Littinéraires viniques » Christian Bétourné

CHANSONNETTE ET FOUTRIQUETTE …

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Sous le trait léger de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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 Suceuse gourmande de sucettes

Ma fillotte, ma fillette, ma pucette

Tu fais des ronds sur mes bonbons si bons,

Et ma belle, ma pucelle, tournicotons,

Toi tu me l’uses quand tu me la pèles,

Me la tournes, la chantournes ma ficelle

Marie-Luce, tite puce a tété le bébé

A pleuré si frais pour avoir sa purée

Qu’a coulé sur son nichon suret,

Ultra salope nyctalope interlope,

Si bonne ma cochonne, tu fumes ma clope

Grosse botte de salsifis tout flétris,

Étalés, équarris sur ton lit.

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Ma pelote, ma petiote, ma ravigote,

A boire à la fontaine, tu as tant ri.

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Tire bouchons de réglisses à façons,

Tagada, t’as qu’à pas croquer des valdas,

Liqueur de prose ça coule sur la chose,

Candide Candice, joli colimaçon,

La vanille et la fraise coulent sur ton menton,

Roploplos, ventre, dos, à cheval, à dada,

Croque coco, bubble-rose,

Barbe à papa, pistache et caramel mou,

Coquilles sucrées, sac à puce et roudoudou.

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Chansonnette et foutriquette,

Chevrote la biquette,

Branlotte la meufette.

TES REINS, TES LOBES …

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D’après Victor Hugo, “Demain, dès l’aube” …

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Tes mains, tes orbes, bonheur, beaux lys en flamme,

Exaspérés. Sens-tu, je fais que je te fends.

Je serai le goret, je serai belle poigne,

Je ne puis t’emmancher tout en toi comme l’amant.

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Je te prendrai les mains crochées à ton fraisier,

Tant bien croire si fort, tant bien prendre ta nuit,

Veule et bossu, si fort bandé, les reins brassés,

Aigri, et ton jour ta loi connaîtra ma scie.

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Je n’oublierai ni la mort qui le soir gronde,

Ni la moelle en vain dégoûtant vers ta fleur,

Et quand j’éclaterai, je serai comme un monde,

Le hoquet d’un fou pers, en colère, en sueur.

ODE A PAULI PIETRO …

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Le Pauli de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Il est grand, il est beau, elles tombent par jonchées,

Brisées comme des poupées, toutes pâmées à ses pieds.

Sous sa carcasse gigantesque, regard frisé,

Brûle, feu de grand chêne, petit cœur de cousette,

Mais le Pietro beau, pas une raclure de braguette,

Il aime trop le vent pour draguer les minettes,

A trop croquer la vie, il oublie les doucettes.

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Perdu là-bas, loin de son île bleue de beauté,

Il rumine, seul dans son château délabré,

Concocte, peaufine, un plan très désespéré,

C’est un battant au cœur violent, bouche de sang,

Pauli ourdit, crayon de mine, départ ardent,

Vers les confins, patin couffin, comme un enfant,

Voler plus loin, ronger son frein, manger le temps.

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Adieu bouchons, quenelles, saucisses, vive le son,

Le grand tromblon, bandé, il tire le canon,

Pleines bordées, virées vers le large horizon,

Va s’envoler, poches lestées, Indes galantes,

Les poings serrés, les yeux fermés, espoir, je tente,

Il veut, il va, vienne le temps des tremblantes,

Alors mon cœur, serrez les dents, filles dolentes.

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Pauli, fils des ris, cloue sa tente à Bombay,

Dans les ruées, les nans, les encens, les fumets,

Saris dorés, couleurs, odeurs, il s’est posé,

Ailes ouvertes, bec acéré, regard verdet,

Dans ses pupilles, éclats brisés, il a osé,

Larguer amarres ; sonnez fanfares, Pietro l’épée,

Tire des bords, du sud au nord, parti flingué.

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Bali, balo, Pauli Paulo est un taureau,

Petit Pauli, je ne suis lui, et je pâlis.

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Vole donc mon frère, vers les rivages, mords les mirages,

Où est le temps jadis où nous étions en lice …

LES ORGUEILS SYNTONES.

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D’après Victor Hugo : “A une femme”.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Olifant ! Si j’avais froid, je vomirais le pire,

Et mon dard, et, mon être, et ma hampe dans la boue,

Et ma bonne qui dort, et ses seins lourds de cire,

Et les fiottes, à qui le haire ne peut souffrir,

Pour un panard d’un sou !

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Si j’étais pieu, la bayadère toute ronde,

Les langes, les tétons gonflés devant mes doigts,

Et le si blond verso à la faille furibonde,

La volupté, vorace, et les dieux et les ondes,

Pour ta bouche en émoi.

ET LES BALEINES BLEUES …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

Je marchais à tétons, j’ai perdu mon chaton

Quand le ciel se déchire, l’orage se déchaîne

Mais Dieu ! Toi qui me rinces quand je suis rincé

Eclaire plutôt le ciel, et volent les hirondelles.

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Je croyais que mon chien se prenait pour Pétain

Etrange, mais Dieu a plus d’un tour dans son sexe

Et voilà que Pétain se réincarne en clebs

Mandela est mort qui aimait tant la hola.

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Keats, Whitman, Shakespeare et même le très Poe

Tous traînants sous la pluie qui claque sur les docks

Les passant harassés allongés comme des veaux

Et les baleines bleues, les séquoias en cloque.

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Dis moi que le ciel après que les eaux grasses

De nos pleurs et des leurs sur nos peaux si lasses

Sont tombées ont lavé nos vie et nos godasses.

Soleils écarquillés faites fondre les glaces.

LASCIA CH’IO PIANGA …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

Ciel polaire si clair froid coupant si blanc

Oeil de nymphe sang de lymphe flanc battant

Dragon noir dents d’ivoire pupilles broutilles

Dans la nuit ours gris du vent dans les trilles

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Au pays dégourdi mains glacées pieds plantés

Elle m’a dit la houri sous tes reins j’ai pleuré

A dormir soupir désir travertin de ton sein

Odorant hérisson ta pupille charmille

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Montaigu l’âme nue Capulet œil crevé

Odalisque je te bisque ta cuisse triste

Enchanteur le merlin a tué le bélier

Vole ma folle farandole amour trop loin

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Point n’en faut trop c’est trop à cheval au galop

S’en est allé sur les galets la Diva ho !

Tranche la faux huile à la mort sinistre corps

Voix de tête cœur qui tète dans tes ors mi amor

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Lascia Ch’io pianga, mon âme chante Haendel

Fou d’elle ma mirabelle tes ailes tes dentelles

BIGAME, ELLE FLATTE.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

Elle pleurait avec sa blatte,

Et c’était si bon de boire

La liqueur franche à la blanche jatte

D’albâtre dans le creux du peignoir.

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Elle criait – la petite rate ! –

Sous la laine de son encensoir

Son beurrier, ondes pirates,

Brûlant, et chairs comme un bavoir.

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L’autre farcie voulait sa purée

Et ouvrait sa grotte perlée,

Mais le pendable n’y laissait rien …

Et dans le tiroir où, sa flore,

Coulait à frire comme de rien,

Brillait la seule pointe que j’adore.

SOUS LA LANGUE, PERFIDE …

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Ce que La De voit dans les mots …

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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L’agneau aux yeux de soufre a bêlé,

Plus fort qu’il ne le fera plus jamais,

Il a tant aimé être ainsi crucifié, foutré

Que les cloches de Pâques se sont fêlées.

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Entre les cheminées aux braise ardentes,

Comme un corps extasié sous la langue sifflante,

Il a connu plus qu’il ne connaîtra jamais,

Pantelant, soumis, ravi, emporté, ravagé.

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Sous la bouche pointue d’une goule puissante

Ses chairs, sa peau, son ventre, toutes ses fentes,

Coulantes, brûlantes, et navrées tout autant,

Quand son cœur est nié, sa volonté brisée.

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Quand le temps infect des turpitudes infligées,

Acceptées aussi, désirées, adorées à crever,

A passé. Quand le vent si fort, si pur, à en mourir,

S’est engouffré sous ses voilures de porphyre.

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Alors ses grands yeux de larmes refoulées,

Comme des tempêtes aux douceurs ignorées,

Se sont ouverts, un soir qu’il n’attendait plus,

Le vent s’est calmé, la brise a tiédi quand il a paru.

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Succubes, incubes, démons des temps passés,

Sur vos crânes lustrés je chie comme un damné,

Je suis la douceur, la tendresse, la main qui caresse la soie,

Celui qui lui sourit, je ne suis pas sa loi.

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Je suis l’amour, à jamais espéré.

MON GLAIVE REVIGORÉ.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

Je bois souvent cette eau d’ange et de sang

D’une source incongrue, et de laine, et qui m’assène,

Et qui n’est, chaque fois, ni pur diadème

Ni tout à fait carême, et me saigne et me détend.

 

Car elle m’est océan, et mon coeur mellifluent

Pour sa meule, hélas! N’est pas un pâle requiem

Elle qui feule, et les ardeurs de ma bouche l’aiment,

Elle seule les sait faire gémir, en bavant.

 

Est-elle lune, ronde ou brousse? Je l’adore.

Son balcon? Je le retiens, qu’il est lourd à bâbord,

Comme ceux des damnées que la vie baptisa.

 

Coeur blafard, salsepareille au mitard des sangsues,

Et, pour sa loi, ma reine, inflexible, et lasse, elle va

La malédiction, la sorcière qui règne et me tue.

AU CHAR DRU …

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

Doux supplice fou du purpurin,

Au creux, oasis de tes reins,

Tes nattes servent de freins,

Au char dru, onctueux de ton fût,

Que je conduis enfin d’une main …

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Au soleil cuisant, l’opale de tes orbes,

Dépecées, rougies, en désordre,

Flattées, fessées, mordues, pétries,

Font de l’ombre à la mort quand tu cries

A mourir. Tu défailles sur mon sein …

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Courent les risées, les lourdes nuées,

Dans l’eau de tes yeux, azurs ravis,

Fondent tes lapis, tanguent tes cheveux,

Au soleil de bronze du couchant de ma vie,

Suis moulu, perdu, rincé, cœur qui bée …

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Les rasoirs coupants de tes dents,

Griffent ma peau et rougissent mes flancs,

Tes ongles ont percé jusqu’au sang,

L’épaisse obscurité des iris du temps,

Et je gis comme un grand requin blanc …

 

Les feuilles rousses des grands arbres nus,

Sur ton corps alangui, à demi étendu,

Comme des soies rouges, ma sorcière,

Recouvrent d’organsin ta gorge qui palpite,

Quand l’absolue folie nous habite …

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Alors l’espace implose,

Et te couvre de roses,

Les âmes aux paupières closes,

Se foutent de ma prose,

Elle rient, je suis, tu es ma chose …