Littinéraires viniques » 2024 » décembre

LA LUMIÈRE S’EST PERDUE

Sergey Fesenko. Noir pailleté d’ambre et d’or.

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Texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Le climat est à l’enfer et les loches paressent

Elles rodent affamées autour des coraux morts.

Le soleil dilaté mange l’hiver fragile

Les îles affligées sous l’azur implacable

S’étalent et se fanent, leurs cimes enneigées

Dans la mémoire éteinte des hommes oublieux

Dansent lentement. Doux souvenirs ombreux.

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La nuit on entend rire le cœur des pendules

La chouette s’est tue et le hibou s’endort

Aux confins des étoiles le vent des solitudes

A cessé de souffler, entre les mondes morts

La lumière s’est perdue.

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Où irons-nous pêcher si les amours pâlissent ?

Dans les ondes putrides

Où nage la sylphide

Dont le grand œil purule ?

 

 

 

LA VIE EST REVENUE.

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Le dragon de l’Île de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Jamais je n’aurais dû, assis sur cette berge,

Écouter ce dragon aux écailles d’argent,

Il pleurait tout son soul sa vouivre aux yeux de braise,

De ses grands yeux rubis coulaient des larmes d’or.

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Il me dit que la nuit quand le soleil s’endort,

La lune en habit blanc cache au creux de son sein,

Sa belle évanouie emportée par la mort,

Ses émeraudes pâles, sa poitrine d’airain.

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Triste, je regardais se perdre les eaux vertes,

Sous le vieux pont de pierre, le dragon épuisé

Soufflait comme un martyr. Par la fenêtre ouverte,

Les branches du grand saule, au vent se balançaient.

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Puis le soir est tombé, les étoiles pleuraient,

Je me suis à nouveau assis au bord de l’eau,

Grenouilles et crapauds, l’un sur l’autre enlacés,

Chantaient des airs aigus, cambrés comme des arceaux.

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Je me suis relevé, le dragon efflanqué,

A l’haleine fétide, avait brulé ma peau,

Je l’ai pris dans mes bras, l’ai porté sur mon dos

Nous nous sommes envolés jusqu’en haut du clocher.

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Quand la nuit s’est enfuie, les cloches ont sonné,

La terre s’est ouverte, la vie est revenue.