LES LILAS SONT EN FLEURS.

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Vanité de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Ah, la place Vendôme en ce petit matin d’été, déserte, ses arcades et son doigt de granit dressé !

Oh le dôme, il étincelle, là, quelque part devant l’histoire mille fois brûlée !

Sur l’esplanade le bruit gourmand des fers émoussés qui frappent le pavé,

et les plumes chamarrées,

et les plastrons dorés, les éperons cinglants, les moustaches taillées,

gommées à se tendre,

à montrer le ciel ciré des espaces d’ailleurs et d’avant, comme l’obélisque des amours si durs,

des amours de velours,

de masque de fer,

et de voilettes baissées,

les petits pas claquants, mille jupons chantants en diagonale,

la reine est au fou,

le poison dans la fiole cachée, perdue dans les cents plis

des traînes et des traînées.

Voilà que le temps bascule, la terre se fend, tout s’écroule quand tout

remonte du profond

des laves des coeurs éteints.

Vanités étalées comme de précieuses dentelles effilochées par les dents aiguës

du temps implacable,

du temps qui fait le mort,

le temps qui est la mort,

la seule qui vaille, vaille que vaille, enfers et entrailles, cercueils perdus des histoires de peu, de pieux, d’organdi et de lit des grands empanachés.

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La brise tiède a soufflé, les lilas sont en fleurs.

Commentaires
  • Paul dit :

    D’abord tu vois le lilas, frais, riche, tu veux y plonger le nez, secouer les fleurs, les faire voler. Puis il y a les feuilles de sang, les yeux dans les feuille set dans les yeux j’ai vu les mots. J’aime la structure du poème, les vers très longs, on est emporté par l’histoire de l’humanité vaine.

  • Pierre-Marie dit :

    Poésie dans le dessin, images dans la poésie. Une finesse fusionnelle qui laisse songeur. Brigitte la boucle d’oreille baroque accrochée au lilas, chapeau! Christian, relis toi, une somme incroyable de textures et de couleurs dans ton poème.

  • Ardashir dit :

    Dentelles effilochées par la finitude chevillée à l’humanité. Et la fraicheur des lilas n’y pourra rien.

  • Amelia dit :

    J’ai envie de demander pourquoi le lilas pour représenter la vanité mais je me dis que c’est toute la réussite de ce poème, de ce dessin. Alors je ne demande pas. Vanitas vanitatum omnia vanitas et le temps passe, inéxorablement.

  • Antoine dit :

    Structure qui me parle, les vers longs, rythme différent, j’aime beaucoup. Ils vont bien avec l’imge du temps qui file. Je suis troublé par le dernier vers et par la grappe de lilas. Ce sont eux qui laissent un goût amer en définitive. On a un sentiment de révolte face à toute cette beauté qui va se faner.

  • Zakaria dit :

    Le masque de fer, l’affaire des poisons, les bijoux de la place V, la reine et son fou, tout meurt, l’homme n’est rien. Pourtant l’homme est tout. Comme ce lilas de dentelle, délicat fragile, il porte en lui l’immensité de la beauté et de la vie. J’ai purement et simplement adoré la poésie et son illustration.

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