Littinéraires viniques » POÈMES EXACERBÉS …

A L’ENVERS DES SAISONS.

Le deux en un de La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Fantasme, les belles poires aux bouts arrondis

Sur le dos frôle le vent tiède, douce haleine

Senteurs de pain cuit aux deltas embrumés

A tous les temps maudits aux ailleurs jadis

Les silences perdus, souris ma folle reine

Les festins disparus sans toi là-bas. Crié.

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Ô temps reprend la vie, à rebours la flèche

A l’envers des saisons, tous les hivers enfuis

Et les étés plus vieux que le plus beau printemps

J’ai couru sur les braises, la bouche toute sèche

Aux longs cous des  biches je me suis alangui

Quant tu courais là-bas le mors à pleines dents.

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La camarde a hurlé tout au bout de l’allée

Les anges se sont tus, dans la nuit tu as ri

Le clocher est tombé et la cloche a sonné

Jamais ne reviendront les heures d’avant l’oubli.

What do you want to do ?

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DÉFLAGRE !

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Dans la tête par La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Je regarderai le bruit lisse des eaux sur les roches du rivage.

Au loin le monde tonitruant. Depuis l’aube des aubes, à la seconde

où l’invisible est devenu visible,

quand la terre a souri dans le noir sidéral, dégagée des glus de l’inexistence,

la lumière fut.

Et la violence corrosive a fait son lit dans les amas mous des cervelles tremblantes,

dans le secret des os épais, sous lesquels,

dans l’absolu des ténèbres,

jaillissent les salves térébrantes.

J’écouterai le jus épais du soleil levant sur les reliefs innocents.

Jamais elles ne se taisent les langues de feu échappées des aciers luisants

des crépuscules, jamais ils ne s’apaisent les dévastateurs

de la beauté du monde,

jamais ils ne cessent de se repaître.

Sous leurs crocs déchirants, les chairs éclatent. Les yeux crevés

déversent le regard des souvenirs,

le miel des tendresses disparues éclabousse la mort. Les rires éclatent,

les femmes pleurent et les enfants se cachent.

J’entendrai la couleur intense de l’azur étincelant.

Sous la poussière jaune, sous les vents des ventres éventrés de tous les déserts,

d’incessantes colonnes de ferrailles grinçantes, aux griffes acérées,

lacèrent les paysages.

Je mangerai le croissant chaud de la lune au réveil,

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Je boirai le chant des oiseaux de tous les blancs matins humides.

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Déflagre ta rage à la face des basaltes immémoriaux,

Laisse la main de lait apaiser ta colère,

Prépare toi à nager dans les nuages dilacérés.

What do you want to do ?

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J’AI FEUILLETÉ LA PLUIE.

Carthago de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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J’ai feuilleté la pluie quand l’air était trop sec,

J’ai séché les grands lacs, cru aux salamalecs.

Autant dire qu’au printemps, j’ai croqué bien des pommes,

Et fracassé les sangs des trop petits hommes.

Me suis laissé glisser le long des blanches pentes

 Tout là-haut, dans les airs, près des biches haletantes,

Essoufflées d’avoir eu à se hisser aux cimes,

Elles pleuraient, sanglotaient à se briser les rimes,

Et le rimmel coulait au bord des yeux gelés,

Comme les yeux du poisson après qu’on l’a pêché.

Alors je me couchais au pied des tours d’ivoire.

Mes dents grinçaient, crissaient plus fort que ma mémoire,

A m’enfuir pour me perdre au désert des destins,

Où les fennecs hurlent comme de faux babouins.

Dans le ciel azurin plus bleu que tes beaux yeux

De longs nuages gris comme de petites souris,

Plus ronds que les courbes de toutes les folies,

Se traînent languissants, te caressant, joyeux,

Tu les chasses en baillant comme les petits amants

Qui se sont allongés pour hurler en jouant

Au pied de ton grand lit et de ta gorge pâle,

Comme au temps des orgies du beau Sardanapale.

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J’ai effeuillé mille jours, mille nuits d’amour,

Les pleurs ont succédé aux soies et aux velours.

Aux eaux vertes des fleuves, le ciel a ses reflets,

Les grands arbres à l’envers exhibent leurs racines,

Les fantômes extasiés des souvenirs anciens,

S’accrochent en fils de glu aux pattes des oiseaux.

Sur les cols des chevaux lancés, bronze des béliers,

Mes mains sont écorchées comme celles des gourgandines

Éperdues. Et mon âme courait avec les chiens,

Tant aurait voulu sucer la moelle de tes os,

Sur les chemins herbeux qui longent la foret.

Alors, au Coeur des clairières, aux lisières des bois,

J’ai traîné ma misère tissée de fils dorés.

Dans la poussière des feuilles délitées par les ans,

Je me suis régalé en rampant sur les flancs

Des collines crémées en pleine ébullition,

Au milieu des serpents, des chasseurs de visions,

Quand les torrents couraient et que nous étions trois.

J’ai déchiré les pages des vieux livres sacrés,

J’ai craché au visage de Zemon endormi

Mais il n’a pas bronché, pas même il n’a sourit.

J’ai sauté dans le vide et j’ai fermé les yeux.

ET J’AIME MICHEL SERRES …

1394191_10200780026088490_1965904590_nIllustration de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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 J’ai beaucoup aimé ce soir mon amour

Et tellement regretté aussi que nous ne puissions

Mon amour roucouler d’amour mon amour d’amour

Baver comme des cons heureux de l’être

Nous perdre dans nos yeux de merlans pas frais

Nous prendre à bras le corps dans une lutte à mort

Imbriqués collés unis les dents serrées à ne plus décoller

Simplement là à deux en un à un en deux heureux

Le temps que la vie voudrait bien nous donner

Avant de basculer têtes bêches à pleurer

Refuser de mourir partir finir

Et nous mettre à fleurir en fleurs urticantes

Qui piquent la vie et font briller les oeufs

Les yeux et les papilles des amoureux perdus

A enculer les peurs Descartes et la

Raison …

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Allons donc voir si la rose fâchée s’est raccommodée,

Si les trous du cul ne pètent plus dans la rue,

Ont-ils fermé leurs gueules qui puent le manque d’amour

Leurs yeux glauques aux regards éteints comme de vieux poètes

Perclus ne regardent que les écus sonnants qui brillent dans leurs

Quinquets vairs et pairs et les vulves baillantes des désirs tarifés

Tous les vers s’agitent dans les bouillons amers des impossibles

Quand passent les regrets des espoirs insensés

Les vies de lumières ardentes rejetées sans un mot

Dans les égouts qui courent invisibles sous les villes

Si fières modernes et rutilantes

Aux aciers luisants sous les pluies de larmes de ceux

Qui vont mourir de n’avoir pas osé aimer

Comme des bêtes enragées à oublier le bleu

Des yeux et le rouge gras du sang

Pulsé …

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Allons donc en cœur et en furie déchirer les masques

En riant comme les enfants qui arrachent les ailes

Des mouches à merde qui planent dans les cieux désossés

De nos cœurs barricadés sous les os épais des indifférences

Raisonnées planifiées aux couleurs de tourterelles

Explosées dans leurs tripes sous les roues gigantesques

Des haines accumulées au fil des trahisons cultivées

A briser les chaînes des reflets glauques

Qui ne reflètent plus que les avidités vulgaires.

Délaissons les terres broyées les eaux usées

Les puanteurs ordinaires les compromis jamais donnés

Les âmes frelatées aux ailes atrophiées

Les culs peu ragoutants et leurs odeurs de chiottes

Engorgés …

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Gorgeons nous au contraire des parfums rares

Des aisselles lumineuses cachées sous les haillons

Des hanches de pur lait en perles fragiles,

Des rondeurs extasiées volées aux yeux aveugles

Énucléons les cons de pacotille rasés et leurs fadeurs

Tartinés beurrés comme de vulgaires figues vertes

Qui pullulent en rangs anémiés sur les pages

Exsangues des magazines glacés figés aux sourires

Béats aux yeux de tunnels morts aux hanches de verre

Pilés pillés brisés parjurés lisses comme les

Vies argentées des winners trop cons pour aimer les chairs

Ductiles des loutres en pelisse qui nagent et glissent

Dans les eaux pures des amours trop rares pour être

Vécues …

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Et je hurle à la vie

Je vomis les virgules

Les connes et les cons …

Petit patapon …

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Et j’aime Michel Serres

Qui aime la raison et les lumières

Des vents frais sur la Garonne

Et les âmes qui tonnent

Et vibrant je résonne

Quand ses tambours raisonnent jusqu’aux

Cieux …

LA LUMIÈRE S’EST PERDUE

Sergey Fesenko. Noir pailleté d’ambre et d’or.

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Texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Le climat est à l’enfer et les loches paressent

Elles rodent affamées autour des coraux morts.

Le soleil dilaté mange l’hiver fragile

Les îles affligées sous l’azur implacable

S’étalent et se fanent, leurs cimes enneigées

Dans la mémoire éteinte des hommes oublieux

Dansent lentement. Doux souvenirs ombreux.

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La nuit on entend rire le cœur des pendules

La chouette s’est tue et le hibou s’endort

Aux confins des étoiles le vent des solitudes

A cessé de souffler, entre les mondes morts

La lumière s’est perdue.

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Où irons-nous pêcher si les amours pâlissent ?

Dans les ondes putrides

Où nage la sylphide

Dont le grand œil purule ?

 

 

 

DANSENT LES COURTISANES.

La belle immémoriale de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Dansent les courtisanes, belles immémoriales

Aux seins immaculés, dans leurs parures blanches,

Leurs immenses yeux noirs, leurs allures triviales,

Et ta main qui balance, baldaquin de tes hanches.

L’arc-en-ciel des regrets sur ton âme glaciale.

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Souviens-toi ces jours où tu riais, mésange,

Insouciante fringante, pouliche aux flancs polis,

Sous tes doigts innocents, toutes ces verges d’anges,

Et ces corps en sueur, ces buissons, ces taillis.

Le cœur enfariné dans le rêve et la fange.

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L’assommoir t’a meurtrie, sous ses coups tu ployais

A te briser les dents, sur les chaines ton sang,

Toi l’esclave brisée, sous le mors tu hurlais,

Dans tes bras disloqués tu berçais un enfant.

Dehors le vent soufflait un air noir qui pleurait.

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Dans les couloirs obscurs les candélabres gris,

Sous les draps de soie pure, les frôlements discrets,

Et les fentes spumeuses sous les dards extasiés,

A vomir des larmes, rouges laves en sursis.

Souviens-toi de ces nuits aux étoiles fanées.

LE SOLEIL EN RUBAN.

Quand à l’automne, La De prépare son printemps.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Le sable est à l’étal, la mer en petits grains

Sous le vent blanc léger qui effleure son dos,

Le ciel est au vol doux, les oiseaux à l’azur.

Regarde le printemps quand il revient au monde !

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Le soleil en ruban s’enroule sur mes doigts,

Les feuilles en bouquets lents, la rose se réveille,

L’écureuil roux est gris, la biche couleur de rêve

Et quand le temps balance, mon âme sous la brise.

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Le tonnerre des éclairs et ses griffes grondantes

La mer tombe des cieux, les terres sous-marines

La rage et la fureur des flots de bouillon blanc

Les ondes en courroux. Envole toi dès l’aube.

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La couleur s’est enfuie, tapis de sclérotique

Les angles arrondis par les flocons légers

La parure est atone comme une voix blessée

Les arbres en calvaires, seul le soleil est rouge.

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Les saisons infinies s’étirent à disparaître

Les ténèbres ont mordu toute la voie lactée,

La tristesse étoilée, les heures comme des puits

Seul le désert est jaune. Immuable. Il sourit.

COUCHÉ SUR LA MER MORTE

L’Arflinquiaprèmé de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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A l’ombre des lumières, l’azur sourd de ses yeux,

Lapis épanoui dans la mine enfoui,

Sur la lande fleurie, les épines en fruits,

Sous les frémissements sa peau est en bataille,

Par les monts, les vallons, les forêts et les failles,

Quand les sabres fourbus d’avoir ouvert les cieux,

Sous les eaux, les sanglots qui abreuvent son lit

Abattent les mirages qui tremblent dans la nuit.

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Couché sur l’écran noir, j’aligne des mots blancs.

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Les montagnes perdues dans le fond des abysses,

Quand le chevalier mort galope, rue, entre en lice,

L’hydre, la salamandre, le poison dans le feu,

Les collines noircies ont éteint l’incendie,

Longues langues d’or en flamme sur le ciel bleu de nuit,

Les heures, ongles brisés, déliquescents aveux,

Ruptures explosives, volcans et laves lisses,

Au cœur du muscle rouge gisent les immondices.

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Couché sur l’écran bleu, courent les mots du vent.

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Sous l’os épais des crânes, circonvoluent aussi

Les guirlandes de phrases accouchées mortes nées,

Oubliées sur les landes des  nuages perclus,

Les rats aux museaux fins les rongent à l’infini.

L’encre, la bile noire, sang séché racorni,

Engluée, putréfiée à la pointe effilée,

Drames épouvantables, clairs horizons perdus,

La plume de mes doigts à la pulpe rosie.

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Couché sur la mer morte, à me crever les yeux.

LES MUSICIENS MORTS.

Le petit théâtre de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Sur les touches blanches du cercueil obscur courent les araignées pâles aux griffes rouges.

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Elles se promènent d’un bout à l’autre du clavier.

Les longs trémolos bleus soupirent jusqu’au fond des empires perdus.

En écho, à l’autre bout de la queue arrondie laquée de noir aveuglant,

sous les lumières artificielles des salles veloutées de bordeaux patiné,

en pluie sonore,

les notes retombent, multicolores,

sur les nuques vannées des spectateurs aveugles.

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Les soies frissonnent, les queues de pie s’affaissent.

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Sous le coffre de bois lourd, deux  escarpins vernis, luisant comme des yeux aux regards éteints, actionnent sans effort

de lourdes pédales de bronze.

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Sur les dalles de marbre précieux qui recouvrent le péristyle des théâtres prestigieux,

dans les couloirs feutrés, sur la soie tressée des tapis épais longuement brossés,

les pas conquérants des grandes femmes aux longs cols de cygne blessé,

ont perdu leurs voix.

Chacun de leur pas, tellement étudié, maitrisé et élégant, s’accorde au chapelet de notes lointaines qui coulent, langoureux, liquide et gracieux sur la scène, comme la lumière frisante d’un soleil couchant sur la toile d’un Soulages voguant dans le silence de l’espace tendu

entre Vénus et Mars.

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De grands hommes que l’histoire de l’humanité mourante ne retiendra pas,

élégamment vêtus d’étoffes rares aux moires délicates, les suivent ou les précèdent,

selon leur rang supposé dans la hiérarchie muette des conventions surannées.

Le bruit de leurs bottines de cuir fin,

souples, taillées à même leurs pieds aux os fragiles,

étouffé par l’épaisseur des tapis andrinople,

ne résonne pas,

et les croquenots pour pieds de race, pleurent de désespoir.

Le sol, miroir claquant, lisse et luxueux, des marbres du vestibule immense aux fausses colonnes grecques, est, a contrario, fait pour eux qui aiment tant à parader mine de rien, et jouer du talon sur la peau froide du sol des prestiges.

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Sur les touches ivoirines du piano à queue de pie sage courent les doigts saignants des musiciens morts.

RESPIRE LE VENT COURANT.

Quand La De tourneboule.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Je ne suis pas et je suis à la fois,

comme une histoire de foi et de fous

dans les villes là-bas, si lointaines et si proches,

nom de Dieu toutes ces cloches,

elles sonnent à mort dans le vent !

Regarde donc le ciel si désert et si beau

et ces eaux d’encre berçante,

à reverdir les âmes inquiètes et les esprits chagrins.

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Respire le vent courant,

les parfums obscurs des chiens errants,

les effluves des meutes derrière les cerfs saignants

le soir au charbon des lisères,

Et les serments ardents des vautours perchés

sur les flancs crevés

Des moutons dépecés accrochés aux rochers

des montagnes de pierres et de cairns croulants,

les feulements puissants des crinières hérissées,

les griffes déchirantes, les peurs implorantes,

Et la furie masquée des danseurs empourprés.

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Mais n’oublie pas là-bas

les eaux lourdes des fleurs en pleurs,

 les sourires éclatants des enfants mille dents d’ivoires et de perles,

et les soies salées

des grands lagons au petit matin levant.

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Touche et caresse du bout de tes doigts absents,

le chocolat chaud des goûters d’antan,

le tissu rêche des revêches à confesse,

les écailles lisses des tortues vertes

les éventails déployés des gorgones rougissantes,

la splendeur des ombres

le soir finissant,

le rosé veiné de deux seins frémissants.

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Et les comètes  lentes,

Au tombant des planètes,

La musique des sphères aux confins des espaces,

le magie délétère,

le fer et les éthers,

L’antre des monstres pairs

et la splendeur des mers,

Et le cristal de roche enfoui sous les glaces.

Le soleil est absent,

il est tombé si bas.

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N’oublie pas.