AU NORD C’EST JIMI GEVREY!!!

Jimy’s fan…

 Les temps sont durs pour les gourmands, les buveurs de bon, les fans de rock et les renifleurs sensuels…

Impossible de se taper la cloche, sans que la nuit suivante, ne t’envoie au pays des cauchemars coupables et horribles, auprès desquels les joutes politiques les plus insanes – ces jours-ci n’en manquent pas – paraissent chœurs angéliques éthérés. Pourtant qu’il est bon de se taper sur le bide, pour la petite musique aqueuse qu’il émet. Ah, accompagner les riffs gutturaux d’une Fender râpée à l’acide, de battements puissants – en rythme por favor – comme des tablas sur les tablettes, est une forme d’érotisme rare… Comme une ode vibratoire, dédiée à la montée de tous les obélisques, qui immortalisent les victoires passées et celles à venir. Les trépidations des muscles te résonnent dans les entrailles, et jusqu’au bout de l’essentiel. Tu te retrouves comme un derviche, enroulé dans l’incantatoire, que scandent tes fibres les plus intimes.

Oui mais, si tu veux te faire ta petite graisse de «raisonnance», façon tambour de garde champêtre, genre djembé griot dreadlocké, manière tambourin arlequin, ou style grosse caisse comices agricole, t’es bien obligé de donner dans le j’m’empiffre à l’ancienne??? Et ben non, histoire d’échapper aux interdictions médicales, aux diktats de la mode occidentale, histoire de déroger aux «t’as pas le droit de mourir», je te conseille le cataplasme Charentais!!!

Rien de plus simple.

Le soir au coucher, hacher menu deux bons kilos de rillons de porcs, pétés de lard. Les délayer à l’huile d’arachide pure. Laisser mariner une bonne heure, en touillant régulièrement. Puis à l’aide d’une spatule en bois bio, se recouvrir très généreusement les tablettes de chocolat, de la mixture ci-obtenue. Bien serrer le tout, sous une bonne bande velpeau épaisse. Se coucher sur le ventre (le tien), t’endormir du sommeil épais de la bonne conscience gastro anatomique, au moins douze heures. Résister aux remugles pestilentiels, qui ne manqueront pas de t’assaillir insidieusement, la nuit durant. Ça ne sera pas de la tarte, mais il faut savoir souffrir pour être laid… Remettre le couvert trente nuits, durant sans faiblir. Le résultat est au bout. Quel bonheur que ce beau bide tendu, au nombril profond, luisant et pâle, comme le teint maladif d’un cancérologue en bonne santé, et qui s’étale, se répand, et déborde voluptueusement, sous tes yeux rougis, qu’ont dessillé les triglycérides volatiles de tes nuits laborieuses!!! Elles sont là tes tablas indiennes, rondes, dodues, tremblantes, émouvantes… Tu te mets un bon Clapton de trente ans, et tu rythmes «Layla» comme un malade. Ta prise de sang, vierge de toutes traces de cholestérol, pliée en quatre sous le pied de ton fauteuil en skaï, prouve, à qui voudrait bien la lire, que t’as l’aorte aussi clean, que le tunnel du Mont Blanc refait à neuf. Que t’es aux normes, insipide, et politiquement correct.

Là, tu constates, atterré, que le son c’est pas ça, ça claque trop sec. Manque le petit côté liquide de la caisse de Ginger!!! Nom d’un cochon, tout ça pour rien??? Que nenni de porc!!! Dehors ça tombe en trombes, ça crépite sur le sol sec, qui se gave, et remercie en fumant. Sous le bitume, on entend la terre, qui aspire goulûment l’eau de vie, que le ciel généreux déverse. Merci la Nature… Eurêka!!!.

« Alors, on dirait que t’es le sol, que t’as soif et que t’as pas d’eau… »

Heureusement que le Jérôme Castagnier de Gevrey, t’as vendu, pas cher l’année dernière, son Gevrey 2006. C’est du jeune qui doit pas se boire, qu’ils disent, mais bon, ils le sauront pas. Et puis c’est pour la musique, alors circulez y’a rien à boire. Sous ta peau distendue, la compote de rillons applaudit de tout son gras. Tu vois que ça bouge de joie en dessous, comme si t’attendais un cochonou tout doux, après t’être fait explosé par un énorme verrat en rut, quand la dernière nuit de ta cure de graisse, t’as fait cet insoutenable cauchemar, où tu ramassais des glands, la nuit dans la forêt avec ta copine le Chaperon rouge…Sûr que le Gevrey va bien te mouiller le lard, et que ça va sonner onctueux après. Layla énamourée va aimer, elle va t’appeler Ginger, quand tu lui taperas sur ses «Cream» de fesses.

Dans le verre, le vin est rouge, incandescent comme les lampes d’un vieil ampli, après quatre heures de concert à donf, sous les griffes d’un Jimi en surdose, qui triture la bannière étoilée. Tu sens que le flamboyant va suivre… Le liquide est à peine gras, qui s’accroche comme l’alpiniste sans crampons, aux hautes parois lisses du Mont Riedel. Sous la lumière rasante qui perce l’orage comme un laser rageur, Gevrey exulte. Toi aussi. Le rayon aveuglant s’éteint d’un coup, laissant au cœur du vin, la puissance concentré,e d’un soleil de sang de taureau miniature. Non t’es pas à Chambolle, ni même à Morey, c’est le NOOORD, ça envoie, ça te bourre le mufle direct. Des fruits et des fruits, rouges eux aussi. La vanille du bois subsiste, et civilise un peu tout ça. Puis les épices, le poivre et la réglisse renforcent encore l’impression brute, voire sauvage, du début. La marmelade de goret claque du bec, impatiente et vorace. Alors t’obtempères. De prime abord, ça ressemble à du mine de rien. Le jus roule sans un mot, juste frais, un peu péteux, comme désolé, autiste. Mais t’as la langue chaude, c’est pas d’hier. Le palais brulant, et la papille qui sait y faire avec les timides. Immédiatement, en moins de temps qu’il ne faut à Janis pour cramer un rail, tu sens qu’il y en a sous la jupe. En une nano seconde, le vin choqué par l’air et la chaleur moite, se rétracte, comme l’huitre sous la lame. Mais t’es un pro, tu prends l’affaire en main. Sous tes papilles expertes, la matière pointe le bout de ses tannins, puis explose et se lâche. Tu rétrolfactes. Elle râle et enfle. T’es bien à Gevrey. L’inverti devient extra. Tout ce qui avait enchanté les naseaux, réitère, et te prends à pleine bouche. Les fruits gonflent, et les épices relèvent. Les tannins jeunes encore, mais mûrs, grattent, avec ce qu’il faut de virilité, pour réveiller le pourceau. Ça s’allonge comme il faut, et plus que ce tu pourrais espérer d’un Village. Au bout du plaisir, la vague roule sa dernière écume, et finit en pureté…

Allez, t’as été patient, t’es allé jusqu’au bout… Après… le vin… c’est le souvenir qu’il te laisse.

 

EYEMOTIAHCONE.

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