Littinéraires viniques » Christian Bétourné

UNE DINDE.

Sous sa parure noire, ses plumes bien rangées

Une dinde glougloute à longueur de journée

Elle a le port altier, la démarche ondulante

Ses petits yeux sont laids, sa dégaine navrante

Autour de son long cou pendent en grappes molles

Des billes de chair rouges, on dirait une folle.

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La basse cour se tait, lapin est terrifié

On ne voit que son cul qui dépasse du terrier

La dinde ivre de morgue passe comme une reine

Même le plus beau coq pleure comme une baleine

La pintade sidérée n’ose plus cacaber

Seul le bouc du crémier a osé l’affronter.

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C’est à grands coups de corne qu’il a chassé l’intruse

Et la dinde ulcérée aussi bête qu’une buse

A voulu s’envoler jusqu’en haut du pommier.

Mais son sac de cuir fin, un sac de grande marque

S’est coincé dans les branches. Vexée comme un énarque

Elle criaille plus fort, toutes plumes empêtrées.

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Dans le ciel saturé d’azur et de nuages

Un goéland l’a vue perdue dans les branchages

Le gros oiseau vorace a piqué comme un fou

Pour dévorer tout cru le soi-disant gorfou

Arrivé sur les lieux il a vu son erreur

Il a fait demi-tour, a regagné le ciel

Et la dinde est restée accrochée par les ailes.

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Mais le singe Kiki est arrivé bien vite

Séduit par la donzelle, il a brandit son vit

A embroché la dinde comme une vulgaire catin

Elle a hurlé un peu puis s’est accoutumée

A aimé tout à fait les assauts du macaque

La folle a cacabé jusqu’à lâcher son sac.

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Dans la cour le dindon alerté par les cris

A regardé la scène d’un air à peine contrit

Puis s’en est retourné dormir en son logis.

ET JE TREMBLE POUR TOI …

Illustration de La Folle De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Ces femmes qui ne que sont des filles,

Affublées, provocantes, légères mantilles,

Me laissent sans voix et sans désir,

Mais la fille, jolie, qui est juste zéphyr,

Et fille aussi, lascive et fière,

Me met le cœur et l’âme, hors bière,

Aux fêtes rares des amours confites,

Elle, oui, frémit et me convie,

A me perdre, je veux, aux confins de ses yeux

Qu’elle a grands, limpides et si bleus …

——

Douceur lycanthropique, lave exsudée,

Organsin fragile, orages déversés,

Gestes gracieux, incontrôlés, énamourés,

Qui me tendent les bras, et toutes leurs vallées,

Profondes, brumeuses, goûteuses, inexplorées,

J’y tombe, m’y perds, m’y glisse, et m’y évade

Quand, pauvre hère, perdu, honteux, en rade,

J’allais, âme partante, voler vers d’autres mondes,

Bien au-delà des fins, des mappemondes,

Loin de tes fruits, tes orbes, tes courbes rondes …

——

Tu me regardes comme une enfant perdue,

Me prends, me donne, comme ta main tendue,

Me caresse, ta voix gratte à ma porte,

Qui claque, béante, sous le vent qui te porte,

J’exulte, interdit, me perds, m’oublie,

Quand, innocente, tu me retrouves, ma louve,

Me dis que depuis que les mondes ont jaillit

Des profondeurs, des magmas et des lits,

Des visages, des corps qui ont comblé ta vie,

Enfin tu sais, ce que veut dire aimer.

——

Alors je jette au vent mes oripeaux blanchis,

Me dépouille de la rouille, de mes amours rôties,

Je hurle à la lune combien j’étais meurtri,

Fracassé, désolé, aride et foutre de pie,

A toi, si rouge sous ta pâleur, je crie,

Qu’à l’heure où sonne le déclin de ma vie,

J’emmerde les catins, les animaux aux poils drus,

Les boues figées, les eaux sales et les dards pointus,

Les extases, les glus et les dondons dodues,

Tu es là, tu trembles, et je tremble pour toi …

——

Mon quartz, ma lumière, l’obsidienne,

S’est muée, j’aime ta lune pleine …

UN ORNITHORYNQUE.

Un beau soir un canard bleu au large bec plat

Cheminait, tortillant son croupion courte queue

Le fat se rengorgeait et poussait des coin-coin

Si faux, si métalliques, que les vaches mettaient bas

Des veaux très mal foutus qui ne faisaient pas meuh

Des bestiaux à trois pattes, certains sans arrière trains.

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Alors la basse-cour monta sur ses ergots

Intenta un procès au canard  ce braillard

Les poules et les lapins, les vaches et les taureaux

Bannirent le volatile, le chassèrent du dortoir

Les canettes eurent beau cancaner tout le soir

Le canard, de très peu, échappa au bourreau.

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Il s’en alla très loin connaître le vaste monde

Des mois et des années, par tous les continents

Le baroudeur fit le tour de la mappemonde

Il traversa les mers mi-volant, mi-nageant

Et comprit un beau jour que la terre était ronde

Sa surprise fut grande, il s’assit sur un banc.

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Un soir de très beau temps, le moral au plus bas

Il trempotait ses pattes aux phalanges réglisse

Dans l’eau douce d’une mare. Le soleil au plus bas

Se regardait dans l’eau comme le dernier Narcisse

Une larme a coulé sur son bec de marbre

Il était seul et triste dépressif et malade.

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Une dame castor qui nageait en dormant

A vu le Barbarie aux grands yeux si charmants

Elle vivait toute seule au milieu d’un grand nid

Au milieu de l’étang des grenouilles et des pies

Sa jolie queue poilue s’est glissée sous ses plumes

Le canard amoureux a fait sonner l’enclume.

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Leurs amours aquatiques répétés et bruyants

Ont fait fuir les tritons les hérons et les tiques

Les plumes ont volé jusque dans les étoiles

La forêt a jasé, toutes les bêtes à poils

Aux oreilles velues ont hurlé à la mort

Castorette et canard ont chanté haut et fort.

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Quelques mois ont passé, l’ornithorynque est né

Le brochet son parrain lui apprend à nager.

LE CROCODILE.

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Le marshmallow croco de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Sur le bord d’un vieux fleuve, large comme la mâchoire

Des grands fauves grondants qui viennent s’y baigner,

Un tronc de bois bandé attend, rien ne le presse,

Qu’une vague de passage le remette à voguer.

Un phacochère hargneux, capable de bassesses,

Dandine en grommelant, tout heureux d’aller boire

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A portée de son groin, la voilà l’onde fraîche !

Elle est d’or et d’argent, il se régale déjà.

Accélérant l’allure, le cochon noir grogne,

L’animal est si laid, son air est si revêche

Qu’il fait peur aux ibis, aux longs becs des cigognes,

Aux oisillons fragiles, aux sombres jacanas.

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Gêné par son clavier aux dents proéminentes,

L’ombrageux sanglier trébuche sur le vieux bois,

Le choc est si brutal qu’il le déséquilibre.

Comme un éclair soudain sous un orage sournois,

Deux lames aux dents blanches, ivoires d’un gros calibre,

Et le voilà brisé par l’assaut du géant.

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Emile le crocodile est un maître tueur.

Il n’a peur de personne. Pas même des crinières

Et des muscles puissants. Sous ses paupières lourdes,

La cruelle lueur de la lumière qui sourde

De ses pupilles fendues, dignes des pires sorcières,

Tétanisent tous ceux qui frôlent sa demeure.

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En armure de cuir, massif comme un char,

Emile a refermé sa gueule de vieux soudard,

Puis il s’est endormi, la panse bien remplie.

Un oiseau s’est posé, un pluvian tout petit

L’éboueur minutieux lui a curé les dents,

A coups de becs précis, au-dehors, au-dedans.

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Un éléphant géant a vu tout ce théâtre,

Il a couru vers l’eau volant à tire-d’aile,

Trente tonnes lancées à fond de manivelle.

Emile d’un coup de queue se joue du cataphracte.

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Les yeux au ras de l’eau, Emile fait la bûche,

On dirait qu’il dérive, mais ne vous y fiez pas !

COMME CE PAYS EST BEAU.

Les chats chats de Brigitte de Lanfranchi.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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Comme un chat bleu caché sous un châle rouge

Un matin de craie blanche éventré par le vent

Au milieu des forêts aux verts désenchantés

Solitaire et heureux comme un moine en extase

Moustache de crin tendu, quand rien ne bouge.

L’immaculé meurtri allongé sur le flanc

D’un rêve aux antennes brisées désabusées

A regardé le chat de ses yeux de soie lasse

Sur le tapis laineux des neiges inaltérées.

Comme une odeur de paix étrangère à la terre

En ce lieu secret la lune luit sur l’océan

La tempête est tombée les arbres se reposent

Le ciel noir s’est vidé, les yeux bordés de cernes

Ont souri à nouveau comme deux éclats de verre.

Rien même ne tressaille dans le creux du divan

Le temps est arrêté les vers font de la prose

Les cœurs sont endormis au fond des lits en berne

Et le silence est doux le soir au bord de l’eau.

SUR LE SOFA DES FEMMES.

Par la grâce du Chaman de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Sur le sofa des femmes je me suis allongé

Leurs ventres respiraient bon la sauge fraîche

Veloutés et bombés comme des tambours tendus

Les fanfares à venir chantaient des airs guerriers

Dans un demi-sommeil je caressais leurs culs.

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Toutes les soies de Chine sur leur lit répandues

Les fragrances ombreuses des maquis inconnus

Les ombres disparues des plaisirs sous mes doigts

Qui s’agrippaient crochus à leurs seins plumes d’oie

Et leurs regards perdus tout là-haut au dessus.

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La nuit était profonde et mes rêves de lait

Coulaient comme des fontaines, désaltéraient ma bouche

Je volais sous leurs ailes, croquais des cons salés

J’étais heureux tel dieu, elles caressaient ma souche

De leurs yeux de rubis sourdaient des diables laids.

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Les étoiles traversaient le ciel, et le nuage

De jais, jamais ne se montrait. La nuit était

Sombre et limpide, je n’avais plus de nom,

Ni souffle décadent, elles étaient blanches et pures

Plus de troubles épais, plus de pensées obscures

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Puis le soleil violent a brûlé les toits gris

La chambre des mirages a perdu ses vertus

J’ai vu par la fenêtre voler un colibri

Son poil était si noir que j’ai perdu la vue.

Au royaume des songes j’ai bu le vin de Lie.

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LES NASEAUX FRÉMISSANTS.

L’énigmatique Hécate de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Sombre nuit que ce jour, la terre est à la peine.

Le soleil fleur de ciel aux pétales blessés

Caresse les collines aux rondeurs dévastées

Les arbres dénudés par des torrents de haine

Gémissant et hurlant à la face du monde

La vie aux yeux crevés, la pauvre vagabonde

A perdu ses couleurs et son rire se meurt.

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A la fontaine bleue les eaux devenues tristes

Ont perdu leur éclat, leur chant pâle et sinistre

Effraie la salamandre, la mésange nonette

Et même le renard aux grands yeux de poète

Blotti sous les taillis se meurt de peste noire

Sa langue rouge sang aux écailles d’ivoire

Sur l’ambre de ses yeux se reflète l’horreur.

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Les fleurs se sont fanées, les plaines sont désertes

Les chevaux se souviennent quand les herbes étaient vertes

Quand à perte de vue toute crinière au vent

Ils galopaient joyeux sur leurs sabots d’argent

Les naseaux frémissants des étalons joueurs

Respiraient les parfums des juments en sueur.

Dans le ciel d’outremer planaient de beaux flâneurs.

LE PETIT CHAT EST MORT …

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Il est pas beau le chat de La De ?

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Les guitares, sons désaccordés. Aux pieds gelés

Tout au fond des souliers, les ongles calcinés

Saignent comme des gorets aux dents déracinées.

La montagne est pelée, les arbres fatigués,

Les feuilles désargentées, et les gens, fauchés

Comme les blés ne sont plus dorés, même à Béziers.

Les lustres entamés par les rouilles, délabrés,

Les requins sont jetés par dedans les fossés,

Les lumières ont pleuré des larmes désarmées,

Les mers bleues avalées et les récifs griffés,

Le petit chat crevé, la souris anémiée,

Les greniers sont vidés des derniers grains de blé,

Les soupirs sont fanés, les amants enterrés,

Au fond des trous percés par des cafards mâchés.

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Regardez comme je sais arracher vos goussets,

Vos montres arrêtées ne peuvent plus chanter.

Dans la brume glacée, les gorilles désossés,

Au désert crevassé, les grenouilles emportées,

Les lacets sont plumés, les poules sont gavées,

Sous les dents carnassières, un oiseau a craqué,

Dans la nuit désertée, des femmes vont pleurer,

Des enfants assassinés, des aveugles châtiés,

La lune sera cachée derrière les rochers,

Au loin, de la fumée, il est temps de rentrer.

Et dans les bars bandés, les putes seront bondées,

Le tramway violet, les busards déplumés

Ont volé tout là-haut, et les étoiles perchées

Sur des mâts de misère ont perdu leur cachet.

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Les impasses, noires de minets défigurés,

Ont perdu leurs quinquets, leur boue et leurs pavés,

Gavroche démissionné, Jean Valjean dépassé,

Eluard est paumé et Desnos est brisé,

Regardez comme je vais le long des contre-allées,

L’herbe n’a pas repoussé après qu’on l’a fumée,

Aragon a voté et Prévert a roté,

Colchiques dans les prés, les yeux seront crevés,

Les rasoirs affûtés, les homme dépités,

J’ai chanté tout l’été comme la cigale l’a fait,

Et je suis harassé par ces rimes à hurler,

Les canons sont limés, les filles sont tirées,

Par les cheveux tressés des chevaux bien coiffés,

Le petit chat est mort, Molière l’a tué.

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Allez viens avec moi, il est temps de partir,

Là-bas où les nuages sont plus doux à mourir …

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NON MAIS T’AS VU !

 ©Texte et dessin Christian Bétourné. Tous droits réservés.
Non mais t’as vu comment tu causes,
T’as rien à craindre, y’a plus d’kolkhoze,
T’es qu’un p’tit bourge en pleine sclérose,
Avale ta soupe et mets en pause,
Ou t’es parti pour une thrombose.
Y s’passe rien, et toi tu oses !
….
Chic, v’la les soldes, j’vais m’régaler,
Je vais m’en foutre à ras le nez,
Des fringues, des livres, des gros nénés
Faut qu’j’me remplisse à en crever
C’est l’seul moment de vérité
Avec les pâtes et l’cassoulet.
….
Mais qu’est-ce qui t’fait courir comme ça,
À dégoiser ton blablabla,
T’as vu ici, t’as vu là-bas,
Comment ça crève à tour de bras,
Putain Martin, fait chaud papa,
Ferme la fenêtre, enlève tes bas.
….
Lâche ton caddie et vive la mer,
Ferme la portière, sois pas amer,
Il était beau mon légionnaire,
La plage est là sous les vulgaires,
Comme il fait chaud, ouvre le frigo,
Non c’est ma place, pousse toi Toto !
….
Non mais t’as vu comment tu causes
On va crever, et y’a qu’ça d’vrai !

 

 

 

 

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DANS LA CRYPTE, OUBLIÉ.

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La De fait sa Vlad.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Sur les sommets noirs, le soir, plane Dracula,

Le catafalque lugubre file au ras des monts,

Mors aux dents, sous le fouet, les cavales folles

Ramènent le maître blême aux entrailles du château.

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Loups aux crocs qui claquent, chauves laids qui sourient

De toutes leur âmes mortes, honnies, brumes létales,

Démons, sorcières, goules, chairs pâles et lustrées,

Ombres immenses, flambeaux éteints, miroirs ternis.

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Au pied des tours maudites de son château lugubre,

Toutes les bêtes fauves, regards hallucinés,

Pupilles dilatées, iris de cuivre tigre,

Hurlent à l’unisson, horrible soumission.

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Babines humides et salives fétides,

Pelisses hirsutes, légendes infernales,

Des puits noirs sans fond enfin remontées,

Aux pieds du maître impavide, domptées, elles s’ébrouent,

C’est le temps des turpitudes, des miasmes, de la boue.

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Le peuple des maudits, des chassés, des infâmes,

Enfin réuni, rêve de bouter les dames,

De déchirer leurs antres, de boire à leurs sources,

Au graal écarlate de leurs chairs fragiles.

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Lui qui fut Vlad du temps bien avant les corbeaux

Quand les fleurs rutilaient au salon des amours,

Atours, velours, rires d’enfants des beaux amants,

Sous le ciel pur, le soleil rouge ne brûlait pas.

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Le sang chéri maudit des petits êtres frais,

A boire chaud, à même les artères déchirées,

Aux gouffres béants sous la dent, ivoire qui croque,

Lycanthropes velus ou succubes infernaux.

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Espoirs de lait perdu, soie des regards nus,

Robes qui glissent, escaliers dérobés,

Quand le soleil brillait dans le regard bleu reine,

Elle qu’il aimait entendre respirer, à mort.

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Les blancheurs vénérées, le cristal qui tinte,

A ses lèvres humides, goûter son âme douce,

Perdre la mort qui rôde, gagner l’éternité,

Il pleure dans son tombeau, les fleurs sont fanées.

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A hurler de douleur sous les terres amassées,

Depuis des lustres. Éteint au milieu des ténèbres,

A chasser l’amarante des nourrissons déchus,

Les vierges se sont pâmées sur leurs gorges funèbres.

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Il aurait tant aimé n’être alors jamais né,

Avoir pu, avoir su, échapper au destin,

Glisser entre les failles du temps des mortels,

Et n’avoir pas connu la sorcière aux dents longues.

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« Diable de feu au regard de braise folle,

Lucifer mon frère, quand tu t’es effondré,

Que n’es-tu passé loin, plutôt que de me prendre,

J’aurais bien voulu vivre les fortunes humaines !».

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Et ce rêve effrayant, ce bonheur qui l’obsède,

Elisabeta se meurt, nul pour l’empêcher,

A la mordre à mourir il n’a pu se résoudre,

Alors il se morfond le diaphane empaleur.

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Combien sont disparues toutes ces jeunes années,

Quand la mort faisait peur, quand il la redoutait,

Et ce vent qui coulait dans les cheveux des femmes,

Quand il croyait que Dieu n’était que pure bonté.

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Il se voyait alors, belle plume et grand cœur,

Se promenant au bras d’une pâle crinoline,

Organdis frissonnants, rose et bonne mine,

Et des brassées de fleurs de soleil et de joie.

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Las, plus de trépas ni de cœur pieu qui lâche,

L’éternité encore, ultime punition,

Et le noir absolu, le doux soleil nié,

Les miroirs se fendent, les ombres disparaissent.

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Maintenant il rugit comme un damné qui meurt,

Il a maudit le sort, il aurait tant voulu

Anéantir Dieu et ses anges terribles,

Et retrouver le temps de ses amours goulues.

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Le temps n’est plus, Dieu l’a trahi, rêves perdus,

D’un pieu pointu sous le sein nu, regard voilé,

Fontaine de sang rouge, comme un porc, étêté,

Sous la crypte glaciale, affamé il triomphe.

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Dans ses yeux effrayants, un ange s’est miré …