Littinéraires viniques » 2023 » octobre

NON MAIS T’AS VU !

 ©Texte et dessin Christian Bétourné. Tous droits réservés.
Non mais t’as vu comment tu causes,
T’as rien à craindre, y’a plus d’kolkhoze,
T’es qu’un p’tit bourge en pleine sclérose,
Avale ta soupe et mets en pause,
Ou t’es parti pour une thrombose.
Y s’passe rien, et toi tu oses !
….
Chic, v’la les soldes, j’vais m’régaler,
Je vais m’en foutre à ras le nez,
Des fringues, des livres, des gros nénés
Faut qu’j’me remplisse à en crever
C’est l’seul moment de vérité
Avec les pâtes et l’cassoulet.
….
Mais qu’est-ce qui t’fait courir comme ça,
À dégoiser ton blablabla,
T’as vu ici, t’as vu là-bas,
Comment ça crève à tour de bras,
Putain Martin, fait chaud papa,
Ferme la fenêtre, enlève tes bas.
….
Lâche ton caddie et vive la mer,
Ferme la portière, sois pas amer,
Il était beau mon légionnaire,
La plage est là sous les vulgaires,
Comme il fait chaud, ouvre le frigo,
Non c’est ma place, pousse toi Toto !
….
Non mais t’as vu comment tu causes
On va crever, et y’a qu’ça d’vrai !

 

 

 

 

What do you want to do ?

New mail

DANS LA CRYPTE, OUBLIÉ.

10818641_10203083363270480_1679475345_n (3)

La De fait sa Vlad.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Sur les sommets noirs, le soir, plane Dracula,

Le catafalque lugubre file au ras des monts,

Mors aux dents, sous le fouet, les cavales folles

Ramènent le maître blême aux entrailles du château.

—–

Loups aux crocs qui claquent, chauves laids qui sourient

De toutes leur âmes mortes, honnies, brumes létales,

Démons, sorcières, goules, chairs pâles et lustrées,

Ombres immenses, flambeaux éteints, miroirs ternis.

—–

Au pied des tours maudites de son château lugubre,

Toutes les bêtes fauves, regards hallucinés,

Pupilles dilatées, iris de cuivre tigre,

Hurlent à l’unisson, horrible soumission.

—–

Babines humides et salives fétides,

Pelisses hirsutes, légendes infernales,

Des puits noirs sans fond enfin remontées,

Aux pieds du maître impavide, domptées, elles s’ébrouent,

C’est le temps des turpitudes, des miasmes, de la boue.

—–

Le peuple des maudits, des chassés, des infâmes,

Enfin réuni, rêve de bouter les dames,

De déchirer leurs antres, de boire à leurs sources,

Au graal écarlate de leurs chairs fragiles.

—–

Lui qui fut Vlad du temps bien avant les corbeaux

Quand les fleurs rutilaient au salon des amours,

Atours, velours, rires d’enfants des beaux amants,

Sous le ciel pur, le soleil rouge ne brûlait pas.

—–

Le sang chéri maudit des petits êtres frais,

A boire chaud, à même les artères déchirées,

Aux gouffres béants sous la dent, ivoire qui croque,

Lycanthropes velus ou succubes infernaux.

—–

Espoirs de lait perdu, soie des regards nus,

Robes qui glissent, escaliers dérobés,

Quand le soleil brillait dans le regard bleu reine,

Elle qu’il aimait entendre respirer, à mort.

—–

Les blancheurs vénérées, le cristal qui tinte,

A ses lèvres humides, goûter son âme douce,

Perdre la mort qui rôde, gagner l’éternité,

Il pleure dans son tombeau, les fleurs sont fanées.

—–

A hurler de douleur sous les terres amassées,

Depuis des lustres. Éteint au milieu des ténèbres,

A chasser l’amarante des nourrissons déchus,

Les vierges se sont pâmées sur leurs gorges funèbres.

—–

Il aurait tant aimé n’être alors jamais né,

Avoir pu, avoir su, échapper au destin,

Glisser entre les failles du temps des mortels,

Et n’avoir pas connu la sorcière aux dents longues.

—–

« Diable de feu au regard de braise folle,

Lucifer mon frère, quand tu t’es effondré,

Que n’es-tu passé loin, plutôt que de me prendre,

J’aurais bien voulu vivre les fortunes humaines !».

—–

Et ce rêve effrayant, ce bonheur qui l’obsède,

Elisabeta se meurt, nul pour l’empêcher,

A la mordre à mourir il n’a pu se résoudre,

Alors il se morfond le diaphane empaleur.

—–

Combien sont disparues toutes ces jeunes années,

Quand la mort faisait peur, quand il la redoutait,

Et ce vent qui coulait dans les cheveux des femmes,

Quand il croyait que Dieu n’était que pure bonté.

—–

Il se voyait alors, belle plume et grand cœur,

Se promenant au bras d’une pâle crinoline,

Organdis frissonnants, rose et bonne mine,

Et des brassées de fleurs de soleil et de joie.

—–

Las, plus de trépas ni de cœur pieu qui lâche,

L’éternité encore, ultime punition,

Et le noir absolu, le doux soleil nié,

Les miroirs se fendent, les ombres disparaissent.

—–

Maintenant il rugit comme un damné qui meurt,

Il a maudit le sort, il aurait tant voulu

Anéantir Dieu et ses anges terribles,

Et retrouver le temps de ses amours goulues.

—–

Le temps n’est plus, Dieu l’a trahi, rêves perdus,

D’un pieu pointu sous le sein nu, regard voilé,

Fontaine de sang rouge, comme un porc, étêté,

Sous la crypte glaciale, affamé il triomphe.

—–

Dans ses yeux effrayants, un ange s’est miré …

A LA ROSE ÉCLOSE, ENFIN …

10887712_10203384599081187_454365680_n (2)

La rose fantasmée de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Même par temps serein,
Au plus calme des vents,
Je pleure et ne sais pourquoi.
Dans mes plis secrets
Le vide m’obsède
Moi qui cherche le plein.

—-

Le jour, la nuit, au secret des pages,
J’espère, attends et me complais,
Hurle dans le silence feutré
Des soies qui m’entourent,
Me cachent et me soustraient,
Aux regards vides, avides, volages,
Des sinistres guivres bornées.

—-

Leurs soupirs me glacent, m’envoûtent,
Ou me ravissent,
M’attirent ou me dégoûtent,
Mais jamais l’envie ne me quitte
D’être un jour comblée
De violence douce et de tendresse
Enlacées.

—–

Je suis grotte, trou, ou châsse,
Noir, rose et rouge,
Qu’ensorcelle la lave blanche,
Du dragon terrible à l’oeil torve,
Qui crache, juteuse, sa morve,
Grasse d’opale broyée.

—–

Tiges, tromblons, verges, roublards
Aux noms barbares,
Peu me fait, qu’autour de moi
Vous rodiez, veules ou inspirés.
Le delta de mes désirs anciens
Ne cessera de larmoyer.

—–

Un jour celui qui porte,
Entre ses cuisses fortes,
Cette lance aux flancs veinés,
D’un regard, un seul, mon destin
Qui navigue au loin, chagrin,
Trouvera le parfum
De ma sente de jasmin.

—–

Et mes délices seront pour lui.
A la table du banquet, je l’inviterai
A déplisser les ourlets,
Les retroussis et les drapés,
Jusqu’alors, à lui refusés.
Enfin, tout en lenteur, dressé,
Au fond de mes chaleurs, ruisselant,
Je l’engloutirai, brûlant.

—–

Viens t’en, joli gland tant aspiré,
M’envahir, me remplir,
Faire taire la douleur d’entre mes soupirs
Ouverts à ta cambrure carminée.
A ton membre turgide,
A ta splendeur timide,
Je me donnerai.

—–

Pleure mon ange,
Et me donne la joie.
Dans le fond béant,
Quand mon cœur se fait rose,
Tes perles en sanglots,
Toutes rimes oubliées,
Apaisent mon chagrin.

—–

Entre mes fesses
Pâmées, en liesse,
Éternité scellées …