LA VIE EST REVENUE.

Le dragon de l’Île de La De.
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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Jamais je n’aurais dû, assis sur cette berge,
Écouter ce dragon aux écailles d’argent,
Il pleurait tout son soul sa vouivre aux yeux de braise,
De ses grands yeux rubis coulaient des larmes d’or.
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Il me dit que la nuit quand le soleil s’endort,
La lune en habit blanc cache au creux de son sein,
Sa belle évanouie emportée par la mort,
Ses émeraudes pâles, sa poitrine d’airain.
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Triste, je regardais se perdre les eaux vertes,
Sous le vieux pont de pierre, le dragon épuisé
Soufflait comme un martyr. Par la fenêtre ouverte,
Les branches du grand saule, au vent se balançaient.
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Puis le soir est tombé, les étoiles pleuraient,
Je me suis à nouveau assis au bord de l’eau,
Grenouilles et crapauds, l’un sur l’autre enlacés,
Chantaient des airs aigus, cambrés comme des arceaux.
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Je me suis relevé, le dragon efflanqué,
A l’haleine fétide, avait brulé ma peau,
Je l’ai pris dans mes bras, l’ai porté sur mon dos
Nous nous sommes envolés jusqu’en haut du clocher.
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Quand la nuit s’est enfuie, les cloches ont sonné,
La terre s’est ouverte, la vie est revenue.









