LE MÂT ET LE BOISSEAU.
D’après Prévert : Le chat et l’oiseau.
Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Un sauvage, knock-out, éploré
Vibrant au boisseau trempé
C’est le seul boisseau qui l’enrage
Et c’est le beau mât du naufrage
Qu’il a sans pitié dévasté
Et le boisseau cesse de pleurer
Le mât cesse de pilonner
Et de se briser le fagot
Et le sauvage donne au naufrage
De fougueuses épousailles
Et le mât qui est épuisé
Se lâche fier au joli seuil qui baille
Du doux boisseau tout déplissé
Défripé comme une guenille
Aux arêtes lasses de perler
Si giclée, ma glu, ma mélasse, ta vasque pleine
Vrai pis, le mât
La fera baver à moitié
Et pire elle aura débordé
Feu qui l’avait embrasée
Embrasée jusqu’au fond la ronde
Ses bas, tout est fichtrement plein
Dieu, gavée au bord du groin
Cul bourré, à point jusqu’aux reins
Hardiment même les fesses, voire la raie
C’est si beau quand on peut ne pas faire pitié.