J’AI BU LE SANG DES DIEUX.
Le De au jardin d’Eden.
Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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J’ai bu le sang des dieux, ils sont tombés brisés,
Et leurs livres sacrés sont partis en fumée.
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Dieu qui planait joyeux au centre des nuées,
Nuages de sauterelles aux ailes colorées,
Brassées de fleurs coupées aux corolles pâmées,
Voiles des navires, ailes des papillons,
Mangues opalescentes et les juteux melons,
Toutes autour de lui tournaient comme des cons,
Tous étaient boursouflés comme de gros ballons.
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Il m’a dit,
Ô toi petit bonhomme, qui aime les houris,
Les souks odorants, les palmeraies oubliées,
Dans les contrées maudites, là où les hommes ont ri,
En rayant de la carte tous ceux qui ont souri,
Ils chantaient la misère, ma gloire dévoyée,
Dans leurs livres étroits et leurs esprits si gris,
Que les ciels d’hiver paraissent bien lumineux,
Pauvre de vous, pauvre de moi, si seul là-bas,
Si bas, si loin de vous, quand vos sabres trop clairs
Crèvent les yeux, vers morts de m’avoir mal aimé,
Si haut, gargouilles hideuses sur vos cathédrales,
D’autres tristes croisés sous leurs armures d’airain,
Vous alliez exaltés, ivre du sang purin,
D’autres enturbannés aux regards de percale,
Dans les déserts brûlants sont crevés, égorgés
Et leurs vierges à jamais demeurées éplorées.
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Il m’a dit,
Égorgeurs de tous bords allez donc vous cacher,
Je vous ai vus, vous vois et vous verrai, où que,
Vous étiez, vous êtes et vous serez, foutre de,
Je vomis vos bassesses, aujourd’hui je promets
Que votre triste engeance ne me fait que pleurer.
C’est que pour être Dieu, je n’en suis pas moins homme,
Et il ferait beau voir, que vous les petits gnomes
Vous vous serviez de moi, qui suis plus que vos lois.
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La voix de Dieu m’a dit, et je n’ai rien compris,
J’ai tourné dans mon lit, et me suis rendormi.
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Au-dessus du naufrage, Dieu a fait ses bagages.
Putain, salope, pouffiasse, espèce de sale connasse …