SUR LAPIERRE TOMBALE…

Le Tintoret. La Cène.

 

…de Marcel, je peine à imaginer une épitaphe pompeuse, alambiquée comme Gamay surproduit. Non rien, sinon fleurs sur herbes vertes et pampres tirebouchonnés.

Lapierre s’en est allée rouler ailleurs, sur les pentes douces et légères du Grand Mystère d’après. Au bout de ce tunnel que l’on dit si lumineux, si blanc, l’attendent peut-être, rieurs et transparents, débarrassés des lourdeurs ordinaires de nos petits tracas d’humains engoncés dans la matière épaisse, une foultitude de joyeux ex-lurons, hilares, extasiés. Humour céleste, il avalent à grande lampée, une liqueur immatérielle, rouge comme tous les astres d’avant départ, qui vibre et fait chanter les chœurs angéliques. Le monde diaphane, ce monde – si monde il y a – qui nous effraie nos vie durant, célèbre son arrivée… Cet âme, qui oeuvra, homme, se retourne sans doute encore, vers ceux tout en bas, qui furent les siens. Et nous, même ceux qui l’ont bu sans l’avoir jamais connu, savons qu’un homme qui fit de tels vins d’amitiés et de partages sincères, nous manquera, égoïstes que nous sommes.

Le soleil rose du petit matin, en cet automne bleu, caresse de ses rayons naissants, les croupes douce du pays Beaujolais, ce pays, beau des vins de Marcel et laid des vins fades du novembre à venir… Là-bas, à mi-pente, l’image tremblée d’une barbe de barde souriant, comme un mirage qui s’efface lentement, subsiste, un peu, encore, dans le foisonnement roux comme pubis Irlandais, des vignes qu’il a aimées et respectées…

Va ton chemin l’ami, tu laisses derrière toi les bouteilles pleines d’un bonheur naturel et désaltérant, qui mettront longtemps encore, en nos bouches de si peu d’amour en mots, les jus coulants et roulants de tous les soirs de joyeuses tendresses à venir.

Ce matin le naturel n’est pas vain, il est bon de pleurer…

 

ELAMOPIERRETIQUIROUCOLENE.