DANS LES REPLIS DE LA TOILE, L’ÉCHELLE QUI MÈNE AUX ÉTOILES…

Van der Weyden. Portrait de Francesco d’Este.

 

Il en va des blogs dédiés au sang de Bacchus comme des vins «nature» dans le paysage viticole, comme de l’usage des intrants et autre soufre dans le secret souffrant des chais, comme de l’art d’accommoder les patates… comme de tous les possibles auxquels l’homme s’attelle. Ça balaie large, de l’insipide au grandiose, de l’anodin à l’inspiré. Et mieux, il arrive que l’anodin fasse son inspiré et/ou que le grandiose de grande surface soit insipide !

L’un des tous meilleurs à mes modestes yeux est animé de souffle de maître par un Suisse iconoclaste, qui cite Deleuze sur des airs de R’n’Roll des années 70. L’homme est sec comme une gousse de vanille, son œil est vif comme un instantané de Cartier Bresson, et son sourire enfin garde quelque chose de l’espièglerie tendre de l’enfance. Mais il est d’affaires aussi ! Certes il traîne sa silhouette déguingandée et ses santiags (?) dans tous les palaces de la planète, en compagnie des plus illustres et supposés seigneurs du microcosme vinique. Il goûte plus souvent qu’à son tour à tous les grands jus de la terre que vous ne boirez jamais, mais peut-être aussi (?) aux plus obscurs des sirops que concoctent les «chercheurs» inconnus, dans la pénombre des caves perdues de tous les «continents», à toutes les altitudes… même les plus improbables. Sans doute.

Il ne néglige rien et reste en éveil. C’est sa «posture» naturelle. Il ne la force pas, il ne la joue pas. Ou alors c’est de la belle ouvrage, très nature-nouvelle-vague du temps passé. C’est ainsi qu’il «est», c’est du moins comme ça qu’il me semble que je le sens, Mister Tambourine Wine. Du royaume de l’Être avant que de la banque de l’Avoir, semble t-il. C’est sa fraîcheur à lui, qui pourrait ronronner ses certitudes installées, encore et toujours, comme d’autres qui se roulent dans la soie des vins et des draps à longueur de vie. C’est un curieux, de cette fratrie en voie d’extinction de la Curiosité, qui connait et fréquente les tables les plus huppées comme moi ma pizzéria préférée, mais qui semble au comble de la joie, quand il improvise dans sa cuisine perso ses petits frichtis qu’ont l’air gourmands et précis. Il traverse les mille-plateaux de l’expérience comme l’ont fait avant lui quelques touche-à-tout, dilletantes détachés. Je ne sais s’il l’est, suprêmement décontindéjanté, mais… sûr qu’il aime Cocteau. Bukowski ?

De la race des Mercuriens, il butine avec talent, talon agile, et nez au vent des cimes des impossibles.

Les petits marquis ont beau étaler les extraits secs de leur culture aride, aligner les citations et déverser leurs remarques ampoulées aux pieds de Monsieur qui aurait pu être d’Este, il leur répond, enfin… pas toujours, et ne se lasse jamais. Un des plus souriants silences que j’ai jamais lus.

Qu’il soit remercié de m’emmener ainsi, chaque jour ou presque, d’un pas léger, sur les sentiers escarpés de ses voyages, de ses rêves, de ses escalades, de ses fantaisies.

Mais je ne suis pour autant jamais sûr de rien, même pas du bleu céruléen de ce matin d’avril, si ce n’est en l’affaire, de mon optimisme. Qui veut bien peindre les oeufs de Pâques en rose… ?

EGIMMOMETISOMECOLOVIN’NE.

Commentaires
Réagissez sur Michel