UN ACARIEN.

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La De visite les monstres.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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L’acarien sale gueule a des dents de requin

Minuscules et aigües elle vous piquent le crâne

A trop souffler la nuit, il descend jusqu’aux seins

Endormis que vous êtes il dévore vos âmes

Sa faim est sans limites, il avale tout et rien

L’acarien est un monstre qui perce les peaux d’airain.

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Zacharia est le prince de la gente Acarienne

Un costaud, un balèze, au gros yeux globuleux

Deux billes translucides habitées par le feu

Mais tout cela n’est rien il faut voir son gros nez

Un tarin de damné qu’il porte jusqu’aux pieds

Il adore les odeurs des aisselles enflammées.

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Plus la chambre est crasseuse, plus le plumard empeste

Plus le bougre est heureux, plus la pitance est bonne

Ce n’est pas un gaillard à sucer de l’eau fraîche

Il faut que ça remugle, que ça sente le funeste.

Zach adore la vieille bête, la gironde, la daronne

Qui ne lave ses fesses qu’en sortant de confesse.

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Quand la nuit est profonde, quand la lune avalée

A laissé orphelines les étoiles chagrinées

L’acarien opiniâtre quitte le traversin

Le corps abandonné aux rêves assassins

S’offre à ses mandibules aux rasoirs affûtés

Et Zach en pleine extase mord dans le gibier.

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Cette nuit la fenêtre est restée entrouverte

Le ciel est si noir, les nuages en bataille

Roulent en rangs serrés, le vent fou est mauvais

Sous la bourrasque folle, pauvre Zach emporté

Loin très loin, terrifié, et le voilà qui braille

Plus de gigot saignant, foutue fenêtre ouverte !

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Aux cheveux d’un curé il a pu s’agripper

Mais il a rebondi, a roulé tout meurtri

Jusque chez un bébé endormi dans son lit

Zacharia épuisé, s’est refait une beauté

Dans le cou du bébé il s’est laissé glisser

A mordu la soie tendre et le sang a giclé.

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Les nuits de l’acarien valent bien vos amours.

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