PAPA NOEL, DEUX LIBELLULES ET SEPT NAINS…
Vladimir Kush. “Departure of the Winged Ship”.
C’était le début de l’été, peu avant que Décembre attaque…
Les forces marchandes annonceraient un Noël 3D, rouge, vert et relief. Papa Barbe Blanche et cadeaux incontournables commenceraient à me manger la tête et les yeux. Dans les bassins encore tièdes, belons et portugaises trembleraient sous l’eau des claires, dans le miroir desquelles se mirerait encore un soleil anémié. Les feuilles quitteraient le gîte bruissant des arbres en pleurs. Bientôt ils seront nus, décharnés et branches tordues, sous la morsure acide des vents glacés…
Les jus des vins de l’année mangeraient leur alcool et se prépareraient à la « malo » qui les ferait embryonner au printemps. Tout semblerait aller pour le mieux dans le meilleur des petits mondes possibles. Au dessus de leurs claviers, aux quatre coins Français du Web Hexagonal, les amoureux du vin des treilles – pour nombre d’entre elles encore peu connues – concocteraient leurs petits papiers sans importance. Discussions, découvertes, chamailleries puériles, échanges, iront leur train de sécateur. En vrac, tout de trac, sans arrières pensées, comme des enfants dans la cour de récréation… A l’échelle du Web Gaulois, le monde du vin est microcosmique, à hauteur planétaire le Web Gaulois est œuf de colibri et le placard vinesque est micro-atomique. C’est pour cela qu’il émet, plus souvent que supportable, de petits pets foireux dont certains sont carrément puants… Grâce soit rendue au Dieu Matrix, chiffonneries et pestilences sont jasmins en fleurs, au regard des vides intersidéraux alentours.
Or donc, au cœur de notre belle capitale, un jeune nain, geekounet invétéré, écrivaillonneur à l’occasion, se mit à rêver de mers immenses et de pirates audacieux. Fureteur comme tout bon I-Phoneur à géométrie Twittée, et petite Face de Bouc à ses heures, il se résolut, hardi, décidé et énergique, à monter un équipage, qui au secret de ses plus folles chimères, envahirait le monde concret du papier à bord d’un vaisseau de haut bord, utilement titré « Guide des vins Pirates ». Lequel prendrait d’abordage l’escadre souveraine des Corsaires du Roi du parchemin, et révolutionnerait à boulets rabattus les mœurs très hiérarchisées du Lilliput livresque vinique ! Bien sûr, ce très tout petit Nain Parisien ne se berçait d’aucune illusion et voulait simplement ficher un insolent mini coup de pipette dans l’ordre très établi des strates empilées de nababs cauteleux. Histoire de commettre un petit attentat, aussi pacifique que l’océan éponyme, une sorte de tsunamini de papier, une pincée de poil à gratter, qui mettraient à l’honneur quelques vignerons, peu connus ou nouveaux, mais pas thermos-régulés, amoureux des petites fleurs dans les vignes, des défricheurs de terres nouvelles, et de mœurs œnologiques au plus près possible du « naturel » mais pas pour autant disciples de la queue de renard trempée dans le pinard. Tout un tas de vrais faiseurs de bons ou futurs presque grands vins, autrement amicalement surnommés « Les Co-Bions » et autres énergétiques dynamisés.
Les Nains de Blanche Neige étaient sept. Candide le Geekounet sus-présenté en convainquit six autres sans trop d’efforts. Les blogueurs non rétribués sont gens fous, très souvent aventuriers intègres. Au long cours de sa campagne électorale, il prit aussi à sa pipette gouailleuse deux libellules aux ailes plus ou moins kilométrées qui voletaient alentours les vignes propres. Certes les nains avaient quelque(s) surnom(s) chacun mais je n’en connais très bien qu’un seul, le mien : Grincheux le Chieur qui vous conte ce Conte naïf, où les Princesses meurent éventrées et les Princes empalés par un Père Noël transformiste…
Or donc bis, Candide, alias Enrageek le Poulbot se mit en quête d’un investisseur en pâte à papier encrée qu’il convaincrait derechef et mettrait extasié à ses pieds, hypnotisé que serait le marchand de feuillets, par l’originale qualité du projet ainsi que par la faconde enthousiaste et communicative du petit sieur. En moins de temps qu’il n’en faudrait pour vider sept verres, un facteur d’in-quarto, de belle envergure, fut séduit par le projet et la gouaille du poulbot. Papa Noël, de son nom de chantre du papyrus, nous réunit, nains et libellules – YESSSS ! – en la Capitale elle même. Échappés de leurs jardins de provinces et autres lieux reculés, homoncules et demoiselles blogueu(se)rs, déjeunèrent, burent puis signèrent nombre exemplaires de contrats abscons (mais pas pour Papa!) à l’heure du café. Ébahis et repus, confiants et décidés, tous s’en retournèrent à leurs travaux gustatifs prêts à tirer les bords inédits qui les mèneraient à l’in-octavo.
Dare-dare, illico presto autant que d’arrache-pied, l’équipage de baltringues extatiques se mit à l’ouvrage. Dans les bruissements multiples de la Toile, on entendait cliqueter furieusement leurs claviers. Aux confins des Marches de l’Est, Timide Le Bon autrement surnommé Le Précis, voire Le Méticuleux, tricotait assidument ses textes autour de vignerons étincelants dans l’ombre des Grands Crus aux noms imprononçables… Joyeux l’Enveloppé, autrement affublé de surnoms fantaisistes tels que Le Grand Nain Jaune, L’Arpenteur sévèrement Trompé, Le Savant Gnain… courait par monts et vaux, si verts par chez lui, portraiturant à sa manière impressionniste d’obscurs ouilleurs, lumineux sous leurs voiles fragiles. Au delà des Alpes Françaises, dans les verts pâturages peuplés de vaches violettes et de coucous bruyants, Dormeur Le Lent, ainsi injustement supputé, tant les lieux communs attachés au pays des Cantons sont stupides et tenaces, se démenait comme un beau diable entre Petite Arvine, Cornalin et autre Chautagne exotiques, tantôt escaladant, tantôt dévalant… Clochette l’Evanaissante, ainsi rebaptisée tant sa jeunesse mutine et rieuse, dynamisait la troupe, remontait la Loire, de Paris à Nantes à grands coups de pagaies quand elle n’empruntait pas les chenins de traverse qui l’emmenaient à l’école buissonnière des talents naissants et des anciens nouveaux génies à demi ignorés… Atchoum Le Chouan chevauchait les longues cavales grises qui roulent incessamment au long des ciel venteux des Côtes Atlantiques, galopant à travers Fiefs et Melons de Bourgogne, barbe frisée, huîtres grasses, lippe gourmande et beurre salé à la main… Prof le Sage, que le moindre Verdot envoie au Cabernet pas toujours Franc devait son hétéronyme à de récents travaux Girondins, unanimement encensés, toutes chapelles confondues ou presque. Éclectique, il puisait à bâbord comme à tribord des perles de vins de grands fonds, qu’il polissait et repolissait longuement jusqu’à ce qu’elles étincèlent, plus encore que couronnes royales. Enfin O’Catharinette La Brune, également appelée gourmandement La Ronde Du Vin, s’échappait régulièrement de son arrondissement bridé, n’hésitant pas à descendre le couloir du Rhône pour explorer la Provence, la Corse et autres terres ensoleillées. Curieuse, elle dénichait de jolis œufs tous frais, au creux de nids tièdes encore inconnus des coucous…
Le Grincheux qui vous narre, n’en finissait pas de râler, de vitupérer à longueur de mails, agaçant ses congénères, réclamant, menaçant, recadrant, défendant sa soif de liberté étroite, voulant à tout prix jouer sa petite musique acide. Ses frères Nains et sœurs de petite importance, patients, l’écoutaient, le rassuraient, le supportaient. Il n’en pondait pas moins moult textes introductifs aux belle Régions de France et autres vignobles Européens, à sa façon, autant de contes destinés à ravir les lecteurs espérés curieux. Le temps passait, tous s’échinaient à donner leur meilleur.
Plus de cent et quelques textes après la ligne de départ, un beau jour qui voyait le frêle esquif fendre les flots et prendre les vents portants vers l’imprimerie, proche désormais, l’armateur éditeur précautionneux rompit le gouvernail qui envoya la coque de noix fraîche se fracasser contre les récifs aigus des prétextes économiques. Le bateau n’était plus viable « at all », comme ça, d’un coup, en un beau jour de Printemps. Il paraissait alors que les marchands, comptables du Temple Éditorial, avaient usé leurs crayons à d’obscurs calculs complexes qui démontraient la chose. Mieux valait abandonner le rafiot à deux encablures du port et jeter l’encre par dessus bord. La joyeuse troupe de nains naïfs fut sacrifiée sur l’autel de la rentabilité prétendument inatteignable et la nef rejoignit la flottille des Hollandais Volants qui naviguent, à tout jamais perdus, dans l’entre-deux monde des avortements livresques honteux.
La messe était dite, les Nains besogneux ne verraient jamais leurs amours sur papier, et tout resterait en l’état frileux et immuable dans le meilleur des mondes conventionnels possible. Déception, désillusion, petites colères passées, le Grincheux que je suis continue de vaticiner à l’ombre des contre-allées. Les autres membres de cet équipage de minuscules poursuivent leurs chemins de passion, de partage et d’écriture, tout comme avant, continuant de plonger leurs plumes bien taillées dans les encres multicolores de leurs rencontres…
Alors amis de passage, méfiez vous des Pères Noël suceurs d’oreilles tendres qui prétendent déposer à vos petits petons, de rutilants cadeaux !!!
Apprenez à nager avant de prendre la mer…
Même plus soif….
ben, normalement, je lis, j’apprécie, je comprends… mais là, faut dire: “j’entrave que quic….”, cher Christian. Il doit y avoir une grosse lacune dans mon inculturation – est-ce grave, docteur;-)?
Un éditeur, des blogueurs, un “Guide Pirate du Vin”, sabordé à quelques encablures du rivages, le tout à ma sauce…
Christian,
Dans tout projet, il peut y avoir de faux départ.
Mais surtout dans toutes créations, c’est deux pas en avant et un en arrière. C’est la danse de la vie.
Ce n’était pas pour un 100 m.
Alors, remets toi dans le starting-bloc. Il n’est pas trop tard.
Ce n’était, peut-être, pas la personne avec qui vous deviez partir?
Ce n’était, peut-être, que pour mieux revoir la copie.
Mais, c’est l’espoir, de trouver mieux.
Cette corvette ne peut pas être devenue galère. Ne lâches pas.
PS. Difficile de trouver le nom des 2 libellules et de tes compères de la toile (voile), nanifiés.
Pourtant… Mais il convenait de les protéger un peu, l’une est timide, l’autre est discrète. Enfin… N’empêche qu’on ne largue pas les gens après les avoir fait bosser des mois… comme ça…
Si un travail a été fait, vous n’allez pas le mettre à la poubelle!
Encore, un peu de travail pour le valoriser.
C’est regrettable. Nous ne vivons pas dans un monde de bisonours et ceux qui appartiennent à la presse du vin ne font que reproduire un systême érigé en régle de fonctionnement.
Lorsque le non professionnel veut “participer” il lui faut accepter ces rêgles…sinon il lui reste le web et la liberté qu’il peut offrir mais alors, l’amateur ne reste qu’un “amateur”…
Ce qui reste le plus important n’est-il pas le message plus que la reconnaissance de son auteur ?
Vive le web et la liberté qu’il donne pour s’exprimer, tu en est un bon exemple Christian
Dany
Triste nouvelle Christian, moi qui me réjouissais de pouvoir te (vous) lire sur un écran non lumineux.
Peux-tu me dire ce qui a “bloqué” dans le projet…
Car si c’est niveau édition j’ai peut-être une petite idée, indépendante.
Mais j’imagine que c’est plutôt la distribution/diffusion qui pose problème ?
En tout cas je veux bien en savoir plus…
Salut cyril, t’ai répondu par mail…
C’est regrettable. Nous ne vivons pas dans un monde de bisonours et ceux qui appartiennent à la presse du vin ne font que reproduire un systême érigé en régle de fonctionnement.Lorsque le non professionnel veut « participer » il lui faut accepter ces rêgles…sinon il lui reste le web et la liberté qu’il peut offrir mais alors, l’amateur ne reste qu’un « amateur »…Ce qui reste le plus important n’est-il pas le message plus que la reconnaissance de son auteur ?Vive le web et la liberté qu’il donne pour s’exprimer, tu en est un bon exemple ChristianDany
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Christian,
Je te remercie pour ce texte.
Aujourd’hui, place à ce qui savent tout mieux que les autres. Les donneurs de conseil(s) et autres fines lames du clavier qui sauront nous expliquer où et pourquoi le frêle esquif aura chaviré où été éperonné. C’est selon.
M’en fiche à vrai dire. Il y a eu quelques échanges fumeux entre nous parfois. C’est vrai. Mais l’aventure, même en se terminant au fond de la baie des Cochons n’en reste pas moins belle. C’est ce que je retiens et pour cela vous en remercie, vous, mes huit amis de la wineflibuste avec qui j’ai vogué quelques mois durant.
Laurent