Littinéraires viniques » Christian Bétourné

LES RIRES ÉCARLATES.

L’Astre double de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Des tranches de soleil grillées au feu de bois,

Et la lune montante au-dessus de la loi,

Les hommes calcinés  sous les feux de la foi.

Demeurent les oiseaux fous au comble de l’effroi.

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Des mains aux doigts noircis dessinent dans le ciel

De longs nuages blancs au-dessus des ombrelles,

Leurs traines incertaines imaginent à tire d’aile

De longues arabesques accrochées aux oriels

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L’horizon incertain reflète les mirages,

Les vapeurs diaphanes des rêves et des naufrages.

Tout au bout de nulle part, adviennent les abordages

Aux deltas sinueux des peurs et des rages.

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La chaleur est si forte ! Les cœurs, scarifiés,

Cloués aux autels noirs, ne peuvent plus saigner.

Rouge, jaune, violet, arc-en-ciel espéré

Sur le ciel de lapis des lumières oubliées.

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Les rires écarlates aux parfums inconnus,

Échappés des corolles, caressent les peaux nues

Des sorcières égarées. Sous les regards obtus

Des guerriers hébétés, elles dansent dévêtues.

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Des quartiers de soleil oubliés pour toujours,

La lune emprisonnée sous un noir abat-jour.

Ne reste que la plainte du pauvre troubadour,

Ses ongles arrachés et son chant désolé.

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UN COLIBRI.

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Le vol du Diable par La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Plus rapide qu’un trait, il file dans l’azur,

Le soleil abricot, sur ses plumes électriques,

Moire ses ailes bleues de lueurs maléfiques,

Cet oiseau minuscule au regard noir et dur,

Son habit d’arlequin cache un esprit malin,

Un démon infernal habillé de satin.

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Il pique dans les fleurs son très long bec pointu,

Et vide les berceaux de leur pollen charnu,

Leurs corolles s’étiolent et s’affaissent flapies,

Vidées de leurs âmes par l’affreux colibri.

Comme un diable énervé il apparaît soudain,

Et les roses frissonnent aux massifs des jardins.

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Les coccinelles jaunes en rougissent de peur,

Même les hannetons aux corps de bakélite,

Comme les sauterelles, sortent de leur torpeur,

Les insectes se cachent quand survient le tueur

Les papillons se terrent, leurs ailes se replient.

L’insigne volatile inspire la terreur.

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Le petit roi des airs se rengorge, fait le fier,

L’arrogant cynanthus est le dieu des enfers,

Rien ne l’arrête plus, de sa gorge rubis

Sort un chant ridicule, un pauvre gazouillis,

Il fonce aux quatre coins pour finir prisonnier,

Du grand piège parfait tendu par l’araignée.

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Dans le coin de sa toile, affutant ses longs crocs,

L’épeire au ventre blanc va sucer le moineau.

UN PAPILLON GIVRÉ.

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Le papillon givré de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Roulement de tambour, y’a d’la joie où y’a d’l’amour,

Et le verre fracassé, et la foudre et le vent,

Un mélange étonnant te fouette les sangs.

Dis moi que le matin quand ça sent la vanille

Quand à l’aube du jour, chantent les oiseaux moqueurs,

Les amants, les juments aux croupes de diamant

Qui croquent le destin, qui se brisent les flancs,

Affalés et meurtris dans leurs lits d’organdi,

Te crachent à la figure des brassées de fruits mûrs,

Te chantent des arias, très beaux, très délicats,

Te caressent les seins quand ton cœur est trop plein.

Les oiseaux dans le ciel font des rondes ardentes,

Ta chambre est un jardin peuplé de coccinelles,

Une licorne aveugle te regarde sans te voir,

Une plume de paon frôle ta peau qui ose,

Et tes souvenirs glissent comme une pluie de riz

Qui craque sous tes pas

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Un papillon givré, écrasé sous les ongles

De tes pieds insouciants. Ses ailes arc-en-ciel

Immobiles et raidies, à jamais ont pâli.

Tu cours sur les nuées, à gorge déployée,

Les nuages vidés de leurs pleurs damassés,

Les forêts déployées comme des mâts dressés

A la face du ciel aux courbes délicieuses,

Ont ri de te voir nue, toi la superbe gueuse,

Deux passants égarés sur tes landes fleuries,

Sont devenus fous, ton cul les a damnés.

Une sorcière éteinte à force de brûler,

Sur les bûchers des temps, par les hommes embrasés,

Et sa langue de feu, et ses yeux de démon,

Crient de toutes leurs veines. La torche de ses cheveux

Éclaire la grande nuit des vierges sacrifiées.

Là-bas au crépuscule des paupières calcinées,

Ton chant, miroir brisé.

SUR LE BASSIN MÉDITÉRRANÉEN.

Au bord du bassin.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Elle avait le bassin méditerranéen.

On y trouvait des dunes des courbes et des ombres

Des plages et des embruns des havres et des escales

J’aimais m’y enfouir m’oublier corps étreint,

Faire briller l’arc-en-ciel en chassant la palombe

Tomber en pâmoison mourir en bacchanale.

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Elle avait des seins comme des enivrements

A y perdre ses vies à prier sous la croix

Les filles en organdi et les filles de foi.

A se gaver de lait de pain et de froment,

Quand au soir d’un matin j’y croquais sous sa loi

La fleur et son bouton attendri et dément.

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Elle était un brûlot chargé de baies sauvages

Aux chevilles de verre chaudes comme des tisons

Des cheveux de miel lent à couler les navires

A dresser les démons, les sylphes et les mages.

Les hommes étaient au feu et Vulcain à sa forge

La terre convulsait à la vue de sa gorge.

Dans la savane aride se taisent les lions

Dans les steppes mongoles deux collines chavirent.

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Et moi je deviens fou, j’ai perdu la raison.

ET LES SABLES ABOUTIS.

Immémoriales.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Les cheveux lents des chevaux fous, lancés comme des trains effrayants sur les crêtes écumantes des grandes déferlantes

qui tombent comme des rires tonitruants

sur les sables dorés des grèves

désertées.

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S’étalent, dévalent, envahissent, emmaillotent,

emprisonnent, entre leurs doigts d’algue verte, les cailloux roulés,

descendus comme des trains d’enfer des sommets

inaccessibles qui surplombent depuis des millénaires les eaux tumultueuses.

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Et les sables aboutis, poudre de roche, impalpable comme le temps

qui s’enfuit entre les doigts gourds des humains

 malhabiles.

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Ils regardent les pierres lavées, roulées, usées par la patience des eaux et des temps, de leurs yeux désabusés par

les trop fades fausses évidences de la vie qui

s’enfuit.

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La grève est vierge comme une courtisane repentie, elle tressaille

sous les caresses intimes du soleil incandescent, elle prend des teintes pastelles, celles des joues des jouvencelles

quand le printemps leur caresse

le ventre.

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Les vents tournent comme des toupies impalpables, fouettent les sables qui giflent les filles hardies aux jupes sauvages

et les garçons sont d’impatients roseaux

qui rongent leurs jeunes ongles

au sang.

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La vie passe, trépasse et les sables demeurent.

LE CAUCHEMAR MOCH, CAR.

Le Cauchemar Moche, Car de La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Pluie battante dans la nuit blanche de la nuit noire, crachin glacé glaçant

à faire fondre les épaules refermées de l’ombre en marche

forcée.

Forcée d’être là sous les épaisseurs chaudes, rassurantes,

dans le douillet apparent

 et là, dans le froid du cauchemar moche

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Les gros yeux jaunes des phares éclatants recouvrent le bitume

mouillé d’une laque d’or, opalescence violente à crever les cristallins,

les pupilles têtes d’épingle resserrées, minuscules puits d’ombre, à saigner,

ruisselets rouges sur jais.

Laque d’ambre sombre, laque noire de Chine quand les lumières s’estompent.

A chercher comme un chien perdu

l’introuvable inconnu qui toujours se dérobe.

Escaliers interminables, couloirs sinueux, delta des improbables.

Les grands sapins aux aiguilles empiquetées

s’allongent à n’en plus pouvoir, ombres géantes, menaçantes, mouvantes,

à trancher la route en lacets, perdue sous les rafales d’eaux

cinglantes.

Sous le couvert de la forêt épaisse, les silhouettes stroboscopées

d’animaux courants dans les futaies enténébrées

encadrent les mystères déroulés.

Élégance furtive des regards fuyants, roux

comme des spasmes angoissants,

traces éphémères du sens

absent.

Forge haletante, veines en feu, souffle coupé.

Tout disparait.

Retour, rupture, effroi, très froid.

A grands pas les pieds nus écorchés par les pavés disjoints.

Immense espace vide, parking désert, lumière soufrée des réverbères plantés

dans le goudron.

Sodium liquide effrayant.

La pluie toujours dissout la quête, efface les empreintes

baveuses des limaces blanches, le sillage écarlate du souvenir

des pas perdus.

Marche moche vers l’ailleurs impénétrable, sueurs aigres, souffles aigus,

bronches crevées

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Dure-mère sous tension, arachnoïde à se rompre, pie-mère en pleurs, en équilibre

instable sur le corps calleux, sur le pont d’entre deux mondes.

Marche moche, car.

LE VERBE REVIENT.

L’encre de la seiche de La De.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Mais que j’aime ! Rien jamais n’est aussi délicieux.

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O non, que non, juste avant que.

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Quand au noir du limbique le cours mystérieux résurge du fond des profondeurs inconnues,
il a cheminé longtemps, circonvolué, traversé les strates des mystères,
s’est frayé un chemin du reptilien au cortex,
bravant la conscience, éclatant mors et brides,
renâclant et piaffant comme un yearling sauvage à la crinière ondoyante,
aux sabots de pur cristal, aux naseaux plus soyeux que le plus sauvage des organsins,
pour surgir comme un éclat de rire enfantin,
noircir de sa vie colorée
l’immaculé de la page,
déflorer l’absence,
innocent, arrogant,
insouciant, amoureux
et naïf.

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Lui le jet, le flux,
la lave brulante qui pousse au bout des doigts soumis,
il se mêle au flux, le poursuit, le nie ou l’encense.

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Le verbe revient.

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Le corps exalte, enfle, renait et expire
dans un orgasme inouï.

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Flux et reflux immémoriaux.

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Vous qui n’êtes pas soumis à son joug,
à sa poigne de jais éblouissant,
à son impitoyable étreinte,
jamais vous ne connaîtrez
la plénitude.

UN ORNITHORYNQUE.

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L’orniDethoLarynDeque.

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Un beau soir un canard bleu au large bec plat

Cheminait, tortillant son croupion courte queue

Le fat se rengorgeait et poussait des coin-coin

Si faux, si métalliques, que les vaches mettaient bas

Des veaux très mal foutus qui ne faisaient pas meuh

Des bestiaux à trois pattes, certains sans arrières trains.

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Alors la basse-cour monta sur ses ergots

Intenta un procès au canard  ce braillard

Les poules et les lapins, les vaches et les taureaux

Bannirent le volatile, le chassèrent du dortoir

Les canettes eurent beau cancaner tout le soir

Le canard, de très peu, échappa au bourreau.

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Il s’en alla très loin connaître le vaste monde

Des mois et des années, par tous les continents

Le baroudeur fit le tour de la mappemonde

Il traversa les mers mi-volant, mi-nageant

Et comprit un beau jour que la terre était ronde

Sa surprise fut grande, il s’assit sur un banc.

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Un soir de très beau temps, le moral au plus bas

Il trempotait ses pattes aux phalanges réglisse

Dans l’eau douce d’une mare. Le soleil au plus bas

Se regardait dans l’eau comme le dernier Narcisse

Une larme a coulé sur son bec de marbre

Il était seul et triste dépressif et malade.

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Une dame castor qui nageait en dormant

A vu le Barbarie aux grands yeux si charmants

Elle vivait toute seule au milieu d’un grand nid

Au milieu de l’étang des grenouilles et des pies

Sa jolie queue poilue s’est glissée sous ses plumes

Le canard amoureux a fait sonner l’enclume.

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Leurs amours aquatiques répétés et bruyants

Ont fait fuir les tritons les hérons et les tiques

Les plumes ont volé jusque dans les étoiles

La forêt a jasé, toutes les bêtes à poils

Aux oreilles velues ont hurlé à la mort

Castorette et canard ont chanté haut et fort.

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Quelques mois ont passé, l’ornithorynque est né

Le brochet son parrain lui apprend à nager.

MON DOUTE.

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Le doute par La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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C’est un doute d’amadou

Pauvre doute ce bambou

Qui me tape sur la tête

Ce n’est pas toujours fête

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Oh le doute ce relou

Velours de hibou garou

Bien caché derrière mon rire

Il fait un bruit de tirelire

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Oui mon doute toi mon fou

Tu sonnes foutu biniou

Tu me glaces le cerveau

Quand je suis au caniveau

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Toi mon doute mon grisou

Mon enfant toi mon doudou

Tu te glisses sous ma peau

Quand je te joue du pipeau

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Mon miroir me met au doute

Il fait si noir dans la soute

Triste face que tu renvoies

Il est mort mon beau minois

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De mon doute je me fous

Je ne suis pas un marabout

Quand je tombe sur un clou

Il me griffe le genou

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Sur la route de mon doute

Quand je pleure et quand je goûte

Aux fruits rouges de mon vin

Je sens bien que vient ma fin

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LES MOTS.

Les mots noyés de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Les mots on disparu, le verbe s’est noyé

Sous les glaces polaires des temps accumulés

Les saillies enfoncées dans l’oubli des nuits claires

Dans les rêves obscurs, dans les lumières éteintes

Au secret des jours creux, dans l’alcôve aux étreintes

Au long de ces années, au fil de la rapière.

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Les mots ont leur vie propre, ils font ce qu’il leur plaît

Ils viennent quand ils veulent, violents éjaculés,

Se rient du libre arbitre des conventions défuntes

Petits mots ou grands cris, les mots aux cœurs sans crainte

Déroulent leurs guirlandes et n’ont pas peur d’oser.

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Des penseurs débridés, des poètes abscons,

Aux discours lénifiants qui pendent aux balcons

En grappes de fruits blettes, en discours fanfarons

Les mots dans le secret sont comme des fanfares

Qui rugissent ou se taisent aux cordes des cithares.

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Parfois ils sont la lame, ils fendent les cœurs noirs

On ne les attend pas, c’est alors qu’ils déferlent

Étincèlent et rutilent en mille feux grégeois

Ils sont les perles rares qui brulent de savoir

Pourquoi la mort est tendre le soir au creux des bois.