Vermeer. L’entremetteuse.
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L’hiver est généreux cette année, il étale sa ouate bien avant la date officielle. En ces jours qui mettent l’Hortefeux en sueur, les bonhommes de neiges font la joie des enfants encore insouciants, et des carottes venues d’outre-océans qui creusent nos tombes(?). Dans les rues des villes, la tension monte, le consumérisme règne, il faut acheter, et acheter encore et toujours, sous peine de plomber l’économie, de freiner la croissance sans laquelle nos sociétés modernes seraient vouées à disparaître. Il faut voir comme ça tressaille dans les hypers, comment ça tremble dans les boutiques. Ah les cadeaux, il nous faut des cadeaux, des beaux, des laids, mais des gros, il faut que ça rutile, que ça en jette, que ça épate (mot de vieux!) les cadeaux, tous venus d’ailleurs, d’ailleurs, de ces contrées, encore obscures il y a peu, qui émergent, et qui, elles aussi, veulent participer à la grande fête planétaire des pays encore riches, et du gavage généralisé ! Boustifailles à la pelle et gadgets 0.0 ou 2.0 sont les mamelles incontournables de la reprise?
Mais pas question de gâcher les Fêtes avec ces remarques, d’aussi mauvais goût(s) que les mégalitres de pinards, arrachés à bas prix par la GD fraternelle à tous les vignerons en péril. Parce ce que, pour vendre des bouteilles à un euro ou moins, comment faire bon? Sinon à cramer la vigne, à la faire pisser à grands jets pour espérer se rattraper sur les volumes; de l’aqueux, du court, du gelé aux sulfites pour pas que ça bouge, mais du beaucoup, des rouleaux de picrates pour surfeurs assoiffés, qui s’en alleront décaper les gosiers de tous les grassement intoxiqués de la si jolie fin d’année.
Pourtant, pourtant, pourtant! Pourtant, oui pourtant…
Allez, je laisse de côté la syntaxe “distroy” appropriée aux reginglards sus-dénoncés pour retrouver une langue, sinon moins râpeuse, du moins plus en vibration avec les «petits» vins, qui ne voient pas briller leurs ors ou leurs rubis sur les belles tables festives qui clignotent dans les magazines et les reportages clinquants de nos lucarnes dorées…
Il est bien temps de bien dire combien les petits peuvent être grands et bons!
Pour les fêtes, amis, Beaujolpifez à souhait, Muscadochez à satiété. Que les embarrassés qui n’ont pas l’embarras du choix, que les fauchés, les banquiers honnêtes, les jeunes en CDD, les vieux qui végètent sous leurs retraites étriquées, et tous ceux qui aiment boire bon aussi, oublient les grands flacons, les Châteaux dans les prairies desquels paissent de beaux et grands chevaux blancs, les Domaines amis du papa d’Émile ou du Prince à qui il ne fallait pas vouloir en conter. N’en franchissez pas les grilles dorées, ils n’ont pas besoin de vous et se portent bien, voire mieux que très bien. Oubliez un instant l’esprit de lucre et soyez, par vos choix, solidaires de ceux qui tirent la grappe par la queue.
Allez, en foule, et comme ça vient…
Dans la série Muscadet, au pays du Bourgogne qui n’a pas le Melon, buvez Gorgeois, Clisson, Monnières, Saint Fiacre, Goulaine, Vallet, Sanguèze… qui croissent et embellissent sur Gabbro, Schistes, Granite… Vous trouverez de belles pépites qui ne craignent pas la garde, chez Brégeon, Landron, Charbonneau, Gadais, Luneau-Papin, Cormerais, Ollivier, Guérin, et d’autres, nombreux encore. Déçus vous ne serez, et ruinés sûrement pas!
Autre pays de Cocagne, le pays de Beaujolais, tout en courbes chargées de vignes de Gamay, qui résillent au printemps leurs rondeurs aussi fermes qu’avenantes. En cette région si souvent décriée, ruez vous comme rats sur fromages affinés. Achetez, encavez, buvez ces jus glissants, riches de fruits frais, aux matières conséquentes et goûteuses, que l’oubli – difficile certes – bonifie. Pour une fois, vous, que les tarifs, ailleurs, le plus souvent, sidèrent, serez surpris, ravis, enchantés de pouvoir acheter enfin, des vins qui ne sentent pas le cuir luxueux, la loupe de noyer, et le caoutchouc frais! Allez, courez, musardez, flânez, débouchez les Beaujobeaux qui feront de vous de vrais Bonobos shootés au pur Gamay noir à jus blanc! Sonnez aux domaines et entrez chez l’Isa-Belle des Côtes de la Molière dont les Poquelins (!) et les Moulins ne brassent pas du Vent (!), chez Jean Marc Burgaud et ses Morgons longs et pas bougons, tout comme chez Louis Claude Desvignes, autre Morgonneux de talent, dont les Javernières vous parleront la langue de la finesse et de l’élégance. Une joyeuse équipe, à laquelle il ne faut pas hésiter à joindre Daniel Bouland dont les Vieilles Vignes sont orgasmatomiques !!! Entrez un peu plus tard, si vous le pouvez encore, vous faire sonner les cloches au Château des Bachelards (oui y’s’la pète un peu…), par le Village et le Fleurie, par la Banane (primeure mais encore lourde de bonheur, en ce jour qui me voit l’éplucher) du sieur Bauchet et sa faconde du même métal. Chez Chignard, humble et peu bavard (ça repose…), désaltérez vous à la source des Moriers et des Vieilles Vignes. Et puis encore Franck Georges, Thivin, Viornery et d’autres que je ne connais pas…
Tous, en ces régions – la Beaujolète comme la Muscadaise – regorgent de bouteilles, à point nommé, faites pour aviver vos fêtes obligées, comme vos soirées improvisées.
Et que l’on n’aille pas dire que ce «publireportage» a été financé par un consortium quelconque ou rétribué par palettes.
Non, j’écris ce que goûte et aime !!!
ERASMOSATISIEECONE…