Littinéraires viniques » En attente

LA LIMACE.

Une limace folle au sillage argenté

Tortillait du croupion perdue dans ses pensées

Sous la lune rousse pleine elle vagabondait

Aglaé somnolait en traçant son chemin

Tout en croquant de l’herbe en suçant du cumin.

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Sur le bord du chemin un escargot croisait,

Toutes voiles dehors, sous de fortes risées

Il tirait de grands bords comme un voilier chargé

Séléné le guidait vers les feuilles gonflées

Il en bavait déjà, ses petits yeux brillaient.

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Aglaé se hissait, elle était déjà là

Quand le gastéropode aux cornes déployées

Dérapant et freinant au pied de Batavia

Vit la molle au sommet qui faisait son repas

Indigné l’escargot lui lança tout de go

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Que fais-tu là pauvre folle sans carapace,

Cette salade est mienne, lâche là drôlesse

Ou je me fâche et te punis de tant d’audace

Je t’écrase et fais de toi grasse bouillabaisse

Foi de Sire  Scargol empereur du jardin !

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Une main burinée aux ongles noirs de terre

A saisi le monarque, aussitôt il le serre

Et le brise en un rien, sa coquille a cédé.

Aglaé la limace au sillage d’argent

À l’abri d’une feuille rigole entre ses dents.

DANS LE RIRE DES FEMMES.

Les ongles des femmes de La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Dans le rire des femmes se cachent leurs yeux blancs,

Dans les yeux noirs des femmes perlent des rires lents.

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Les cheveux longs des femmes comme de fiers pur-sang,

A l’amble des allées se promènent en allant

Voir au lac de mercure les grands cygnes dolents,

Sous leurs ailes repliées le regard de Satan,

Et dans ses yeux de braise rôtissent  en gémissant,

Des hordes de corps nus alanguis et pleurant,

Dont les os calcinés nourrissent les tyrans.

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Dans les grands yeux des flammes les femmes tournoyant,

Sur le bûcher dressé se tordent en hurlant,

Et le feu les consume en mordant dans leurs flancs.

Entre les bras des femmes se terrent les amants

Aux yeux remplis de larmes en manteaux d’astrakan,

Enfouis dans les soies, les brocarts enivrants,

Ils attendent que reviennent les amours d’antan.

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Entre les seins des femmes un ciboire de sang

Inonde leurs ventres ronds effleurés par le vent.

Sous les ongles des femmes rêvent des korrigans

Dans leurs fourreaux de cuir au soleil d’or couchant

Leurs écailles durcies brisent tous les élans.

Sous les cheveux des femmes des secrets éclatants

Murmurent des parfums fous aux effluves troublants.

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Dans le regard des femmes scintillent des rires blancs,

Des violences lascives, des désirs enlaçant.

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