Littinéraires viniques » POÈMES EXACERBÉS …

AUX LÈVRES OURLÉES DE RÊVES.

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La mort au ras de la vie par La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Éternité ? Mais de quoi me parlez vous donc ?

Ah oui la mort ! Nul doute que la blême me connaît,

Elle est de tous les instants, ma deuxième peau,

Ma pelure, l’autre, la vraie, celle que tous ignorent.

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Je ne suis qu’un masque blanc de triste viande molle,

Tandis que sous ma chair ses crocs noirs me dévorent,

Canines de titane à demeure plantées,

Et sous l’os de mon crâne, son masque d’orichalque,

Imputrescible et beau comme l’éternité.

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Ne croyez surtout pas que le ciel vous attend,

Seuls les dragons fous connaissent les étoiles,

Sous la voûte céleste tout n’est que comédie,

Le Deus ex machina ne tire pas les ficelles

Des marionnettes raides aux esprits embrumés.

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Et le temps n’est qu’un leurre, un appât, un sourire

Aux lèvres ourlées de rêves, et ses mâchoires de sable

Ne mordent que les niais accrochés à leurs tripes.

Les espaces infinis n’en finissent pas de rire.

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LA PEAU NUE.

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Le Chat-Monde de La Di.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Sur la table d’émeraude, soleil à contre-jour,

Sous la pluie de farine, belles mains ivoirées,

Dans le silence là-haut les anges extasiés,

Et la pâte qui gonfle sous la levure blonde,

Elles écrasent et pétrissent, la boule se fait ronde,

Les chérubins muets. Se glisser dans le four !

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Sous la table un gros chat aux moustaches vibrantes

Il guette les flocons sous les rais de lumière

Et sa patte s’agite, fébrile il désespère,

Puis se frotte tendrement sur un mollet galbé

Les séraphins bleuets aux ondes en bouquets,

Par la fenêtre ouverte les âmes languissantes !

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Dans les vertes prairies, les coeurs en résédas,

Dans les fleurs écarlates, un jour en cohortes

A reprendre aux corolles leurs couleurs, feuilles mortes,

Les coccinelles folles d’avoir trop folâtré,

Noirs scarabées blessés de n’avoir su voler,

Et les nuages gras pleureront dans tes bras !

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Sous la table le soir le gros chat a lapé,

Au dehors le ciel s’est drapé de soie rose,

Les mains aux ongles rouges sur les chairs moroses,

Pulpe molle elles s’endorment et le four est au noir,

Les angelots dodus sur leurs coussins de plumes

Oui nous iront tous deux, grimperont sur la lune.

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Le croissant s’est levé, ça sent bon la peau nue.

 

VAGUES VAGUES.

Les regards vagues de La De.

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Vagues vagues, trop lentes, poussées par la tempête, les vents soufflent violents,

Les fleurs en émoi pleurent le regret des printemps éternels.

Dans les creux éprouvants, bateaux en désarroi, écume dispersée,

Aux ailes arrachées des papillons blessés aux soies opalescentes

Tremblent les sourires éteints.

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Les vagues sont mugissantes, sur les sables torturés, elles s’allongent,

s’étirent comme des chattes lunes,

pantelantes,

essoufflées, harassées.

Le vent est à la hune.

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Chevaux légers des vertes mers hennissantes.

Friselis collants sur les terres déployées.

Au ciel lourd et chargé les nuages s’affaissent, s’ouvrent comme des boutres

et déversent leurs

Eaux.

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Et le sel des mers folles enrage sous les rides.

Mais le vent a séché les eaux fades fétides

Et la mer a gardé sa vigueur et son rire.

La tempête a faibli et le soleil respire.

RESPIRE LE VENT COURANT.

Quand La De tourneboule.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Je ne suis pas et je suis à la fois,

comme une histoire de foi et de fous

dans les villes là-bas, si lointaines et si proches,

nom de Dieu toutes ces cloches,

elles sonnent à mort dans le vent !

Regarde donc le ciel si désert et si beau

et ces eaux d’encre berçante,

à reverdir les âmes inquiètes et les esprits chagrins.

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Respire le vent courant,

les parfums obscurs des chiens errants,

les effluves des meutes derrière les cerfs saignants

le soir au charbon des lisères,

Et les serments ardents des vautours perchés

sur les flancs crevés

Des moutons dépecés accrochés aux rochers

des montagnes de pierres et de cairns croulants,

les feulements puissants des crinières hérissées,

les griffes déchirantes, les peurs implorantes,

Et la furie masquée des danseurs empourprés.

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Mais n’oublie pas là-bas

les eaux lourdes des fleurs en pleurs,

 les sourires éclatants des enfants mille dents d’ivoires et de perles,

et les soies salées

des grands lagons au petit matin levant.

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Touche et caresse du bout de tes doigts absents,

le chocolat chaud des goûters d’antan,

le tissu rêche des revêches à confesse,

les écailles lisses des tortues vertes

les éventails déployés des gorgones rougissantes,

la splendeur des ombres

le soir finissant,

le rosé veiné de deux seins frémissants.

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Et les comètes  lentes,

Au tombant des planètes,

La musique des sphères aux confins des espaces,

la magie délétère,

le fer et les éthers,

L’antre des monstres pairs

et la splendeur des mers,

Et le cristal de roche enfoui sous les glaces.

Le soleil est absent,

il est tombé si bas.

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N’oublie pas.

TERRA INCOGNITA.

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La reine-mer de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Hisse et haut ! Le soleil à leur cramer la peau,

Dans les gosiers tannés ne coulent plus les mots.

Le bois du pont brûlant jusqu’à ronger les os,

Les pustules saignantes pleurent toutes leurs eaux,

Et les chairs grésillent sur les jambes et les dos.

Les voiles affalées pendent sur les bardeaux.

Et le vent est tombé, et la mer est mourante.

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L’horizon disparu au ciel blanc des ardents

Les rides creusent les corps prostrés sur les bancs,

La sueur a séché, sales et secs sont les flancs

Des matelots râlants, écroulés, haletants.

Le désespoir bruyant a tué les élans,

Sous les crânes en tempête ne pulse que le sang

Des grosses veines bleues, fragiles à éclater.

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Quand iront-ils courir sur les terres nouvelles ?

Sous les vents alizés les palmes se balancent,

Le sucre des fruits mûrs, l’odeur des maquerelles,

Les ruisselets chanteurs et les extravagances

Des singes aux culs rouges. Les toisons en ficelles.

Oui, regarder là-haut l’azur des recouvrances.

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Et nul n’est arrivé, pas un n’est revenu,

Dans les îles aux fontaines le silence des sirènes.

MOURIR TRÈS BEAU.

Le suaire vu par La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Je voudrais, voudrai, j’aurais voulu, eus aimé, aurais tant eu pu avoir envie de mourir très beau, parfaitement lisse sous la lumière,

les eaux, les os plus durs que les regards perdus.

Éperdu, tout nu, tendre venu vieilli, équarri, blessé d’avoir trop vécu de vies de pierres dures, aveuglé par les éclairs noirs des égofies satisfaits

trop lumineux pour retrouver la vue.

Éventrer, avant que la mort me prenne, les suffisances mornes, le pur étain des fatuités insensées.

Énucléer les cyclopes myopes aux ailes avortées qui s’écrasent mous et flasques, pantins factices, repus de vents odorants,

d’enivrements pitoyables et de tristesses inconnues.

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Sur les terres selfiques dédiées aux nombrils en extase, je m’allongerais, m’allongerai, aimerai pouvoir avoir la place de m’étendre, magnifique, étrange,

vêtu de peu, de peau bellement pleine,

de pupilles éteintes et le sourire vivant.

La mort me l’a laissé, sourire-soleil gelé, car elle est belle joueuse, elle aime le chatoiement

des amours mortes.

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Et je mourrai très beau

Claquant comme un flambeau

Et les vents seront doux

Et la terre sourira

Avant que d’éclater.

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Sous le soleil radieux

D’avant de disparaître

À l’horizon lointain

Des brumes déployées.

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Alors je m’en irai.

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J’AI FEUILLETÉ LA PLUIE.

Carthago de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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J’ai feuilleté la pluie quand l’air était trop sec,

J’ai séché les grands lacs, cru aux salamalecs.

Autant dire qu’au printemps, j’ai croqué bien des pommes,

Et fracassé les sangs des trop petits hommes.

Me suis laissé glisser le long des blanches pentes

 Tout là-haut, dans les airs, près des biches haletantes,

Essoufflées d’avoir eu à se hisser aux cimes,

Elles pleuraient, sanglotaient à se briser les rimes,

Et le rimmel coulait au bord des yeux gelés,

Comme les yeux du poisson après qu’on l’a pêché.

Alors je me couchais au pied des tours d’ivoire.

Mes dents grinçaient, crissaient plus fort que ma mémoire,

A m’enfuir pour me perdre au désert des destins,

Où les fennecs hurlent comme de faux babouins.

Dans le ciel azurin plus bleu que tes beaux yeux

De longs nuages gris comme de petites souris,

Plus ronds que les courbes de toutes les folies,

Se traînent languissants, te caressant, joyeux,

Tu les chasses en baillant comme les petits amants

Qui se sont allongés pour hurler en jouant

Au pied de ton grand lit et de ta gorge pâle,

Comme au temps des orgies du beau Sardanapale.

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J’ai effeuillé mille jours, mille nuits d’amour,

Les pleurs ont succédé aux soies et aux velours.

Aux eaux vertes des fleuves, le ciel a ses reflets,

Les grands arbres à l’envers exhibent leurs racines,

Les fantômes extasiés des souvenirs anciens,

S’accrochent en fils de glu aux pattes des oiseaux.

Sur les cols des chevaux lancés, bronze des béliers,

Mes mains sont écorchées comme celles des gourgandines

Éperdues. Et mon âme courait avec les chiens,

Tant aurait voulu sucer la moelle de tes os,

Sur les chemins herbeux qui longent la foret.

Alors, au Coeur des clairières, aux lisières des bois,

J’ai traîné ma misère tissée de fils dorés.

Dans la poussière des feuilles délitées par les ans,

Je me suis régalé en rampant sur les flancs

Des collines crémées en pleine ébullition,

Au milieu des serpents, des chasseurs de visions,

Quand les torrents couraient et que nous étions trois.

J’ai déchiré les pages des vieux livres sacrés,

J’ai craché au visage de Zemon endormi

Mais il n’a pas bronché, pas même il n’a sourit.

J’ai sauté dans le vide et j’ai fermé les yeux.

LE PRINTEMPS SE PRÉPARE.

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L’oiseau bec clos-cousu de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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La neige est sur le sol comme la mort sur la peau.

Sous la poudre figée que la glace transforme,

le ciel étreint la terre. Ses griffes broient son dos.

Le silence est total, et même le vieil orme

A replié ses branches. Tandis que les oiseaux,

Le bec cousu de fils, blottis en berlingots

Dans leurs nids de bois sec, sous le ciel des roseaux,

Oublient jusqu’à leurs chants. Le rossignol muet,

Tel une carpe noire, caché dans les fourrés,

Balbutie quelques notes pour ne pas oublier.

Oublier que la vie, à l’abri des regards

Englués des humains aux paupières sans fard,

Remonte des abimes. Le printemps se prépare.

VOUS LES GENS QUI LISEZ.

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L’arbre “Vénitien” de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Mon grand père avait un père et mon père aussi

Ma grand mère avait une sœur et sa sœur aussi

Ma sœur avait un frère mais son frère non point

Faut que j’arrête de me fumer des joints.

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Le curé a une bonne, mais la bonne non point

La bonne a un coquin, le curé sa coquine

Au presbytère le soir, les odeurs de benjoin

En volutes épaisses glissent sous les surplis.

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Le gendarme a une mère qui élève des nains

Son frère a une sœur, il n’est pas orphelin

C’est une nonne aveugle qui aime son cousin

Le gendarme dépassé songe à passer la main.

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Mon tonton a sa tontine, sa tontine gironde

La tontine a ri et tonton qui la gronde

Mon tonton en caleçon se gratte l’occiput

La tontine est vexée, et les deux se disputent.

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Tout là-haut le clocher amoureux de la lune

Sonne onze à minuit, les pompiers affolés

Tirent la grande échelle pour monter à la hune

Le clocher effondré est tombé sur leurs pieds.

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Et moi je me demande si le monde tourne rond

Je crois que je suis fou, je mange trop de mots

Des salés des sucrés, du réglisse en bandeau

Des bêtise de Cambrai à la noix de coco.

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Vous les gens qui lisez, ne m’en voulez pas trop.

MA JOLIE CARDAMÔME …

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Quand La De fait sa môme.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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 Du bord de l’âme jusqu’au fond du cul,

Je ne sais que la monter à cru,

Folle praline aux ailes purpurines,

Amarante de l’amante,

Je l’aime à en perdre ma plume.

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 Faut-il que je me perde, faut-il que je m’oublie,

Je crains bien, poil de chien, que oui,

Faut-il que je la perde, faut-il que je l’oublie,

Non pas question, poil de chardon, que nenni.

Elle est ma peau, mon souffle, ma mie.

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 Me faites pas chier avec vos morales surannées,

M’entourloupez pas avec vos mots de rats

Morts de n’avoir pas su, pas pu, pas osu,

On vous emmerde, on se bouffe le cul,

Avec de la salade, de la frisée et du cœur salé.

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 A marée haute, à l’étal, à marée basse,

ça brasse, ça lave et ça décrasse,

Et les gnomes, les ondines et les sylphes,

Rugissent en choeur quand elle me griffe.

Au cœur des mondes, personne n’est plus heureux.

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 Elle est mon poivre, ma jolie cardamôme,

Celle qui rit quand elle se donne,

Salope magnifique et petite nonne,

Pute galactique, vierge qui tremble, tout à la fois,

Sa voix me berce, me porte, je n’ai plus froid.

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 J’encule vos races, sinistres connasses,

Tristes gandins, pauvres lapins,

Aux voix fluettes, à la morale abstraite,

Vos reins étroits, vos cœurs momifiés,

Ne respirent plus, vous êtes gelés !

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 Ma gamine, ma souple mine, ma tourmaline,

Avec toi, quand tu chantes, je suis en joie …

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 Mon amour, mon âme, ma croix.