Littinéraires viniques » Christian Bétourné

DANIEL LARGEOT A LARGUÉ LA GRÈVE…*

Delaunay. Contrastes simultanées Soleil et Lune.

 

Au dessus de 4900 euros net par mois, il paraît que l’argent ne fait plus le bonheur? En dessous, oui ! Interrogés par Libération, les milliardaires Français au sujet de savoir s’ils seraient prêts à suivre l’exemple des Warren Buffet et autres Bill Gates, qui distraient de leurs immenses fortunes d’énormes sommes pour soulager un peu les grandes misères du monde, ont, comme un seul Crésus pas du tout honteux, refusé de répondre. Quelques uns ont dit non, arguant que leurs fortunes, ils les avaient amassées à la force de leurs petits bras honnêtes et musclés… Entendant donc continuer à dormir dans leurs draps de soie, sur leurs extravagants magots, comme de consciencieux ravis. En voilà une bonne nouvelle ! En ces temps de petit Jésus dans la Crêche, les Restos du coeur peuvent aller se brosser, et les Chevaliers de Malte repasser le tissu séculaire de leurs croix éponymes !

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes dorés possibles… Un truc à te mettre les gonades en drapeau !

Sur le fond opaque plomb fondu d’un ciel trop longtemps dépressif, le verre tenu à bout de bras devant la fenêtre, ignore superbement la triste lueur d’étain sale qui sourd péniblement d’entre les masses nuageuses agrégées comme des moutons souillés… C’est un soleil dense, rouge d’un grenat profond et limpide, qui ondule doucement. Comme une couleur fondue qui unirait voluptueusement les âges du vin. L’orange et le rose Indien en moirent la robe, comme un cœur de lumière concentrée en mouvement. Je baisse le bras et l’image ondulante du Taj Mahal, sous le feu du soleil couchant, disparaît…

Le monde est dans le verre.

Le Taj Mahal est dans les têtes…

Il y a près de quatre ans, le vin se refusait. Capricieux, il se cachait en boule sous une nappe rugueuse de tanins rustiques. Attendre qu’il puisse, attendre qu’il daigne. Et c’est à la dernière, qu’il déploie toute la somptuosité de sa maturité. Rien ne dit pour autant qu’il ne refermera pas les bras d’ici peu.

Souvent vin varie…

C’est un parfum de vin qui me séduit immédiatement, qui me prend les sens comme on vous prend le cœur. Toute la volonté du monde n’y peut rien, j’en suis l’esclave définitif et ravi. Il y a dans ce nez comme une parenté avec tous les grands de Bourgogne dont les chemins ont honoré le mien, quelque chose d’une alchimie entre tous les fruits de la terre, auxquels se marierait l’essence de toutes les fleurs. Au delà de tous les terroirs, de tous les hommes qui les travaillent, les grands de Bourgogne, dans une fraternité qui nous échappe, se rient de leurs différences. Ils donnent à mes narines «épatées» le concert odorant de l’élégance, de l’équilibre et de la race. Mille notes indissociables, comme un Mozart joyeux. Non, je ne commettrai pas le crime d’en lister les blanches, les croches, les arpèges et les noires… Les prescripteurs officiels le font bien mieux que moi.

La douceur mystique de l’intemporel.

Comme un Pashmina Indien.

Ce Beaune Grèves 1999, l’un des derniers vinifiés par Daniel Largeot, est une essence de vin, qui me comble les sens quand sa soie tendre et mouvante roule et s’enroule autour de mes papilles déployées. Le même miracle, celui du vin qui transcende les espaces dérisoires de nos catégories étroites, s’accomplit. Dieu que c’est bon. Le sang de Bacchus coule dans ma gorge. Le temps l’a travaillé lentement, chacune des quatre saisons des années écoulées a marqué le jus de sa trace. Et le voici enfin dans sa plénitude. Âge du fruit et âge de la maturité également développés et présents en bouche. Fruits rouges mûrs et sous bois humides, cuir et terre sèche, épices et fraîcheur du sol, jouent leur musique précise, à l’unisson. Un vin terrien, que le temps a suffisament poli pour qu’il touche à l’élégance.

Longtemps après que le vin a disparu, il laisse en bouche la trace fine de ses tannins croquants et le souvenir prégnant de leur caresse…

*  En Hommage à Daniel Largeot, trop tôt disparu.

 

EBURMOGONTIDESCOQUENE…

QUAND SAIGNE LE COEUR DU VIGNERON…

Botticelli. La Madone aux cinq anges.

 

Attack Massive, voix d’ange et coeur battant…

Cognac, loin des vignes à vin que j’affectionne.

Certes le Bordelais est juste là, passé ma cour. Pourtant je ne baguenaude plus sur les bords de la Gironde depuis vingt ans au moins. Mais je garde l’âme du guetteur, silencieux comme ces Sioux capables de scruter les vastes plaines des jours entiers, sans bouger, à chercher le bison blanc… A l’affût jours et nuits. Silencieux, enfin pas toujours… Je lis, j’écoute, j’observe, je suppute sans l’être pour autant, j’entends, je questionne, puis je laisse faire l’alchimie subtile dans l’obscurité de ma conscience sourde. Les informations glanées se télescopent, se corroborent, s’empilent, s’entassent, s’opposent, se neutralisent, bref, font leur chemin, librement. Dilettante je me veux et je n’interviens pas dans leurs échanges ou leurs conflits. Ça mijote, ça macère, ça glougloute, mes levures endogènes travaillent en silence.

L’ inconscience est ici une culture de la confiance.

Un beau matin, tout est en place, mes neurones ont classé le fatras, mon coeur a crémé le tout de sa lucidité paisible et je décroche. Le téléphone. Oui, un simple téléphone sans aucune de ces indispensables «applications» genre, micro-ondes-vibro-masseur ou mon frère (jeu de mot pitoyable qui se veut illustrer la vanité insane de ces petites machines à branler l’ego). Ça court dans les câbles, ça se connecte, ça bidouille dans les airs, dans le sol et miracle, me parvient, de là-bas, de quelque part en France, voire de Navarre ou de Bourgogne, ou d’autres contrées encore, récemment rattachées, la voix d’un homme que j’arrache un instant à sa vigne. Et de deviser. D’écouter, de palabrer parfois à l’Africaine, d’échanger, de rire, de déconner grave souvent et très vite. Et ça fait mouche toujours… Quelque chose du royaume de l’indicible, ce lien étrange qui se moque des fils, des cables, de l’absence, nous unit, les atomes crochent, nos âmes, par devers nos egos, se plaisent et ça n’en finit plus.

Quelques jours après les cartons pleins de bouteilles sont à ma porte. Souvent, très souvent, je n’ai rien encore payé, tandis qu’au loin, il rogne, il effeuille, il ébourgeonne, il s’affaire, paisible et confiant, dans les rangs des lianes qu’il accompagne, les pieds dans la terre qu’il aime, le coeur à parler aux vignes muettes qui ne lui répondent qu’au chai.

Et puis un jour que vous n’attendiez pas, tandis que vous sirotez paisiblement, en prenant le temps, un verre de vin sombre et odorant, après qu’il s’est détendu dans la carafe à large cul dans laquelle vous l’avez mis à son aise. Après qu’il a déployé, prenant le temps qu’il doit et mérite, ses ailes odorantes et fragiles, trop longtemps à l’étroit dans la bouteille sobrement étiquettée «Amidyves» 2007, vous apprenez, au détour d’un petit message de pixels bleus, que le mec qui s’est échiné à vous préparer ce jus qui vous extasie grave, a posé son chapeau entre les rangs de ses vignes ! Définitivement. Olivier B, qui en a marre de grimper les Côtes du Ventoux, à lâché son sécateur à caresser la syrah… Instantanément vous comprenez ce que le mot sidération veut dire. Pourtant le vin dans le verre, qui brille doucement à la lumière arficielle, au coeur de cet hiver sinistre, embaume et vous empalme la langue, comme le meilleur des baisers d’amour que vous avez jamais reçus. Vous frissonnez jusqu’au bout de la moelle, de plaisir et de tristesse confondus.

Quelques bouteilles des vins de ce vigneron au chapeau me restent. Je ne suis pas prêt de les boire. Mais je dis à ceux qui ne le connaissent pas, de l’assaillir de demandes, de le recouvrir de bons de commande, de l’asphyxier sous des monceaux de mails, de débarquer chez lui, «tout nu avec une plume rose dans le cul». Que les plus belles femmes du web vinique, nues commes des riedels graciles, frottent leurs seins lourds, leurs sexes phéromonés, leurs hanches agiles et charnues sur lui. Qu’elles s’empalent en ondulant et hurlant, qu’elles le chevauchent comme des cavales sauvages, qu’elles le vident, qu’elles l’épuisent. Qu’elles l’emmènent jusqu’au plus haut  des barreaux de l’échelle des plaisirs, qu’elles le roulent dans les farines levurées des orgasmes volcaniques et biodynamisants, qu’elles soient Chiennes et Madones, Mamans et Putains, qu’elles le libèrent de ses colères, et qu’elles impriment au creux de ses reins, le souvenir ému de leurs désirs dévorants. Qu’il repose exsangue et bégayant, le cep apaisé, sur leurs flancs tropicaux qui palpitent encore. Sorcières célestes, qu’elles le charment ! On ne sait jamais…

Pendant tout le temps qu’Olivier B s’est échiné,

Madoff faisait du lard dans son loft,

Sûr qu’il tirait le diable par la queue pourtange,

Le Diable, magnanime, rêvait la vie des Anges…

EFAISMOPASTIL’CONCONE…

CROISIÈRE PÂTISSIÈRE EN BELLIVIÈRE…

Vinci. La Belle Ferronnière.

Amis des poires, des pommes, des coings, des mirabelles et de la rhubarbe en tarte, bonjour…

Une croisière sur rivière vineuse qui eut pu tourner à la sardinière, à la sucrière, à la tripière, à l’anti-matière, à la mise en bière, à la bonbonnière, à la cafetière, à la tatinnière, à la charcutière, à la crémière, à la chevrière, et peut-être même à la civière puis au cimetière ? Mais non, la croisière fut au contraire bellement dentellière, éclusière et fruitière…

Et Bellivière for évère !

Aujourd’hui, ne craignez, ni phrases obscures à vos entendements engourdis, ni prose absconse qui polluerait le monde aseptisé des Blogs du vin, lesquels comme chacun sait, ne sont de qualité et de belle écriture qu’entre les claviers experts des meilleurs Experts Professionnels de l’Expertise, dûment Cooptés par la Guilde des Experts Certifiés, Diplômés et Reconnus par leurs Experts de Pairs. Non, non. Allez y sans crainte, vous ne croiserez que des mots simples, reposants, mille fois lus, dignes de figurer dans les 100 mots du vocabulaire moyen qu’affectionnent les internautes pressés éberlués, les oiseaux bleus limités (en nombre de mots) et les I-Phoniens compulsifs. Mais peut-être pas dans les 12 mots du Smeusseur exténué.

Et je vous fiche mon billet que pour la première fois – peut-être ! – depuis le début de sa courte vie, Littinéraires Viniques, dépassera les dix lecteurs !

Il me faut d’abord vous dire qu’AOC (Association des Oenophiles Cognaçais) est à la démocratie ce que le piment de Cayenne est à la crème fraîche. Vous dire aussi que ses membres sont indisciplinés et peu studieux, qu’ils biberonnent des vins du grand Sud-Ouest – lourdement entonnés pour la plupart – depuis leur plus jeune âge, qu’ils sont convaincus que Bordeaux est banlieue de Cognac à moins que ça ne soit l’inverse. Tous ont au moins un père, un cousin, un oncle tonnelier. Hors Merlot et Cabernet, point de salut. Alors ces vins du Septentrion quasi Groenlandais, dans ces drôles de bouteilles… ça risque de vous les bousculer, de vous les déstabiliser, de vous les mettre hors de mire !!!!

Or donc, au programme ce soir, Bellivière. Domaine sis en Pays de Loir, paradis des Chenin et Pineau d’Aunis. Les vins qui suivront – Coteaux de Loir et Jasnières – ont vu le jour sur des argiles à silex et/ou argilo-siliceux sur tuffeaux et sables plus ou moins filtrants… grosso modo. Hors les géologues patentés tous les autres – biquets de petit lignage – s’en contenteront..

Allez Zou, en piste…

LES BLANCS : Toutes les robes sont d’ors brodées. Cela va de l’opalin comme la carnation hâve d’un top-model anorexique, au louis d’or, franc comme le regard d’un enfant de moins de cinq ans.

Effraie 2004 : Robe soleil de Janvier. Un nez vifissime. Des notes d’asperge, de miel, de granny smith, de rhubarbe. L’attaque en bouche est pour le moins désaltérante!! L’envie d’avaler est immédiate, mais vu ce qui va suivre, mieux vaut pratiquer “l’avalus interruptus”… La troupe apprécie unanimement. Amha, il y aura mieux.

Effraie 2005 : Robe soleil de Mai. Tarte tatin, pâte de coing et rhubarbe montent au nez comme une seule femme. La bouche est gourmande, la matière, moelleuse, est toute de prune, poire et Botrytis fin mêlés. Un bel exemple de l’influence des millésimes sur ces deux vins d’un même terroir.

V.V Éparses 2004 : Robe soleil de Mars. Des poooommes, des poiiiireeeus et des … à foison. Des mirabelles, de la cannelle, et de la crème de brocoli – c’est le végétarien de la bande, celui des asperges (voir plus haut) – qui insiste, aux bord des larmes, pour que ce soit dit… on l’aime bien. La bouche est à l’unisson.

V.V Éparses 2005 : Robe soleil d’Avril. Le nez a la timidité d’une pucelle de Puligny le soir de sa première sortie de bouteille. Dragée, agrumes, coing, zan discret, chatouillent à peine les narines. En revanche la bouche est plus diserte. La matière, encore serrée, est néanmoins dense. Poire juteuse et poivre blanc entament, à peine, une farandole goûteuse. Dans un an ou deux le bonheur des vignes…

Haut-Rasné 2002 : Robe soleil de Juin. Le nez cause peu!! Encaustique et Botrytis en duo. La bouche est plus bavarde. Fruits blancs, citron et tarte à l’abricot font la fête. La finale est longue, sur l’amer doux d’une pointe de Botrytis

Les Rosiers 2005 : Robe soleil de Février. Que ce nez se retient ! Pusillanime, il ne livre que quelques arômes de bonbon et de rhubarbe. La bouche plus loquace, est de fruits jaunes et de citron confit vêtue. La finale est fraîche.

Calligrammes 2005 : Robe Soleil de Décembre. Pas très causant non plus ce nez. Citron, cire et reine claude, parcimonieusement… La bouche est un poil plus expressive. Fruits blancs, prunes cuites donnent du moelleux. La finale longue est élégante, et laisse la trace pimentée du silex chaud au palais.

LES ROUGES : Et le voilà, le rarissime Pineau d’Aunis ! Petits rendements pour donner de la matière à ce cépage réputé léger.

Rouge-Gorge 2003 : Soleil grenat évolué. Du poivre à plein nez, de la cerise aussi. La bouche est chargée de tanins serrés, puissants mais mûrs. On hurle à l’astringence à l’entour, ça renâcle, ça trépigne, à vrai dire, c’est surpris, ça n’aime pas !!! Pourtant…

Rouge-Gorge 2004 : Soleil grenat sombre. Hou là là !!!! On frise l’émeute, la révolte, le putsch… On réclame à corps et à cris la démission des responsables et la mise en place d’un gouvernement de crise. Je propose une cellule de soutien psychologique… Il faut dire que ce nez qui vous lâche une une bordée de poivrons boostés au poivre vert, a de quoi surprendre plus d’un vieux baroudeur des vignes Médocaines !!! Mais bon, patience et aération arrangent un peu l’affaire et la motion de censure est levée. On est sur la champignonnière vocifère t-on, l’élagage (ça c’est le végétarien qui soliloque dans son coin… on l’aime quand même), la réglisse en bâton. En bouche, rebelote en plus “hard”, des tanins poivrés, des fruits rouges fumés et la réglisse. Un raz de marée contestataire continue de pester. Je pense à Bach, ça me remonte un peu le moral… Ça insiste, alors je me balance in petto «Que ma joie demeure»…

Hommage à Louis Derré 2005 : Soleil de Zanzibar. Après une interruption de séance, le bon peuple s’est calmé. Le nez tout oriental du “Louis” est charmeur, il embaume la coriandre, la badiane, la fraise mûre, le tabac et le cumin. La tête appuyée au giron d’une odalisque alanguie, je fais tourner le joint… le groupe se resserre et ronronne. La matière est superbe en bouche, l’attaque est nette sur les fruits rouges. C’est pur, ample et long. Un vin magnifique à moyen terme.

Aurore d’Automne : Soleil ambré. Des rendements minuscules pour ce rosé moelleux. Une gourmandise gracile qui embaume la gelée de coing, les raisins secs, le figolu, la confiture de fraises en morceaux. Un vin qui réconcilie et ravigote la troupe. Tout le monde se recoiffe. Le calme revient. La bouche est tendre, douce, une dentelle de fruits rouges confiturés, finement citronnés et épicés.

La soirée s’achève dans le calme et la fraternité retrouvés. Une soirée “pédagogique” qui en aura surpris plus d’un.

Vive la diversité !!!

 

EDEMOVOUTIEECONE.

VOYAGE AU BOUT DE LAFAURIE…

Nous aurions pu subir une leçon fastidieuse, assénée par un «Chartronné», compassé, docte et pontifiant…

Vous pourriez aussi penser qu’il va vous falloir passer au travers de mes vaticinations prétentieuses (pléonasme), réitérantes, abstruses, qui n’en finissent de vous agacer, alors que seul le pinard, dont au sujet duquel je suis censé enfin causer (aberrations syntaxiques multiples), n’en finit plus d’être sur le point d’arriver, alors que vous êtes pressés, parce que votre temps est aussi précieux que vous vous sentez indispensables, parce que la vie est courte (charmante Lapalissade), qu’il vous faut aller de l’avant pour ne pas reculer et risquer de vous faire empaler (enculer pour les puristes), qu’il vaut mieux agir que blablater, que vous êtes un de ces entrepreneurs dont dépend la survie de l’espèce, que les I-Phones clignotent autour de vous comme des putes surmaquillées, tandis que la batterie de votre I-Pad bat la chamade et que vos Blackberries sonnent l’hallali des coeurs meurtris. Parce quà cause de tout ça et du reste (expression bien utile), vous allez louper cette putain de grosse transaction juteuse qui vous fait, sinon rêver – parce que le rêve c’est pour les autres – mais bander dur. Oui tout ça, et autres certitudes et truismes inoxydables, propres aux esprits en phase avec ce temps particulier de l’évolution Humaine.

Quant à la Connerie, comme Dieu (qui forcément en est le père!), elle a toujours été, elle est franchement, et elle sera inexorablement, de toute Éternité.

Et bien non, cette fois, je serai efficace comme un comptable, descriptif comme un pro du BTP, froid comme un winemaker Lapon, je serai au service éclairé du vin. Comme un oenologue, entre autres Bordelais, je ferai  mon pro” qui est allé tâté la grappe au travers des brouillards automnaux, là-bas, au bout des ceps de Lafaurie, dans un voyage au fil de la rivière…

Eh bien oui, en cette sinistre veille de Toussaint, sous les rideaux compacts d’une pluie froide qui vernissait la ville, Eric LARRAMONA (ça ne s’invente pas un nom pareil…), le sourire aux yeux, « décontrasté » et immédiatement amical bien que Directeur Général de LAFAURIE-PEYRAGUEY, nous a rejoints au Couvent des Recollets, siège « ordinaire » des dégustations orchestrées par le club AOC dont j’ai l’insigne malheur d’être le scribe très besogneux.

Lafaurie-Peyraguey, 1er Cru, est l’une des valeurs confirmées de l’Appellation Sauternes, 40 ha de vignes disséminées. Une surface moyenne dans la région Bordelaise. Le château, à la confluence de la Garonne et du Ciron subit les assauts des brouillards matinaux dès l’automne venu, lesquels conjugués à la puissance solaire de la journée permet au champignon magique de faire son grand-oeuvre. Botrytis cinerea, car c’est de lui qu’il s’agit, fond alors sur les Sémillons, Sauvignons et Muscatelles bien mûrs, concentrant les grains fragiles en agglomérats flétris et poussiéreux.

Souvent la grâce nait de l’infâme….

OUF, c’est fait!!!

Un gros effort pour moi, que celui de donner dans le dépliant technico-touristique. Vous dire aussi, et enfin, que les terres du Seigneur de Peyraguey descendent, depuis mille six cent et des…. en trois niveaux successifs de graves pyrénéennes, du Château vers les eaux. Que celui qui n’a pas compris s’en aille fûreter du côté de : http://www.lafaurie-peyraguey.com/

LES VINS :

2007 : Il a quitté, à regret, le ventre rebondi de sa barrique de mère, aspiré par une pipette indiscrète pour venir jusqu’à nous….Il aura fallu soixante vendangeurs et sept tries, pour enfanter ce millésime. Dur travail, qui ne donne, au bout du rang, qu’un panier de grappes ridées!!! L’or pâle colore à peine les joues de ce foetus anémié, qui pleure des larmes grasses sur les parois du verre. Le futur nouveau né est fermé et ne livre que quelques fragrances fermentaires, puis des notes de fruits jaunes, de raisin, sec et frais tout à la fois. Du nez à la bouche et l’affaire est tout autre. L’espoir d’un vin apparaît, le sucre est frais, parfumé à l’ananas, mentholé un peu, épicé d’une légère verveine. Le bois transparaît en finale, le rôti aussi.

2002 : La robe de ce « sous-estimé » est brillante, son or est moyen. Toujours cette fraîcheur au nez (le Botrytis concentre les sucres certes, mais l’acidité tout autant). L’écorce d’amande grillée, le Corinthe fin, s’élèvent en d’invisibles fumerolles. La bouche est droite, minérale, tendue, à peine adoucie par les rondeurs bien mûres de l’abricot juteux (encore l’abricot…) et des fruits exotiques. Comme une volupté de jouvencelle… Un régal en l’état.

2003 : L’ambre est dans le verre et le vert est dans l’ambre. Quelle liqueur! De longues jambes fuselées glissent paresseusement sur les parois, pour se fondre, dans un ralenti glycérolé, au disque rebondi… qui peine à épouser le calice. C’est une soie tendre qui emplit la bouche, qui frôle le palais en vagues réglissées. Ca explose, lave douce de noble botrytis, de tendre purée d’abricot, de fruits confits, de pain d’épices. Comme une chaude fraîcheur opulente et safranée qui n’en finit plus… La pierre pour conclure, très longtemps après.

2001 : Voici de l’or franc rehaussé de vert tendre pour la robe de ce millésime copieusement encensé. Ce soir la Diva est boudeuse, elle n’est pas prête à pousser son grand air. Elle minaude, la star capricieuse, et jette à peine, au nez de ses adorateurs transis, quelques notes de mandarine confite, de propolis timide, et de réglisse retenue. Une pincée de poivre blanc, comme une grimace gracieuse. En bouche, agacée par les bruits grossiers des rétro-olfacteurs maladroits que nous sommes, elle donne la leçon! Sa voix élégante, fine, tendue, nous enseigne la race et l’équilibre, en quelques notes fruités et fumées. Tout y est, mine de rien. Le café frais et la pierre brute sur le contre ut final…

1997 : Une pure lumière d’ambre jaune-vert, brillante et limpide. Telle, est teinte, la robe somptueuse de ce vin impressionnant. La puissance et la grâce réunies. Des notes pétrolées fugaces puis une verveine digne d’une vieille Chartreuse, de la figue sèche, du fumé grillé, de la… des… encore, ça n’en finit plus d’exhaler, je n’y arrive plus. Grasse, douce, puissante, soyeuse, fondue, toute en épices, en écorce d’orange confite, et voilà pour la bouche de ce grand vin. La finale, interminable, délivre de nobles amers frais.

1990 : L’âge de la majorité chez l’homme, du sortir des langes pour Lafaurie!!! La couleur de la robe rappelle les « facéties » du bébé : ambre orangé qu’égaie une lueur vert-bronze. Le nez ne se donne pas d’emblée, il faut l’attendre et l’aérer longtemps, l’oublier et le reprendre. Quant enfin il daigne, c’est à la rigueur toute minérale qu’il nous convie d’abord. Puis il s’adoucit, se civilise. Des notes épicées, fumées, fruitées, de menthe poivrée, d’agrumes, d’encaustique jaillissent du verre. La bouche est charnue, d’une grande finesse, toute de botrytis noble, de caramel au lait, et d’épices.

1959 : La robe de ce quinquagénaire est d’ambre et de ténèbre. Sous la lumière, des lueurs orangées et or l’éclairent. C’est la fleur d’acacia qui ouvre le bal, royal, de ce vieux vin ingambe. Lui succèdent le tabac – Virginie et Cuba pour une fois réunis – la réglisse anisée, l’orangette, la peau de noix fraîche… En bouche, le tertiaire pointe le bout de son âge, le cuir aussi s’acoquine. La matière est profonde, bien jeune encore, toute d’agrumes croquants et de fruits blancs frais. La finale est d’une belle amertume crissante, qui laisse en bouche comme une poussière de tanins.

Il pleut toujours et encore au dehors… «Il pleut sur Nantes, donne moi la main, le ciel de Nantes rend mon coeur chagrin…». Et moi, suis en vrac, à Cognac.

 

EBOMOTRYTITICOSÉENE.

BOJOLPIFS ET MUSCADOCHES…

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Vermeer. L’entremetteuse.

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 L’hiver est généreux cette année, il étale sa ouate bien avant la date officielle. En ces jours qui mettent l’Hortefeux en sueur, les bonhommes de neiges font la joie des enfants encore insouciants, et des carottes venues d’outre-océans qui creusent nos tombes(?). Dans les rues des villes, la tension monte, le consumérisme règne, il faut acheter, et acheter encore et toujours, sous peine de plomber l’économie, de freiner la croissance sans laquelle nos sociétés modernes seraient vouées à disparaître. Il faut voir comme ça tressaille dans les hypers, comment ça tremble dans les boutiques. Ah les cadeaux, il nous faut des cadeaux, des beaux, des laids, mais des gros, il faut que ça rutile, que ça en jette, que ça épate (mot de vieux!) les cadeaux, tous venus d’ailleurs, d’ailleurs, de ces contrées, encore obscures il y a peu, qui émergent, et qui, elles aussi, veulent participer à la grande fête planétaire des pays encore riches, et du gavage généralisé ! Boustifailles à la pelle et gadgets 0.0 ou 2.0 sont les mamelles incontournables de la reprise?

Mais pas question de gâcher les Fêtes avec ces remarques, d’aussi mauvais goût(s) que les mégalitres de pinards, arrachés à bas prix par la GD fraternelle à tous les vignerons en péril. Parce ce que, pour vendre des bouteilles à un euro ou moins, comment faire bon? Sinon à cramer la vigne, à la faire pisser à grands jets pour espérer se rattraper sur les volumes; de l’aqueux, du court, du gelé aux sulfites pour pas que ça bouge, mais du beaucoup, des rouleaux de picrates pour surfeurs assoiffés, qui s’en alleront décaper les gosiers de tous les grassement intoxiqués de la si jolie fin d’année.

Pourtant, pourtant, pourtant! Pourtant, oui pourtant…

Allez, je laisse de côté la syntaxe “distroy” appropriée aux reginglards sus-dénoncés pour retrouver une langue, sinon moins râpeuse, du moins plus en vibration avec les «petits» vins, qui ne voient pas briller leurs ors ou leurs rubis sur les belles tables festives qui clignotent dans les magazines et les reportages clinquants de nos lucarnes dorées…

Il est bien temps de bien dire combien les petits peuvent être grands et bons!

Pour les fêtes, amis, Beaujolpifez à souhait, Muscadochez à satiété. Que les embarrassés qui n’ont pas l’embarras du choix, que les fauchés, les banquiers honnêtes, les jeunes en CDD, les vieux qui végètent sous leurs retraites étriquées, et tous ceux qui aiment boire bon aussi, oublient les grands flacons, les Châteaux dans les prairies desquels paissent de beaux et grands chevaux blancs, les Domaines amis du papa d’Émile ou du Prince à qui il ne fallait pas vouloir en conter. N’en franchissez pas les grilles dorées, ils n’ont pas besoin de vous et se portent bien, voire mieux que très bien. Oubliez un instant l’esprit de lucre et soyez, par vos choix, solidaires de ceux qui tirent la grappe par la queue.

Allez, en foule, et comme ça vient…

Dans la série Muscadet, au pays du Bourgogne qui n’a pas le Melon, buvez Gorgeois, Clisson, Monnières, Saint Fiacre, Goulaine, Vallet, Sanguèze… qui croissent et embellissent sur Gabbro, Schistes, Granite… Vous trouverez de belles pépites qui ne craignent pas la garde, chez Brégeon, Landron, Charbonneau, Gadais, Luneau-Papin, Cormerais, Ollivier, Guérin, et d’autres, nombreux encore. Déçus vous ne serez, et ruinés sûrement pas!

Autre pays de Cocagne, le pays de Beaujolais, tout en courbes chargées de vignes de Gamay, qui résillent au printemps leurs rondeurs aussi fermes qu’avenantes. En cette région si souvent décriée, ruez vous comme rats sur fromages affinés. Achetez, encavez, buvez ces jus glissants, riches de fruits frais, aux matières conséquentes et goûteuses, que l’oubli – difficile certes – bonifie. Pour une fois, vous, que les tarifs, ailleurs, le plus souvent, sidèrent, serez surpris, ravis, enchantés de pouvoir acheter enfin, des vins qui ne sentent pas le cuir luxueux, la loupe de noyer, et le caoutchouc frais! Allez, courez, musardez, flânez, débouchez les Beaujobeaux qui feront de vous de vrais Bonobos shootés au pur Gamay noir à jus blanc! Sonnez aux domaines et entrez chez l’Isa-Belle des Côtes de la Molière dont les Poquelins (!) et les Moulins ne brassent pas du Vent (!), chez Jean Marc Burgaud et ses Morgons longs et pas bougons, tout comme chez Louis Claude Desvignes, autre Morgonneux de talent, dont les Javernières vous parleront la langue de la finesse et de l’élégance. Une joyeuse équipe, à laquelle il ne faut pas hésiter à joindre Daniel Bouland dont les Vieilles Vignes sont orgasmatomiques !!! Entrez un peu plus tard, si vous le pouvez encore, vous faire sonner les cloches au Château des Bachelards (oui y’s’la pète un peu…), par le Village et le Fleurie, par la Banane (primeure mais encore lourde de bonheur, en ce jour qui me voit l’éplucher) du sieur Bauchet et sa faconde du même métal. Chez Chignard, humble et peu bavard (ça repose…), désaltérez vous à la source des Moriers et des Vieilles Vignes. Et puis encore Franck Georges, Thivin, Viornery et d’autres que je ne connais pas…

 

Tous, en ces régions – la Beaujolète comme la Muscadaise – regorgent de bouteilles, à point nommé, faites pour aviver vos fêtes obligées, comme vos soirées improvisées.

Et que l’on n’aille pas dire que ce «publireportage» a été financé par un consortium quelconque ou rétribué par palettes.

Non, j’écris ce que goûte et aime !!!

ERASMOSATISIEECONE…

LA TERRE EST SOMBRE ET SIRIUS EST EN SYRAH…

 Sous le regard des deux lunes de Sirius…

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De là-haut, la terre est à pleurer, tout est beau. Et pourtant…

Plus beau que somptueux même, magnifique, voire féerique par endroits. Hors caresse de l’astre roi, la Terre, longtemps, fut nuitamment, de pur jais, insondable. Sa face sombre est maintenant piquetée d’étincelles, d’éclats, de fils de lumière, d’étoiles artificielles, dont les ganses de velours palpitantes soulignent les continents en les arrachant aux ténèbres. Les Fils de Sirius, qui croisent à l’occasion, n’en croient pas leurs antennes. Cette vieille terre, la «boule des débiles», comme ils l’appellent entre eux depuis l’aube des temps, cette vieille reine de rien, cette chiure de constipé du bulbe, qui souillait l’Univers, resplendit depuis peu (comme un clignement de paupière, à l’échelle sidérale). D’aussi loin qu’ils s’en souviennent, dans la totale obscurité galactique, son côté sépulcral ne se détachait pas des espaces à perdre la raison, et nombre de fois, leurs vaisseaux l’avaient évité de justesse. Quelques Flèches d’Orion, toujours téméraires, ont laissé quelques traces de leurs trépas brutaux sur les flancs des Andes, dans les déserts Australiens aussi. Les fourmis bornées, qui rampent au creux de l’extrême densité terrestre, se grattent – l’occiput pour les rares plus futés, et le coccyx pour les autres – depuis des millénaires, à la vue des étranges stigmates de toutes formes, qui balafrent par endroit, le sol dur du caillou stupide… Ces peuples ailés, que ne contrarient plus les pesanteurs de toutes natures, ces formes ultimes de l’évolution, pour lesquelles le 2.0 renvoie à l’époque reculée des fractales dichroïques (l’équivalent de nos Calendes Mésopotamiennes), stationnent volontiers dorénavant, au large de la honte du système solaire, fascinés par les sols dont s’échappent ces langues de lumière qui trouent, comme des aiguilles vibrantes, les ténèbres épaisses. Certaines contrées semblent même avoir totalement déchiré le manteau mortel des nuits, tant leurs énergies palpitent, jusqu’à aveugler les spectateurs de l’espace.

Des masses de ferrailles, en tonnes tourmentées, tournent autour de la Terre, satellites abandonnés et autres immondices humaines, polluent déjà l’espace. L’Homme est un Chieur Universel, une abomination sidérale et sidérante, un puits sans fond de bêtise concentrée, de fatuité vide et d’égoïsme délirant. C’est en très raccourci, ce que sait l’Étre (?), invisible tant il est substance légère et subtile, qui observe la Planète qui fut bleue. Oui, vous dire aussi que Léon (je lui donne un nom pour plus de commodité), ne pense pas, il sait. Et oui, d’emblée. En relation constante avec le grand livre de l’Akasha, il a accès à l’ensemble de l’histoire détaillée de la Terre comme à celle de l’Univers d’ailleurs. Akasha, la grande “Bibliothèque”, au sein de laquelle sont imprimés dans l’Ether, images, pensées, actes, paroles. D’avant les origines au plus lointains avenirs, tout est dans le «livre» éthérique, de ce qui a été, aurait pu être, est multiplement, à ce que pourrait être l’infinité des futurs possibles. N’imaginez surtout pas Léon engoncé dans une combinaison flashy, aux commandes d’une grosse ferraille à propulsion hypra – prostatomique. Bien sûr que non, misérables petits adorateurs de l’I-Phone 4 ! Léon n’est qu’énergie pure.

La perfection est simplissime…

Ce que Léon veut, Léon l’obtient, instantanément. Absolument tout lui est possible. IL est hors matière, sans être pour autant pur esprit. Mais il ne peut vouloir et atteindre, que ce qui est en parfaite harmonie avec l’équilibre du Tout. Léon ∞-∞ de Sirius est l’aboutissement de l’évolution, tandis que l’homme en est l’avant commencement… Vortex impalpable, luminescent, volatile et mouvant, Léon de Sirius est pur Amour, ni plus ni moins. Des contrées les plus insensées lui parviennent, les bruits, les vies, les joies, les douleurs des Mondes. Alors, en équilibre à la périphérie terrestre, il souffre abominablement. Le fracas de la terre, les souffrances des martyrs de chairs molles, les pensées terrifiantes des êtres de boue grasse, l’épouvantent.

Mais que fait-il là? Qu’espère t-il? Nos inconséquences le lacèrent, nos cupidités l’effraient, le culte imbécile que nous vouons aux accumulations sans fin l’épouvante, l’étrange adoration qui nous attache à ces tas de petits papiers froissés, à cet «argent» puéril, à ce métal, aussi mou que doré, le navre. Mais ne le décourage pas! C’est qu’il m’observe moi, oui moi, moi qui suis à l’Alpha et l’Oméga, ce que la défécation des mouches est à la mécanique Quantique.

«Étonnant, non?»

Enfin moi, non, mon ego m’égare! C’est plutôt ce verre, remplit de pur liquide rouge, qui le fascine. Ce modeste sang des vignes dont il s’abreuvait jadis, il y a si longtemps, plus longtemps encore que naguère, du temps où l’espace et le temps l’emprisonnaient dans une coque de viande rouge et d’os blancs, du temps où la pesanteur l’écrasait, au temps où il traversait ses expériences humaines, du temps des limites, de l’aveuglement, du désespoir, là-bas, sur les murailles de Saint Jean d’Acre, prisonnier d’une lourde armure brûlante sous le soleil de Palestine. A chaque fois que les misères de l’incarnation – et il a bourlingué le Léon, de la banlieue de Cassiopée à Sirius, en passant par ses quelques dix mille séjours chez les bouseux d’en bas, il a connu bien des expériences, de la plus infâme à la plus tendre (les dents de nacre d’Isabeau, sa démarche à peine chaloupée, ses cheveux drus, le creux tendre de sa hanche, son regard qu’il avait cru si franc, cette dague acérée qui lui vide le cœur, ce sang, ce sang, toujours ce sang…) – s’abattaient sur son échine, pourtant ployée, quand il sentait ses forces le fuir, sa raison faire feu d’artifice, il se réfugiait entre les bras berçants de Sainte Syrah. À travers les âges, Sœur Syrah a accompagné son lent chemin de géhenne, elle l’a consolé, lui a redonné des forces, du courage, lui a lavé la conscience, lui a, à chaque fois rappelé, que le chemin de l’évolution, l’élévation progressive de l’âme, demeuraient le but. Au fur et à mesure que ses vies s’empilaient, Léon sentait bien que sa perception du monde, puis des mondes, évoluait. Non, non, là j’embellis, je brode! Léon, a trainé pattes et galères des vies durant, essayant de survivre, basta! Mais aujourd’hui – ce présent transcendé – l’être spirituel qu’il est devenu, accède au langage absolu, à la Musique des Sphères, à l’expression suprême de toutes les langues des mondes empilés. Dans sa conscience pleinement ouverte, le verre pansu qui brille, et le rubis étincelant qui palpite en son sein, l’émeuvent au plus haut point.

Léon irradie mon chakra coronal de sa présence muette. Hommelet grossier et aveugle, je pédale maladroitement sur mon clavier de plastique figé, lorgnant du coin de l’œil ce vin qui se réchauffe lentement, perdu au fin fond ignoré de l’infini de la création, atome nanoscropique, gouttelette dérisoire, infime particule de vie.

Le cristal limpide, rempli à mi hauteur, tremble, au cœur de ma nuit. Du disque fragile, invisibles et prégnantes, s’échappent en volutes fragiles, les chants sucrés des pivoines en fleurs. Léon pleure en pleine communion avec mes sens extasiés. Les arômes Rôti(e)s de cette Côte sont déjà fondus, qui donnent à humer l’olive, la framboise puis les épices douces et le jambon cru à peine fumé. Une sensation crémeuse vient, en finale olfactive, anoblir le bouquet épanoui de cette syrah tendre. Perché entre les étoiles qui constellent le vide interstellaire, Léon tremule au souvenir des grappes croquantes qui ont ensoleillé ses anciennes douleurs. Il ne fait qu’un avec moi, étroitement enlacé à ma vie qui l’ignore. Ses vibrations hautes, rehaussent les miennes, et je frissonne sans savoir pourquoi. Une étrange émotion me gagne. De mes yeux clos, coulent à flots tièdes, des pleurs qui m’enchantent et me consolent. Mon esprit obtus ne comprend pas, mais la sensation est si douce, si pleine, si noble que je me laisse ouvrir, comme la bouche de mon amour sous ma langue humide.

Le jus frais, finement extrait, des raisins de septembre 2006, inonde mes papilles attentives. Un sentiment de plénitude et d’équilibre me prend à plein corps. Tout là-haut, Léon chatoie. Sa substance délicate se moire d’arcs-en ciel fragiles, et les chants éthérés des chœurs supposés Angéliques, vibrent à l’unisson. La matière mûre des fruits rouges éclatés sous la presse, déferle en vagues successives. Le mot pâmoison vit au palais de ma bouche consentante. Léon lance le cri silencieux qui apaise, et fend, un instant, le mur d’airain des ignorances crasses. L’harmonique de son chant inaudible arrête le temps, unifie les vies polymorphes, et mets l’univers en symphonie. Le vin est le creuset de la création, il fait jour un instant éternel dans ma nuit, mon amour est à mes cotés… J’exulte. L’incroyable puissance douce de Léon est sur moi, en moi. Mes cellules grésillent comme oeufs au plat, ma carcasse grince de toutes parts comme une vieille machine en surchauffe. Pourtant je suis en jubilation, il me semble presque léviter, une onde surnaturelle me traverse, m’allège et me porte…

Je meurs à l’étriqué et m’ouvre à l’immense.

Pour la première fois, je saisis l’essence de la Joie, je danse sur l’ineffable, me heurte à l’indicible… Par la grâce de Léon, l’Illuminé Céleste, cette Côte Rôtie 2006 du Domaine Burgaud devient la quintessence de ces syrah septentrionales, que la fraîcheur des coteaux magnifie. Le vin coule dans ma gorge, et Léon l’avale. La robe scintillante du Sirien pulse comme danseuse Espagnole sur récifs tropicaux, quand la lune ronde, opalescente comme un oeil aveugle, éclaire la nuit terrestre. Ma conscience vacille, clignote, au bord de l’abime, prête à se fondre dans l’espérance. Mais le temps d’après, bien proche pourtant, n’est pas encore venu. Alors j’avale le vin, qui dévale mon oesophage accueillant, pour gagner mon centre. C’est une poudre de tanins juste réglissés, fine et croquante, très longue en bouche, au bout de cette liqueur de félicité, qui me ramène devant l’écran de mes écritures titubantes.

La nuit n’en finit pas.

Harrassé je me sens, sans trop savoir pourquoi. Cette syrah somptueuse, m’aura, sans doute, un peu estourbi…?

Reviens Léon…;-)

 

EC’ESTMOTIFOUCONONNE?

LE TREIZE DE L’AVIN D’AVANT L’AVÈNEMENT…

La Mère Noël 2.0.

 

Cornaqués par La Mère Noël en bas résilles, les Chevaliers de l’AVIN célèbrent l’Avent, à leur façon délibérement avinée, le jour Saint, qui vit le Sauveur s’égarer, chez les broutarts hystériques qui se prenaient pour les Rois Mages de la création. Ils te l’ont cloué sur la Croix, vite fait, le pauvre Charpentier illuminé!

D’une main ferme, la Donzelle Éclectique, mène le microcosme vinique de sa petite main douce. Une menotte caressante dans un gant de tendresse… Elle est comme ça, pétillante d’idées, généreuse, courageuse, droite dans ses bottes mi-cuisses. Une sérieuse «Sonia» en puissance! Une bonne travailleuse, qui mène les grands Élephants du Web liquide, par le bout de la… Ouups… du licol! Et la voilà, qui plus sûrement qu’Hannibal, nous fait franchir, les Cols du Flacon et les Hauts Sommets des Arts Subtils de la Bouche, à sa pogne! A la queue-loup-loup, le Cornac Apoplectique, les Adeptes du Naturel, les Bio, pas si cons que ça… parfois, les Grands Tasteurs des belles Crèches, les Ceusses qui rêvent de vins purs, l’Iris Germanique qui lisse goulûment le mourvèdre du curé, le dé-Bauchet du Bojo, la Pipette barbue, l’Armande de Molière, les Cavistes affairés mais différents, l’Éthiquetteur décalé, le Médecin des fourrures déplumées en détresse (Ah, le saint homme, qu’Esculape le protège!), le Doctoral Désoxyribonucléïqué, Marylin from SaintÉm, la Corisette du Mas, les Bulots bi-calibrés, les Jumeaux videos, bien d’autres encore, et même le Bertho, Grand Cracheur de bons et rudes mots, lui mangent dans la moufle.

Mon éléphant nain, égaré par les brouillards, peine à gravir les côteaux de Cornas. Sous ses papattes bottées de rouge, le rhône étale ses eaux bises, dans le creux de la cicatrice sysmique, qui a fendu les sols, bien avant qu’imprudemment, ne descende le Cruxifié. Là, sur l’escarpé côtal d’en face, Robert Michel chouchoute ses lambrusques de syrah, depuis quelques lustres déjà. Un discret, pourtant encensé, abordable, qui fait bon, sans prendre ses clients pour des Quatari.

Sa «Cuvée des Côteaux» 2004 a longuement respiré en carafe fraîche. Dans le large cul bombé du culbuto de cristal, l’Esprit revient au vin. Il se déplie, s’étale, enfle, et monte au nez, avent même que l’on s’y penche. Un nez Toulousain (on sent que ça va castagner!), que domine la violette. Matière en boule fraîche en bouche, qui attaque à coups de cerise mûre, de toast noble, d’épices douces. Une syrah, qui tapisse élégamment l’avaloir de tannins encore crayeux, mais polis. A l’avalée, apparaissent fruits noirs et myrtilles. La finale s’installe un long temps, avent que la réglisse, finement épicée à la fraise, ne subsiste.

 

EDÉMOVOTITECONE.

LE CHAT DE MA VOISINE…

Mon avenante voisine….

Le souvenir d’un 1976 complétement passé, acqueux, éteint comme le regard de chat de ma très accorte voisine, quand elle voit un pauvre ratounet de passage échapper à ses griffes avides, me traverse l’esprit régulièrement, et me pollue insidieusement depuis lors. Il me faut à tout prix chasser ce souvenir malheureux de ma mémoire, pour le remplacer par la gentille annonce selon laquelle – enfin, il était grand temps – je ne serai bientôt plus soumis au joug insupportable du très injuste et ruineux ISF! Et merci, à Rita la très Sainte patronne des causes désespérées d’avoir inspiré nos hommes d’en haut. Enfin, ce grossier Bouclier vulgaire est livré aux fours actifs de la Fonderie Administrative Nationale, et son métal en fusion va disparaître dans les arcanes subtiles de la fiscalité discrète, ainsi il pourra poursuivre son oeuvre de salubrité, plus finement, noyé dans la masse, mais tout aussi efficacement.

Ce soir je vais enfin pouvoir dormir sur mes lingots en fusion…

Alors, histoire de fêter ça…

Au prix d’un violent effort, bandant au maximum les quelques forces qui parfois m’animent encore, ressassant en un Mantra désespéré “Je suis un Nietzschéen, un combattant de l’Être, un Yoda en perpétuel devenir”, j’ouvre la porte de ma cave et dans un mouvement convulsif, j’arrache d’une des nombreuses piles de flacons hors de prix qui la garnissent, un “Champans” 1976 de J.Voillot

Fier comme un Winemaker seul dans son chai rénové, juste après que le dernier raisin du millésime 2010 a commencé à chantonner dans les cuves, chatouillé par une légion de levures indigènes en provenance assurée (?) de la vigne, du chai ou du chat vicelard de la voisinel (va savoir, il paraît que ça pullule ces bestioles, un peu comme la vérole sur le Bas-Clergé, sauf que ça n’abime pas les encensoirs…). Enfin bon, j’ouvre la bouteille avec des précautions de premier ministre fraîchement reconduit, expliquant au bon peuple les joies multiples qui l’attendent, s’il n’est pas riche.

Sûr que ce n’est pas une robe d’Évêque que celle de cette vieillasse, pas plus que d’un Cardinal cacochyme d’ailleurs, mais plutôt celle d’un Enfant de Coeur pauvre, qui aurait connu de longues et nombreuses lessives à la soude (la robe pas le gamin…quoique les curés…). Sous la lumière artificielle du monde moderne, le vin brille d’un grenat-rubis évolué qui se perd dans le rose, l’orangé, délavé comme le regard d’un amateur de New Bojo, à l’aube du 18 novembre, quand enfin, ouvre la porte de son caviste…

Il va bien falloir y aller me dis-je in petto (Dieu que j’aime cet in-petto!), tremblant, inquiet, concentré comme le chat de ma très courtoise voisine quand elle le caresse en se léchant les babines, qu’elle a roses et humides. Ouf, ça sent bon la vieille (non!!!) pivoine, la fleur, fanée comme mes souvenirs, la rose transie dans le tiroir d’un grenier.

Là c’est bon, tu te calmes, tu respires et t’en rajoutes pas!!! C’est du vin qu’il te faut parler et pas de tes acrobaties aériennes!!! Et arrête d’embêter tes camarades d’école!!!

Oui, d’accord, je reprends….

De petits fruits rouges aussi, de la soupe de légumes – il est complexe le vieux – des épices douces, le cuir du cartable racorni du vieil écolier, du champignon qui se fraie un chemin entre les feuilles humides d’un automne installé. Un vieux bonheur odorant, qui resurgit du fin fond de mon histoire.

Le bruit assourdissant de ceux qui lisent ce texte et se disent, agacés, “P….n, il en fait des tonnes, encore plus que d’ordinaire le vieux schnoque” me parvient. Oui les grincheux, il me parvient, avec vos noms, vos adresses vos numéros de Comptes en Banques gavés des bénéfices honteux accumulés (Puisez dans vos souvenirs Mes Seigneurs). Ben oui les gars, une momie, même fatiguée par les tourments de la vie, ça a des chemins dans les tuyaux de la toile que le commun (très!) des moineaux, n’a pas.

Alors pas de critiques acerbes ou croates, parce que sinon….

Ah la bouche… Une attaque aussi franche que fraîche, comme une douceur agressive, une matière patinée, glissante comme les BL’s au sortir d’une sérieuse dégustation en pays Beaunois. En vrac, en foule, dans un désordre apparent, les fruits, le cuir et moultes autres nobles finesses, s’enroulent voluptueusement (comme le chat mouillé de la voisine dans son panier) autour de ma langue complice. Tout est douceur, subtilité complexe, dentelle, taffetas dans ce vin, d’une finesse… (là je ne vois pas à qui ou quoi comparer si ce n’est peut-être à la langue du meilleur Molière ou à une gavotte de Bach??). La finale (enfin ça se termine, soupirent les lecteurs pressés…) est dans la droite ligne, douce mais fraîche comme une caresse. Elle monte, très lentement, en puissance, pour délivrer d’ultimes notes de groseille, de menthe bleue qu’égaient quelques tanins, polis comme le matou de la voisine – top tendance le margay à poils ras – quand il a bu….

Pendant ce temps là, le chat de ma voisine, lové dans le couffin du bébé qu’elle n’a pas eu, ronronne…

 

ERASMOSETIRECONEENEE.

ROCK QUI ROLL AND RÂLE-MOPS…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Vendredis du Vin N° 31 *.

 

 

Depuis mille neuf cent cinquante et des béquilles, plus aucune génération n’a eu le talent d’inventer un courant musical digne de supplanter cette musique qui roule, avec autant de rage-amour-talent-furie-larmes-sang, les fulgurantes, les enivrantes, les désolantes, les abominables, les stupéfiantes, les saintes, autant que les diaboliques, errances humaines sur cette boule – bleue de peur de l’homme – qui tourne comme une obstinée, dans cette putain de galaxie perdue dans l’Univers. Je ne sais si l’œil de Dieu, en ce temps d’un autre siècle, était sur eux, mais de son doigt qui a touché Adam, il a subjugué Buddy Holly et lui a susurré «Peggy Sue»!!! De la même façon, sûr qu’il était dans le pelvis d’Elvis, quand il éjaculait «See see rider», car Jéhovah a créé la verge pour qu’elle fulmine, donne et dévore la joie!

Que le braquemart dérouille divinement, quand on lui gratte célestement les cordes…

 Tout ça pour dire que le miracle ne s’est plus reproduit depuis lors. Des resucées, des mièvreries, de l’Electro fadasse, de la House lénifiante, de la musique en purée lyophilisée, du Rap de rebelles à bretelles, plus putes du système que véritablement novateurs, gourmettes, fourrures customisées et bagouzes de haut goût. Pour toute création musicale, trois notes frustes, un rythme primaire qui fait son binaire basique, et plus que tout, haine de pacotille, femmes humiliées, ravalées, viandes crues qui se dandinent et s’exhibent, comme dindes promises à la broche. Quand «Johnny be Good» tourne au Johnny be gode… Et cette avidité affichée pour l’Avoir, le toujours plus, protéiforme. Ah misère glauquasse, mort des idéaux, cimetière des éléphants fragiles, généreux et fantasques!

Les générations se sont empilées. Grands pères, fils, filles et petits enfants, assiègent encore, en grappes soudées, les vieux concerts des ancêtres parcheminés, qui griffent de leurs doigts arthrosés, les cordes rutilantes de leurs guitares «vintage». Sans doute ne tronchent-ils plus, à médiators rabattus, les groupies hystériques et palpitantes, au pied de leurs autels païens, mais leurs riffs intacts, leurs soli métalliques ou soyeux, leurs rythmes telluriques, renversent toujours autant, les jeunes corps trempés, qui ondulent en cadence sous leurs briquets hurlants de larmes, au souvenir navré des enfants nouveaux qui ne sont jamais nés. Le Néo siècle n’est plus à la fureur de vivre, de fulgurer comme phosphore corrodant. Les petits archanges modernes sniffent leurs rails étriqués en baillant d’ennui, et se pâment, frileusement engoncés dans leurs certitudes rosâtres, plus libérales que généreusement incandescentes. Sous leurs écouteurs, dégoulinants des mayonnaises douceâtres que déversent les nouvelles stars des ondes étroites, ils s’isolent et communient, fascinés par leurs nombrils, seuls derrière les écrans tristes de leurs oripeaux gris standardisés, hors de prix. Lobotomisés de tous les pays, unissez vous pour vous acheter sur Internet des neurones en solde. Pas étonnant qu’on ne joue plus du Live Speed Destroy! Faut avoir de la fibre, du matos sous la calebasse, l’envie de voler, et de l’amour en réserve, pour que ça parte en feu d’artifice. Les Dieux pardonnent aux follets qui osent s’écarter des cohues melliflues.

Jagger is not over!!!

 Le temps a passé, dans ma vie comme dans mon verre, trop vite. Les mots coulent, du bout ma de plume à bout, exacerbés par la musique de ces Séraphins pas tout à fait déchus. Très tard mais jamais trop, la soif de vivre me reprend, brutale, violente, exigeante, impérieuse.

Pause et douceur de la musique du vin.

 Du fond de l’enfer passager dont je m’extrais à grand peine, je regarde le verre patient, beau comme une danseuse de Flamenco aux mains de colombe sacrifiée. Sombre, ivre de vins ténébreux, le Toréro va peut-être mourir? C’est à un vin du Roussillon que je demande la joie ce soir. Une de ces bouteilles judicieusement oubliées qui m’extirpera de cette Apocalypse insignifiante. Sur l’étiquette, sobre d’avant les modes – coïncidence ou conséquence, je ne sais plus – est écrit : Domaine Sol Payre «ATER Noir» 2001.

Sans atermoiements, une robe très «Ater», plus noire que l’atroce, plus obscure que la plus hermétique des chambres. «Niger» sous le rayon plongeant de la lampe certes, mais résolument mate en lumière ambiante. Définitivement «tenebricosus». Une âme que rien ni personne n’éclaircira jamais plus. Même le temps n’y a rien pu. Elle le traverse comme un jus d’âtre qui jamais ne trahira personne. Aucune trace «Rufus» ne l’altère. Elle est robe immuablement fuligineuse. De celles qui inquiètent la Mater, réjouissent le Pater et assurent l’universalité de leurs désirs d’en être. Loin d’être à terre, elle reste insondable, charbonnée comme le plus pur jais d’une étoile maudite.

Tu m’étonnes que peu lisent ce genre de conneries absconses, surtout pas les minettes roses… Elles y perdent leurs deux doigts de marketing fleuri et leurs babils charmants!

Ouvert et attendu un jour. Bien m’en a pris. C’est une profusion d’arômes qui me ravit. La violette ouvre le bal des maudits, suivent des notes empyreumatiques et de fruits rouges. Un nez qui chante l’Alléluia du Roussillon quand il est bon!!! Le temps, s’il a épargné la robe profonde, n’a pas oublié d’emmener le vin vers l’automne. C’est le temps de la bascule vers la terre grasse, l’humus et le champignon. S’ajoutent à la danse des notes de vieux cuir et de garrigue fatiguée par le soleil. Tout cela, fondu comme un motet de Tallis, chante à l’unisson le grand air du vin abouti.

La matière est puissante mais le toucher de bouche est de velours. Le vin gronde puis se déploie, gourmand. Les fruits noirs, les pruneaux cuits fondants, donnent de la rondeur. Chocolat et café dansent une Salsa poivrée. La finale est longue, l’alcool, transmuté par l’âge, laisse longtemps au palais des souvenirs perdus, la trace prégnante d’un vieux Porto.

Puisse ma plume, cracher, éructer, hoqueter encore un temps, les mots de rage dévorante et de sang frais, que m’inspire la vieille musique intemporelle des enfants fous des années soixante dix!

* Font chier ces # cons à la mode!

Et pour finir en beauté, un morceau d’une prometteuse petite, très bien accompagnée. Du pur, du dur, sans fioritures, sans concession, qui pulse à la vie plus qu’à la mort.

 

 

EVOLMOCATINICOQUENE.

 

LA BISE DE LALOU…

 Cranach l’Ancien. Portrait.

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 Eurêka, le Fillon nouveau est de retour, sans nous jamais avoir lâché la grappe.

Son sourire radieux de bon petit soldat chafouin s’affiche largement, tandis que le Borloo, répudié comme une matrone en perte de sex-appeal, retourne aux vendanges juteuses que lui promet son futur cabinet d’avocat de grasses affaires. Les médias, en haleine et en nage – brasse coulée et suées froides – depuis des jours et des nuits, respirent et étalent grassement, à grandes cuillères généreuses, le résultat de cette belle révolution gouvernementale qui assure de beaux lendemains, gras et radieux, à ceux que les lendemains n’angoissent pas. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes gras possibles. Pauvre vieux Voltaire ringard! Le temps, décidément est au gras de cochon. Au Beaujolais nouveau aussi, qui arrose largement les comptoirs hexagonaux, en cette sacro-sainte mi-novembre. Perdus dans les torrents acides de vins insipides, quelques rares hectolitres de vins friands, issus de raisins choyés, désaltéreront les gosiers malins de quelques «privilégiés» qui auront la chance de les croiser, au détour de quelques rades incertains derrière lesquels officient cavistes ou patrons illuminés. Ils ont noms peu connus : Molière (!), Ducroux, Burgaud, Bauchet…, et autres petits Poucets qui ne sont ni Charolais inondeurs de marchés, ni branchouillards aseptisés, standardisés, japoniaisés, mondialisés, émasculés…

Mais seuls les fleuves pollués des bojos GD coulent jusqu’à moi, hélas. Point de jus joyeux, tendres, goûteux et frais, à me mettre le palais en dentelles. Le Roland du Jura, futé entre les futés, les a encavés dans son antre inexpugnable, pour se les déguster matoisement, le finaud!

Alors, me reste la robe somptueuse de cette beauté nue liquide, de chair douce habillée, qui palpite, limpide, or rutilant, dans mon verre solitaire…

Ouverte depuis quelques heures, délesté d’un demi verre pourtant, cette Chassagne-Montrachet 1998 du domaine Leroy, à l’image de la dame de légende qui l’a élevée, ne se donne pas d’emblée. Pas du genre à minauder au premier regard l’ingénue. Une fausse pudeur sans doute… Mais, quand elle consent à s’entrouvrir, c’est un “pet de lapin” qu’envoie sa seigneurie! Du réduit, du placard, le renard de mémé oublié au grenier. On parle, on cause, on fait celui qui n’a rien senti, mais l’œil de côté ne quitte pas le verre, dont l’or luit insolemment, comme le regard d’une femme sûre de sa vénusté. J’ose, un peu plus tard, y remettre le nez, discrètement inquiet.

Et dire que je la couve l’orpheline, que je l’attends, la caresse de l’œil et du cœur, depuis presque cent ans! Pourvu qu’elle ne me fasse pas honte cette mijaurée, cette impératrice insolente et dorée, moi qui l’offrait à des amis très chers, bien plus que le prix scandaleux de la belle capricieuse…

Du beurre frais – Ouff – et de la bonne brioche tiède, me chatouillent agréablement l’appendice. L’air désinvolte, du genre “curé qui sort d’un bar à putes”, je repose le verre et fait mine de m’intéresser vivement à la conversation. Je multiplie les mimiques, les froncements divers et variés des sourcils, les plissements élégants du nez, les grimaces outrancières de la bouche… Mais le regard inquiet que me lance ma très douce absente, me calme, avant que d’autres ne remarquent les gouttes de sueur qui perlent à mon front buriné. Je tremble intérieurement et brûle de retourner à mon verre. Un dernier ricanement stupide, et je coupe le son. j’y re-suis! Le bruit des mandibules qui écrasent les petites mignardises tièdes, les machins et les trucs, tous les amuse-papilles, les mini brochettes sur lesquelles s’empalent les petites choses mortes ordinaires, et d’autres horreurs encore, ne m’atteint pas. C’est muré, mieux, emmuré que je suis, totalement autiste et dédaigneux de tous et de tout. J’ai le nez tout au fond du corsage de Mlle Chassagne et ça envoie! Acacia en fleur et en miel, citron confit, cire, silex chaud, cacao, garrigue, Maury, en vrac et en couleur…. Avec un air de circonstance – l’œil qui frise et le sourire faux – je refais surface. La tête me tourne un peu, j’ai du rester en apnée un moment. Allons-y, trinquons donc, à nos femmes, à nos chevaux et à ceux, les veinards, qui… Ça détend un peu l’atmosphère, mais très moyennement. C’est ce que je préfère, la grosse “faute de goût” volontaire, faite exprès. Il y en un qui se marre, un ancien artilleur, les autres grésillent poliment. Au moins une chose réussie ce soir me dis-je in petto. Tiens, voilà du zan maintenant, ça évolue gentiment, ça n’arrête plus. Youpie!

Mais revenons à l’objet de toutes mes attentions et de toutes mes craintes. Ouahhh, la grosse boule en bouche, ovoïde purée onctueuse de fruits jaunes mûrs, dans un papier de soie et de dentelle tressées. Le gras qu’il faut, la fraîcheur, l’équilibre, ça ne faiblit pas tout du long du gosier, ça lève la queue en fin de bouche, tout ce que j’aime. Marmelade de fruits jaunes, pâte de coing, “Mon Chéri” (les cerises à l’eau de vie). Très longue finale, interminablement tendre et bonne, fraîche, veloutée, sur une très fine impression tannique, qui laisse en bouche, caresse ultime, une mémoire subtile de pierre, de réglisse, d’épices et de poivre blanc.

Dans cette pénombre de velours gris, que percent à peine les lumières douces des ampoules en basse tension, comme mon cœur qui bat la chamade, discrète, d’un amour à jamais, qui me serre la gorge entre ses serres crochues.

Autour de moi, des humains babillent.

 

ELAMOTROUTICOILLENE.