Littinéraires viniques » LES ZANIMAUX MARTEAUX

UN BOUC.

13639623_10206546667090911_1297691091_o

Le beau bouc de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Un bouc aux longs poils noirs, aux cornes tourmentées

Aux yeux couleur citrine veinés d’ambre vieilli

Fendus en leurs milieux, un vrai regard de diable

Quand il charge tout droit, ils ne cillent jamais

Sa lourde tête penche sous le poids des années

C’est un  fauve farouche aux effluves musquées.

—–

Quand la nuit est tombée, le bouc aux lèvres fines

Campé sur ses jarrets perce le ciel obscur

Il attend patiemment qu’arrivent en rangs impurs

Les succubes et les vouivres qui peuplent les marais

Les cabrettes et les chèvres se pressent contre lui

Sa voix grave résonne jusqu’au matin bleui.

—–

C’est une bête étrange au râble torturé

On dirait un navire remontant la marée

Plus rapide que la foudre il dévale les pentes

Et chasse ses rivaux à coups de cornes lentes

Il défonce les murs et perce les murailles

Le démon est en lui qui hurle quand il braille.

—–

Son sang de charbon noir bat dans son cœur de bronze

Entre ses cuisses fortes frémit un marteau lourd

Ses bourses sont des châtaignes, son lait épais et gras

Sa barbe de prêtre fou, sa bure de laine forte

A saillir violemment les femelles offertes

Il regarde les cimes en bêlant comme un reître.

—–

Les chevreaux de l’année jouent entre ses pattes

Le bouc ne bronche pas, on le croirait ailleurs

Mais il penche le col, son regard démoniaque

Prend des teintes pastelles d’agrumes mûrs et doux

D’un mouvement si vif que nul ne peut le voir

De sa langue râpeuse il baise leurs museaux.

UNE GIRAFISSIME.

17430642_10208488810083272_266673998_o

La girafissime de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

Elle fait sa révérence devant les eaux du fleuve

Ses longues pattes folles dérapent dans la boue

La girafe a la mine d’une reine déchue

Ses sabots sont fendus, ceux d’un diable fourchu.

—-

On dirait que sa tête a pris de furieux coups

Des coups de soleil sage ou des coups de bambou.

Maître Yoda fardé aux grands yeux de gazelle

Sous des cornes velours une moue de princesse.

—-

Quand Dieu est fatigué il puise dans son stock

Des bouts de vie brisées qu’il assemble au hasard

Tout là haut dans le ciel c’est un sacré bazar

Et Sophie la girafe après l’électrochoc.

—-

Quand Livingstone a vu cette grande improbable,

Il s’est agenouillé et a remercié Dieu,

Une telle prouesse ne peut qu’être divine,

Quand le beau et le laid engendrent telle race !

—-

Ébloui, amoureux, il a voulu que voie

Cette reine des brousses, son île au cœur si froid

Alors avec douceur, l’a descendue en cale

Et de bonnes hautes feuilles l’a nourrie tout du long.

—-

Descendue sur le quai à force de palangre

Sophie dégingandée a retrouvé le sol

Elle a tangué un peu, la mer bougeait encore

Puis les pavés de pierre ont griffé ses sabots.

—-

En l’espace d’un jour, elle a conquis les foules

Tout le monde se pressait et ça sentait la moule

Sur les quais envahis les femmes se pâmaient

Au bout d’une semaine Londres se l’arrachait.

—-

La Reine d’Angleterre l’a conviée au palais

Autour de biscuits verts elles ont bu un thé noir

Elles ont ri de bon cœur en mangeant des beignets

A Buckingham Palace leurs robes se sont prêtées.

—-

La reine d’Angleterre en peau de tavelée

Et Sophie la girafe en tailleur jaune citron

Ont dansé comme des folles en bas résilles gainées

Aux abords du palais on a vu des tigrons !

UN COUCOU.

13694130_10206599332807521_1657135890_o

La De et son rouge Coucou.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Il chante le coucou gris, il chante ses deux notes,

Maraude autour des nids en convoitant les œufs,

Les œufs tous chauds pondus par les grives volages,

Parties chasser là-haut pour se remplir la hotte,

Et le coucou matois, caché dans les branchages,

Entre les feuilles vertes épie le courlis bleu.

—–

Sur ses pattes aussi grêles qu’une paire de sarments,

Le long bec, sur la mare court le petit poisson,

Et le coucou hésite, la grive ou l’échassier ?

Le drame du voleur c’est d’avoir la tremblote,

A balancer sans cesse entre deux mêmes notes,

Comme une pendule Suisse sur le mur d’un chalet.

—–

Pendant qu’il réfléchit et se gratte les plumes,

La bécasse s’inquiète, elle déserte la dune

Pour retrouver son nid et ses six œufs tout frais.

La grive musicienne, juste après son marché,

Est retournée dans l’arbre couver ses espérances.

Tragique indécision, nul gîte en déshérence.

—–

De rage il a volé au dessus des grands monts,

Le désespoir au ventre en guise de raison,

Au sommet d’un grand pic il s’est posé vaincu.

Epuisé, affamé, l’oiseau ne chante plus,

Sur un tas de branchage il a fermé les yeux.

Qui dort dîne dit-on chez les bons religieux?

—–

Enfoui dans les branches, il a dormi longtemps,

Le coucou a rêvé de grands nids flamboyants,

Remplis de milliers d’œufs de toutes les couleurs,

Sur des duvets brillants qui faisaient son bonheur.

Il les jetaient à terre, débarrassait les lieux,

Pour en faire un logis confortable et spacieux

—–

Quand il s’est réveillé, perché au bord de l’aire,

Deux petits yeux cruels le regardaient d’un air

A lui glacer le chant. Un grand aigle battant

Glatissait comme un diable, prêt à trouer son flanc.

Le cŭcūlus vaincu se coucha sur le dos,

Les ailes écartées en coucoulant mezzo.

—–

D’un coup de bec vengeur, le rapace indigné

Lui a percé le cœur, et le sang a coulé.

Gentil coucou voleur, évite les paladins,

Continue tes larcins à l’abri des jardins.

What do you want to do ?

New mail

UNE HIPPOPOTAME.

15785465_10207866044554523_53594470_o

La coquelippotame de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

C’est une grosse dame, Madame l’hippopotame,

On dirait un ballon qui flotte sur l’eau noire,

Une vieille danseuse qui aurait mal tourné,

Son tutu a craqué, on a du mal à croire

Qu’elle a virevolté sur les planches de Broadway.

Sous le soleil couchant, son cul, un gros tam-tam.

—–

Sa bouche, un nénuphar de taille démesurée,

Bâille quand elle émerge du lac Tanganyika.

Autour d’elle les grands mâles frétillent, quand ils voient

La belle bayadère et ses grands yeux dorés,

S’élever dans les airs et faire des entrechats,

Sa danse vaporeuse les met en  bel émoi.

—–

Le soleil au zénith, lui aussi est ravi,

Ses rayons rutilants se reflètent sur les eaux,

Sur les rives, tout autour, les animaux en fête

Font une longue ronde sous les ombres replètes,

Des stratus aériens et des lourds cumulos.

Les grands arbres se penchent et bruissent à l’envi.

—–

Puis le soir est tombé. Sur le velours des eaux

Des vaguelettes courtes se sont misent à ourler,

Sous la brise brûlante venue de la savane,

Un orage violent brusquement a grogné,

Une terrible pluie a noyé les troupeaux.

Les mâles ont entouré la belle courtisane.

—–

La dame est une gourmande, les costauds affutés,

Sous les assauts multiples, la donzelle a pleuré.

LE FRELON.

Sketch310164451

Vespa le Capulet par La De.

—-

©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

—-

Vespa est un frelon qui file ventre à terre,

Son vertex globuleux et son gastre arrondi

Le distinguent des guêpes en habits de panthère.

C’est un vrai cuirassé qui déchire les airs,

Et sa chitine épaisse ne craint pas le roulis.

Son dard est virulent, un regard, il jaillit .

—–

Vespa est amoureux d’une petite abeille,

En habit de lumière elle danse autour des fleurs,

Mais les clans sont en guerre, inutiles rêveurs.

Aux quatre coins des champs de gros yeux les surveillent,

Juliette fine mouche s’est cachée dans une souche,

Mais Vespa le lourdaud est un frelon qui louche.

—–

Il a beau la chercher, Juliette a disparu !

Puis le vent s’est levé et Vespa s’est perdu,

Quand la nuit est tombée, les guetteurs sont partis,

Les ruches ont bâillé, ils se sont assoupis.

A l’abri dans sa grotte Juliette a mouliné,

En faisant plus de bruit qu’une troupe de pompiers.

—–

Près de l’abeille Juliette, Vespa s’est allongé,

Longuement dans le noir leurs trompes se sont cherchées,

Ils ont mêlé leurs sucs dans un très long baiser,

Leurs ailes embrassées comme des soies damassées.

Les couleurs de l’amour brulaient dans la pénombre,

Ils auraient tant aimé que la nuit soit plus longue.

—–

Mais le coq a chanté, la vie s’est réveillée,

Les guerriers des deux ruches enfin les ont cernés,

La bataille fut rude, on vit beaucoup de corps,

Regards exorbités, par la mort apaisés,

Recouvrir  tout le champ, quel sinistre décor

Pour les deux amoureux aux cœurs dilacérés !

—–

Vespa le Capulet, Juliette la Montaigu,

Ont péri tous les deux, Shakespeare l’a voulu.

UN YAK.

13730527_10206569485021345_550233711_o-copier

Yak-Rasta-Zen par La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Regardez moi ! Je dors, je suis le grand yak noir.

Sous mon manteau fourré de laine et de tendresse,

Torsadée et bouclée comme un beau chant d’espoir,

Plus fort que deux taureaux, protégé par ma graisse,

Je gravis sans faiblir les pentes d’Himalaya.

J’aime les neiges fraîches, les glaces et le verglas.

—–

Je ne meugle jamais, je suis une âme zen,

Sous mes longs cils ourlés, le sourire de buddha

Soulage mes douleurs, je raffole du lichen

Et des rochers gelés, plus me plaît que le froid.

Sous les plus lourdes charges, les fardeaux sur mon dos,

Jamais je ne tressaille, j’avance sans un mot.

—–

Regardez dans mes yeux, le soleil de l’hiver

Caresse mes pupilles fragiles comme le verre,

Et les eaux cristallines sous le ciel noir de Chine,

Ont la couleur orage des encres de marine.

Je suis le grand navire qui peuple les montagnes,

Je navigue sur les mâts des rêves de cocagne.

—–

Je suis une âme douce revenue des enfers.

Mes lèvres sont des buvards et mes cornes de fer

S’ouvrent comme deux arcs au-dessus de mon front,

C’est une lyre étrange, et le vent du grand froid

Y joue des mélodies, en mi, en sol, en fa.

De mes yeux coulent des flots d’ambre et de poison.

—–

Je suis le grand yak noir, regardez moi mourir.

UN ACARIEN.

13633366_10206546770933507_1578799945_o

La De visite les monstres.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

L’acarien sale gueule a des dents de requin

Minuscules et aigües elle vous piquent le crâne

A trop souffler la nuit, il descend jusqu’aux seins

Endormis que vous êtes il dévore vos âmes

Sa faim est sans limites, il avale tout et rien

L’acarien est un monstre qui perce les peaux d’airain.

—–

Zacharia est le prince de la gente Acarienne

Un costaud, un balèze, au gros yeux globuleux

Deux billes translucides habitées par le feu

Mais tout cela n’est rien il faut voir son gros nez

Un tarin de damné qu’il porte jusqu’aux pieds

Il adore les odeurs des aisselles enflammées.

—–

Plus la chambre est crasseuse, plus le plumard empeste

Plus le bougre est heureux, plus la pitance est bonne

Ce n’est pas un gaillard à sucer de l’eau fraîche

Il faut que ça remugle, que ça sente le funeste.

Zach adore la vieille bête, la gironde, la daronne

Qui ne lave ses fesses qu’en sortant de confesse.

—-

Quand la nuit est profonde, quand la lune avalée

A laissé orphelines les étoiles chagrinées

L’acarien opiniâtre quitte le traversin

Le corps abandonné aux rêves assassins

S’offre à ses mandibules aux rasoirs affûtés

Et Zach en pleine extase mord dans le gibier.

—–

Cette nuit la fenêtre est restée entrouverte

Le ciel est si noir, les nuages en bataille

Roulent en rangs serrés, le vent fou est mauvais

Sous la bourrasque folle, pauvre Zach emporté

Loin très loin, terrifié, et le voilà qui braille

Plus de gigot saignant, foutue fenêtre ouverte !

—–

Aux cheveux d’un curé il a pu s’agripper

Mais il a rebondi, a roulé tout meurtri

Jusque chez un bébé endormi dans son lit

Zacharia épuisé, s’est refait une beauté

Dans le cou du bébé il s’est laissé glisser

A mordu la soie tendre et le sang a giclé.

—–

Les nuits de l’acarien valent bien vos amours.

LE PETIT RAGONDIN.

15008032_10207469237834603_2087845255_o

Le ragondinet de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

Un petit ragondin tout seul dans la broussaille

Il a perdu maman, ils ont mangé papa

Les Amériques sont loin, très loin derrière la baille

Ah s’il avait des plumes, il volerait là-bas

Au dessus des nuages, au travers des nuées

Avec les anges blonds que Dieu a emportés

Mais sa fourrure collante ne veut pas le lâcher

Autour de son terrier, de grosses bêtes fauves

Le guettent tout le jour et quand la nuit est mauve

De sa voix désolée il chante un air pas gai.

—-

Un petit ragondin caché sous la ferraille

Sous les bombes, éperdu, il sent trembler la terre

Le monde est désolé, le soleil en enfer

Il s’accroche aux roseaux et ça pue la ventraille

Et la viande rôtie, l’acier et le napalm

Et le sol tremble encore, il pleut des bouts de chair

Le petit se blottit. Des tas de pattes en l’air

Volent dans le ciel rouge comme des oiseaux morts

Il pleure dans sa moustache des perles, des larmes d’or

Et la rivière charrie ses rêves d’enfant blessé.

UNE HYÈNE.

13902018_10206688607319328_735308085_o

Irène la hyène de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Irène est une hyène, une fille de la mort,

Quand elle ouvre la gueule, son haleine putride

Affole la savane, les buffles, les butors.

Les marais eux aussi ! Sous la chaleur torride,

Leurs eaux sont corrompues par les fièvres ardentes,

Quand l’innommable hyène danse la sarabande

—–

C’est une boule de pus, laide comme un prurit,

Un furoncle écarlate, une glande infectée,

La bête, avec sa bande, traque les nouveaux nés,

Les vieillards, les malades, les affolés qui fuient,

Alors c’est la curée quand le sang a jailli.

—–

Elle est basse du cul, on dirait qu’elle a peur,

Ce n’est qu’un stratagème pour rassurer ses proies,

Elle sait cacher ses crocs derrière son sourire faux

“Je suis une bonne amie, la cousine d’un roi

Un lion magnifique au regard de vainqueur !”

Dit-elle d’une voix de miel aux petits animaux.

—–

L’antilope est si vive que souvent elle échappe

A la meute tueuse des hyènes déchainées

Mais reste la charogne au ventre noir gonflé,

Les chasseuses bernées ont quand même leurs agapes

Et les mâchoires puissantes se mettent à l’unisson,

Dans la nuit étouffante ricassent les noirs démons.

—–

Dans son sommeil Irène gémit en frissonnant,

La savane est en feu, et le vent obsédant,

 Attise le foyer qui lui lèche les flancs.

Toutes les bêtes sont mortes dans la nuit embrasée,

Elle court comme une folle sous les dents du brasier,

Un buffle au mufle noir, aux cornes acérées

A croisé son chemin. D’un coup l’a éventrée.

—–

Irène atroce reine, plus que toutes mal aimée,

La lune s’est cachée, et la mort ta marraine,

D’un seul coup de sa corne, tes espoirs a fauchés.

UNE CHÈVRE.

13692307_10206563935322606_1489229520_o-copier

La chèvre psychédélique de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Barbiche au vent joyeux la petite chèvre blanche

Au poil doux et soyeux, sabots fins, jolies hanches

Broute, broute, dévore des buissons d’immortelles

Aux longs pétales d’or, au pied des fières dentelles

Du bel Alta Rocca aux rocailles dressées

La jolie en béguète la panse dilatée.

—–

Elle grimpe et grimpe encore en croquant les bouquets

Sous le soleil radieux, elle arrive au sommet

En bas très loin la mer et ses moutons tous blancs

Comme sa robe claire et les marais salants

L’air pur des cimes l’enivre, elle ne voit pas que vient

Un beau pelage fauve sur le dos d’un grand chien.

—–

Mais la pauvre se trompe, c’est d’un loup qu’il s’agit

Une bête dantesque venue de Poméranie

Le monstre la regarde et se met à gronder

La biquette tressaille elle regrette son berger

La chèvre s’est sauvée au travers des taillis

Sûr de lui le loup fat a bien été surpris.

—–

Mais le grand Pastore à force d’enjambées

Sur ses cuisses puissantes a gagné le sommet

Bianchetta la chevrette adossée au rocher

Toute la nuit durant ses cornes ont bataillé

A force de se battre le loup s’est épuisé

Et d’un coup d’escopette u pastore l’a tué.

—-

Là-bas dans les vallées, près de l’Alta Rocca

La chevrette est célèbre, elle a su résister

Assis sur un rocher, entre ses mains halées

Un morceau de brocciu, des châtaignes séchées

Pasquale se régale, le soleil s’est couché.

Demain il fera jour croassent les corbeaux