Littinéraires viniques » 2017 » novembre

ALLONS PAR QUATRE CHEMINS.

Quand la De fait son Aztèque.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Étrangement ils me sourient, et leurs médailles

Épinglées aux poitrails de leurs destriers –

 Le sang coule sur leurs flancs – battent et se chamaillent.

Tous les fiers chevaliers aux yeux exorbités.

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Allons par quatre chemins qui ne mènent à rien,

Voir si mal ce qui palpite au fond des âmes,

Cueillir les fleurs béantes des jardins disparus,

Boire à la source impure des géants et des nains,

Recommencer – que cela ne cesse – encore,

Toujours, de l’aube au creux des nuits de seiche,

Quand Zemon, apuré, se bat contre les ombres,

Les siennes, les miennes et celles des terres

Foulées, meurtries,par les guêtres et les êtres,

Les quatre chemins des destins, moins que rien.

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Du bien haut des cieux que rien ne retient,

Tombent en grappes molles les âmes en essaim,

Abeilles aux corps légers, vibrations de cristal,

Nul ne voit jamais ; ils ne pensent qu’à dévorer

Les petits hommes outrés, poudrés, enflés, comme

Les blés couchés sous les orages, si violents

Que les femmes accouchent, douleurs des morts-enfants.

Mais au-dessus des colères en épaisses coulées,

Au cœur rouge de la terre, au fond des enfers,

Tout là-haut, près des dieux, des anges et des heureux,

Se rejoignent bien au-delà, seins ennuagés,

Courbes délicieuses, la douceur des peaux,

Les ombres cachées, creux de l’aine, boules de vie,

Lumières voilées des amours tendres dévadorées.

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Amandes douces, le jus coule sur la mousse,

Quartiers tranchés, cols coupés, zeste de rousse,

Tissus au vent, zéphyrs marins, dansent les reins,

Caps venteux, détroits ombreux, foutre de roi,

Là, sur les draps brodés, des corps comme du lait,

Enlacés, emmêlés, serpents, écailles dorées,

Le soleil a passé, de l’aube aux yeux fermés.

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Tout est faux qui tranche tout ce qui sonne vrai,

Viens t-en là, toi, et traverse en riant les rais

Des soleils éteints sur nos vies dépassées …

UN SOIR D’ORGIE NOIRE

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Quand La De avance masquée.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Il a couru sur les pierres de couleurs vives,

Il a senti le vent, les feuilles envolées,

Le ciel a déployé ses charmes et ses nuées,

Sur les volcans calmés quelques âmes de givre,

Tournent et voltent, solitaires, dures, ignorées.

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Dans la plaine déserte les blés mûrs sont coupés,

Sur les os décharnés, naguère, rondes les filles,

De leurs regards fuyants aguichaient les garçons,

Elles dansaient légères, et leurs rires en trilles,

Affolaient les pinsons et les merles aux yeux blonds.

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Mais ses pieds sont en sang, à force de traîner,

De Rome à Zanzibar, il a usé ses guêtres,

Accumulé l’avoir, à oublier son être,

Il a connu des reines, des filles et des reîtres,

Il a chanté, violé, s’est repu, a tué.

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Il a connu Antioche, la vraie Jérusalem,

Les cimeterres tranchants, et même Mathusalem,

Les fastes de l’orient, les misères du Népal,

Sardanapale le fou et Gengis aux yeux pâles,

Mais lui manque Daphné et son regard d’eau verte.

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Il est mort mille fois sans même regretter

De l’avoir oubliée. il l’avait éventrée

Un soir d’orgie noire, au bout du désespoir,

D’un coup de dague folle, puis il avait pleuré,

Les ailes repliées, comme un oiseau blessé.

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Il a chassé les buffles, encorné des bisons,

A dévoré les biches, a tué des derviches,

Qui tournaient, ivres, tout blanc, comme des lys coupés,

A prié tous les saints, a fumé du haschisch,

Sur les hauteurs du monde, il a occis Créon.

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Zoroastre, Buddha et Ahura Mazda,

Et tous se sont ligués, ont voulu son trépas.

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Dans les enfers des mondes, pour toujours exilé

Zemon, Gilles et Adolf lui tiennent compagnie

Ils ont les yeux crevés, les entrailles vidées.

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Mais ne souriez pas, un jour il reviendra …