ROCK QUI ROLL AND RÂLE-MOPS…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Vendredis du Vin N° 31 *.

 

 

Depuis mille neuf cent cinquante et des béquilles, plus aucune génération n’a eu le talent d’inventer un courant musical digne de supplanter cette musique qui roule, avec autant de rage-amour-talent-furie-larmes-sang, les fulgurantes, les enivrantes, les désolantes, les abominables, les stupéfiantes, les saintes, autant que les diaboliques, errances humaines sur cette boule – bleue de peur de l’homme – qui tourne comme une obstinée, dans cette putain de galaxie perdue dans l’Univers. Je ne sais si l’œil de Dieu, en ce temps d’un autre siècle, était sur eux, mais de son doigt qui a touché Adam, il a subjugué Buddy Holly et lui a susurré «Peggy Sue»!!! De la même façon, sûr qu’il était dans le pelvis d’Elvis, quand il éjaculait «See see rider», car Jéhovah a créé la verge pour qu’elle fulmine, donne et dévore la joie!

Que le braquemart dérouille divinement, quand on lui gratte célestement les cordes…

 Tout ça pour dire que le miracle ne s’est plus reproduit depuis lors. Des resucées, des mièvreries, de l’Electro fadasse, de la House lénifiante, de la musique en purée lyophilisée, du Rap de rebelles à bretelles, plus putes du système que véritablement novateurs, gourmettes, fourrures customisées et bagouzes de haut goût. Pour toute création musicale, trois notes frustes, un rythme primaire qui fait son binaire basique, et plus que tout, haine de pacotille, femmes humiliées, ravalées, viandes crues qui se dandinent et s’exhibent, comme dindes promises à la broche. Quand «Johnny be Good» tourne au Johnny be gode… Et cette avidité affichée pour l’Avoir, le toujours plus, protéiforme. Ah misère glauquasse, mort des idéaux, cimetière des éléphants fragiles, généreux et fantasques!

Les générations se sont empilées. Grands pères, fils, filles et petits enfants, assiègent encore, en grappes soudées, les vieux concerts des ancêtres parcheminés, qui griffent de leurs doigts arthrosés, les cordes rutilantes de leurs guitares «vintage». Sans doute ne tronchent-ils plus, à médiators rabattus, les groupies hystériques et palpitantes, au pied de leurs autels païens, mais leurs riffs intacts, leurs soli métalliques ou soyeux, leurs rythmes telluriques, renversent toujours autant, les jeunes corps trempés, qui ondulent en cadence sous leurs briquets hurlants de larmes, au souvenir navré des enfants nouveaux qui ne sont jamais nés. Le Néo siècle n’est plus à la fureur de vivre, de fulgurer comme phosphore corrodant. Les petits archanges modernes sniffent leurs rails étriqués en baillant d’ennui, et se pâment, frileusement engoncés dans leurs certitudes rosâtres, plus libérales que généreusement incandescentes. Sous leurs écouteurs, dégoulinants des mayonnaises douceâtres que déversent les nouvelles stars des ondes étroites, ils s’isolent et communient, fascinés par leurs nombrils, seuls derrière les écrans tristes de leurs oripeaux gris standardisés, hors de prix. Lobotomisés de tous les pays, unissez vous pour vous acheter sur Internet des neurones en solde. Pas étonnant qu’on ne joue plus du Live Speed Destroy! Faut avoir de la fibre, du matos sous la calebasse, l’envie de voler, et de l’amour en réserve, pour que ça parte en feu d’artifice. Les Dieux pardonnent aux follets qui osent s’écarter des cohues melliflues.

Jagger is not over!!!

 Le temps a passé, dans ma vie comme dans mon verre, trop vite. Les mots coulent, du bout ma de plume à bout, exacerbés par la musique de ces Séraphins pas tout à fait déchus. Très tard mais jamais trop, la soif de vivre me reprend, brutale, violente, exigeante, impérieuse.

Pause et douceur de la musique du vin.

 Du fond de l’enfer passager dont je m’extrais à grand peine, je regarde le verre patient, beau comme une danseuse de Flamenco aux mains de colombe sacrifiée. Sombre, ivre de vins ténébreux, le Toréro va peut-être mourir? C’est à un vin du Roussillon que je demande la joie ce soir. Une de ces bouteilles judicieusement oubliées qui m’extirpera de cette Apocalypse insignifiante. Sur l’étiquette, sobre d’avant les modes – coïncidence ou conséquence, je ne sais plus – est écrit : Domaine Sol Payre «ATER Noir» 2001.

Sans atermoiements, une robe très «Ater», plus noire que l’atroce, plus obscure que la plus hermétique des chambres. «Niger» sous le rayon plongeant de la lampe certes, mais résolument mate en lumière ambiante. Définitivement «tenebricosus». Une âme que rien ni personne n’éclaircira jamais plus. Même le temps n’y a rien pu. Elle le traverse comme un jus d’âtre qui jamais ne trahira personne. Aucune trace «Rufus» ne l’altère. Elle est robe immuablement fuligineuse. De celles qui inquiètent la Mater, réjouissent le Pater et assurent l’universalité de leurs désirs d’en être. Loin d’être à terre, elle reste insondable, charbonnée comme le plus pur jais d’une étoile maudite.

Tu m’étonnes que peu lisent ce genre de conneries absconses, surtout pas les minettes roses… Elles y perdent leurs deux doigts de marketing fleuri et leurs babils charmants!

Ouvert et attendu un jour. Bien m’en a pris. C’est une profusion d’arômes qui me ravit. La violette ouvre le bal des maudits, suivent des notes empyreumatiques et de fruits rouges. Un nez qui chante l’Alléluia du Roussillon quand il est bon!!! Le temps, s’il a épargné la robe profonde, n’a pas oublié d’emmener le vin vers l’automne. C’est le temps de la bascule vers la terre grasse, l’humus et le champignon. S’ajoutent à la danse des notes de vieux cuir et de garrigue fatiguée par le soleil. Tout cela, fondu comme un motet de Tallis, chante à l’unisson le grand air du vin abouti.

La matière est puissante mais le toucher de bouche est de velours. Le vin gronde puis se déploie, gourmand. Les fruits noirs, les pruneaux cuits fondants, donnent de la rondeur. Chocolat et café dansent une Salsa poivrée. La finale est longue, l’alcool, transmuté par l’âge, laisse longtemps au palais des souvenirs perdus, la trace prégnante d’un vieux Porto.

Puisse ma plume, cracher, éructer, hoqueter encore un temps, les mots de rage dévorante et de sang frais, que m’inspire la vieille musique intemporelle des enfants fous des années soixante dix!

* Font chier ces # cons à la mode!

Et pour finir en beauté, un morceau d’une prometteuse petite, très bien accompagnée. Du pur, du dur, sans fioritures, sans concession, qui pulse à la vie plus qu’à la mort.

 

 

EVOLMOCATINICOQUENE.