRANÉEN.

Au bord du bassin.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Elle avait le bassin méditerranéen.

On y trouvait des dunes des courbes et des ombres

Des plages et des embruns des havres et des escales

J’aimais m’y enfouir m’oublier corps étreint,

Faire briller l’arc-en-ciel en chassant la palombe

Tomber en pâmoison mourir en bacchanale.

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Elle avait des seins comme des enivrements

A y perdre ses vies à prier sous la croix

Les filles en organdi et les filles de foi.

A se gaver de lait de pain et de froment,

Quand au soir d’un matin j’y croquais sous sa loi

La fleur et son bouton attendri et dément.

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Elle était un brûlot chargé de baies sauvages

Aux chevilles de verre chaudes comme des tisons

Des cheveux de miel lent à couler les navires

A dresser les démons, les sylphes et les mages.

Les hommes étaient au feu et Vulcain à sa forge

La terre convulsait à la vue de sa gorge.

Dans la savane aride se taisent les lions

Dans les steppes mongoles deux collines chavirent.

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Et moi je deviens fou, j’ai perdu la raison.

ET LES SABLES ABOUTIS.

Immémoriales.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Les cheveux lents des chevaux fous, lancés comme des trains effrayants sur les crêtes écumantes des grandes déferlantes

qui tombent comme des rires tonitruants

sur les sables dorés des grèves

désertées.

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S’étalent, dévalent, envahissent, emmaillotent,

emprisonnent, entre leurs doigts d’algue verte, les cailloux roulés,

descendus comme des trains d’enfer des sommets

inaccessibles qui surplombent depuis des millénaires les eaux tumultueuses.

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Et les sables aboutis, poudre de roche, impalpable comme le temps

qui s’enfuit entre les doigts gourds des humains

 malhabiles.

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Ils regardent les pierres lavées, roulées, usées par la patience des eaux et des temps, de leurs yeux désabusés par

les trop fades fausses évidences de la vie qui

s’enfuit.

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La grève est vierge comme une courtisane repentie, elle tressaille

sous les caresses intimes du soleil incandescent, elle prend des teintes pastelles, celles des joues des jouvencelles

quand le printemps leur caresse

le ventre.

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Les vents tournent comme des toupies impalpables, fouettent les sables qui giflent les filles hardies aux jupes sauvages

et les garçons sont d’impatients roseaux

qui rongent leurs jeunes ongles

au sang.

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La vie passe, trépasse et les sables demeurent.