Littinéraires viniques

LE MOZART NOIR.

La madone aux cerises de Brigitte de Lanfranchi.

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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

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J’aime le Mozart noir, l’enfant de l’inconnu.

A l’ombre des théâtres les ombres dissolues

Les accords étourdis et le nuage sombre

Chargé des lourdes pluies noyées dans la pénombre

Sous les brocarts fanés les rancœurs éclatantes

De l’enfance niée. Les diligences mortes

Sous les galops furieux des palais effrayants

Les clavecins aigus derrière les dissonances

Les perruques poudrées des reines aux yeux dormants.

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J’aime le commandeur aux blanches mains de mort

Agrippées aux murailles et sa voix de stentor

Qui pourfend de sa lame l’insolence des mots.

Les trilles agaçantes des violons rendus fous

Le dies ire qui tonne et le ciel noir qui pleure

La poudre de riz vole et Salieri se meurt.

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Et les cerises rouges craquent sous sa dent.

 

QUARTZ BRISÉ …

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Quand La De se met au nu.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.
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Madame est une sorcière,
A cheval sur sa gorge.
Qu’une langue d’ailleurs,
Tombée,
Étrangère,
Appliquée,
Une goule, égarée
Sans doute,
Lèche, suce,
Croque
Comme un sucre candi,
Une guimauve tendre,
Onctueuse et sucrée.
Volée.
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Le feu la brûle,
Comme piment oiseau
Sur pauvre bigorneau,
Et dresse son tétin
Qui palpite et dresse,
Petite pointe dure,
Vers le ciel,
Sa voilure.
Rose.
Délicate.
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Elle a levé les bras
Au dessus de la tête,
Ses cheveux étalés
Lui font couronne pâle,
Pour mieux se donner
A cette bouche
Absente,
Qui n’a cesse
De l’aspirer,
L’avaler.
Dévorer,
Mouillée.
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Tout autour du nichon,
Niché sous sa main,
Claire comme le lait
De son chat
Qui miaule sous les draps,
Une résille fine,
De sang,
Veinules
Graciles, azur
Sur sable d’albe,
Vibre doucement.
Tremblée.
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Belle lune pleine
Qui défaille
Sous la bouche,
Douce, avide,
Absente,
Comme Zemon
Qui plane
Sur tes eaux,
Orbe de soies
Pressées,
Coussin
Pour tête lourde
Du désir de tes reins.
Griffés.
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Alors tu soupires,
Le presses
Dans ta main,
Et râles
Du fond des temps.
Sur ta peau
Parsemée de picots,
L’onde invisible
D’une douleur lente
Est passée.
Belle comme une amante,
Les yeux révulsés,
Elle a crié.
Traversée.
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Caresse de lin,
Comme un parfum,
L’amour défunt
Crispe ton sein.
Quartz brisé.

 

MORDU A MORT …

Illustration Dante Gabriel Rossetti texte Christian Bétourné-©Tous droits réservés.

Le matin s’est levé

Et moi aussi,

Embrumé

Comme lui.

Nuit agitée,

Kébab coincé

Dans le gosier,

Qui ne veut pas descendre,

Quand la brume

Ne peut pas dissiper

Le temps

Gluant,

Qui s’accroche

A mes dents …

Je n’en peux plus,

D’attendre,

Que le soleil charnu

Se lève au ciel tendre,

Quand je sens

Mes forces se vider,

Mon âme hurler,

Qu’il est temps,

De mordre,

A pleine mâchoire,

Cette corde maudite,

Ce lien d’araldite,

Qui me serre

Le cou …

Envole toi,

Laisse les oies

Capiteuses

Du capitole,

Cacarder

Au ciel d’azur,

En flèches folles,

Aveugles, et ivres

D’anciennes amours,

Ô toi ma pure,

Lâche la troupe

Qui te tient

La croupe.

Fuckin’ Proserpine … !

Oublie le chat taiseux,

Pelotonné en boule,

Comme une sale goule,

Sur tes pieds glacés.

Arrache toi Lilou aux pièges,

Aux arpèges,

Qui glissent,

Comme des cerises,

Vides et mortes,

Tout le long

De ton cou.

Mord la vie,

Qui te sourit,

Un bon coup …

Le temps comme une valse

Triste et lente,

Tire sa révérence,

Sur les formes rondes,

Les queues et les arondes,

De mon violon chenu.

Et coule les eaux grasses

Des temps révolus,

Je souris et je ris,

Quand les secondes lasses,

Les heures salaces,

Tracent, infâmes limaces,

Leur chemin tordu,

Sur mes chairs corrompues …

Fuckin’ Proserpine,

Tes aigues-marines,

Ta bouche amandine,

M’ont mordu à mort,

Très fort.

LE GRAND BATTEUR.

La foule des mondes de La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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J’aurais aimé être un batteur de génie

Pour frapper en rythme sur les tapis Afghans

Le soir sous le soleil couchant

Quand l’œuf cuit à point

Par le long jour dévastateur

Meurt en murmurant et se liquéfie

Inondant les plaines noires

De sa liqueur d’orange pressée

A force d’être serrée

Entre les bras mourants des enfants

Pour battre la musique en neige

Au milieu des foules religieuses

Qui tapent en cadence effrénée

Au point ultime des paroxysmes

Exténués

Des désirs délivrés

Pour scander à force de baguettes folles

Les emportements des mondes irradiés

Au petit matin des désespoirs heureux

Quand les oiseaux crieurs révèrent le ciel

D’azur froncé, manteau de reine douce

Sous la lumière rasante, les montagnes mortes

Renaissant à rougir de plaisir

Et la peau souple des tambours du Burundi

Pour que vibre la sueur de l’Afrique

Qu’elle roule en flots salés

Sur les peaux vivantes et frémissantes

Des ébènes dressés.

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J’aurais tant voulu accompagner

Le vol des oies perdues au dessus des déserts

Me couler sous leurs ailes belles

Aux plumes écartelées

Tant aimé caresser du bout du bois taillé

L’incandescence des poètes oubliés

Dans les méandres amazoniens

Au sein palpitant des canopées bercées

Par les chants agressifs hurlés

En roucoulades envahissantes

Au-delà des crêtes brandies

Des myriades d’oiseaux

Chanteurs

Tant voulu battre le fer brulant

Dans le four incandescent des volcans

Éructant leur lave calcinante

Sur les flancs palpitant des femmes

Hystérisées par la musique cristalline

Des rus discrets

Au creux des montagnes cachées

Sous les strates empilées

Des civilisations invaginées.

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Battre la rage

Battre le temps

Battre le sang

Battre l’indicible

Battre les rangs

Des hommes fatigués.

LA VIGNE, LES CERISES ET L’OISEAU DE PARADIS…

Nikko Kali. Petit oiseau de Paradis.

J’ai cherché partout et longtemps. Dans la famille les Moulins à Vent de Janin 2006, j’ai trouvé «Le Domaine du Tremblay» et «Le Clos» du même nom. Point de «Terre du Tremblay»!!!

Alors, quelle est donc cette «Terre Mystérieuse», que le hasard des rencontres en bouteilles, a déposé sur l’autel usé, constellé des ronds rouges et noirs de tous mes voyages mysti-viniques??? La jolie main fine et aimée, qui caresse, trop rarement à mon goût, le silence de ma vie, a déposé sous mes yeux six flacons de ce vin. Les ailes de ce Moulin à vent, ont tourné lentement, séchant, avant qu’elle ne bourgeonne, la larme chaude qui perlait, scintillante, sous ma paupière. Déjà, j’étais heureux. Il va sans dire, que le commentaire de ce vin, qui suivra, quelque part, au creux de ma divagation en marche, ne sera pas vraiment objectif.

Dans la salle, d’or et de rouge tendue, le murmure des voix féminines est sans équivoque. Aucune fausse note, ne vient troubler ces cœurs unanimes. Aux alentours, les mâles fatigués dont je suis, ne peuvent qu’acquiescer en silence. Loin et si proches pourtant, Farinelli et Carestini qui ont fait chavirer bien des cœurs, jubilent et se disent dans le silence de l’entre deux, qu’il doit être bienheureux ce garçon, qui n’a pas eu à subir les douleurs physiques et les blessures de l’âme, qu’ils ont endurées. Dans le secret de son alcôve, il va et les venge. Chacun de ses bonheurs, est le leur.

Nichés au creux du poulailler, comme suspendus aux cimes du théâtre, les bras des quelques enfants perdus au milieu des adultes révérencieux, s’accrochent aux balustrades dorées. Ils ont le regard flou, égaré, absent. Il boivent la transparence fragile, de cette voix, si proche d’eux, qui les magnifie. Le grand lustre de cristal de bohème frissonne, et palpite de tous ses feux. Le bâtiment tout entier respire à l’unisson. Les corps assis des humains, alignés le long des rangées rouges, semblent abandonnés par la vie. Dans le temps suspendu à la voix de l’éphèbe, planent les âmes mêlées, qui ont quitté leurs enveloppes de chair. Elles forment un égrégore de lumière, qui palpite, et que personne ne perçoit. Seul le cristal vibre doucement. Il est de ces moments, rares et précieux, où dans l’ignorance du subtil qui les dépasse et les conduit tout à la fois, les hommes se dépouillent, s’extraient de la pesanteur ordinaire, et communient en pleine beauté.

Nous sommes à l’opéra Vanessa, ici le poulailler est Paradis.

Vagabondages, sauts incroyables, que permet la pleine liberté de l’esprit. Entre Philippe Jaroussky qui chante l’Aria d’Alceste du Termodonte de Vivaldi, l’Ariodante d’Haendel, là-bas, si loin bientôt, entre l’opéra de Bordeaux et cette bouteille, l’espace est aboli. A ma guise, je passe de l’un à l’autre et je pleure ces larmes rares, que la beauté me tire. L’imagination est ma liberté. Tout est possible, aussi je veux les unir en ce lieu intime, que les plus ardents Diafoirus ne soupçonnent même pas, tandis qu’ils continuent, imperturbables, à scruter les mystères de l’atome, à bord de leurs canons.

Mais voici que vient la cerise sous le nez. Le vin l’exhale, puissamment. Rouge sang de taureau fourbu, fraîche, juteuse, elle est de celles qui vous marquent les lèvres, pour mieux vous trahir. Sous le couvert fragile de mes yeux fermés, elles roulent en grappes, au milieu des fleurs. Effrayé, le lièvre qui avait, espiègle, remué son cul odorant sous mon nez, s’en est allé. De la robe d’un beau grenat sombre, une de ces robes, qui emprisonnent la lumière et qui rayonnent de l’intérieur, montent et s’unissent, en vagues successives, le parfum de la pivoine piquetée de rosée, en ce petit matin intemporel, et la poignée de grosses cerises, dont la peau tendue, rouge sang de veine, peine à cacher, dans la chair débordante, un jus sucré odorant. La réglisse et le noyau enfin.

Les lèvres violettes des petites filles, les cerises en boucles d’oreilles, qui jouent à l’ombre du figuier. «On dirait que t’es le monsieur qui chante comme un oiseau rouge, que t’as des yeux beaux et que moi je suis un oiseau aussi et que tu l’aimes…et que…».

Jeux de l’enfance qui s’étirent toute une vie.

En bouche, le jus attaque fraîchement, roule et s’étale. Puis, le flux de la marée de plaisir se fige. Au sortir de la cerise réglissée, la verdeur des tannins nappe la bouche d’un voile astringent, qui serre les muqueuses. La fraîcheur se fait acide et le miracle s’interrompt. C’est un abîme, plutôt qu’une finale, qui sidère la gorge en attente. Un vin, comme amputé. Une cuvée d’entrée de gamme sans doute, qui ne tient pas ses promesses. La vie…

L’ange qui habite la voix, lui, tient la note.

 

EMOJAROUSSKYTICONE.

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LE JAIS DES MERLES NOIRS.

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La De aux grandes orgues.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Baleines, derviches et dragons, gueules béantes,

S’en sont allés hanter naguère failles et fentes,

Les temps anciens, les monstres et les filles, si lentes

Qu’on aurait cru les cieux gelés. Et la mort, Dante,

Plane, lugubre, pantelante, brame, étincelante,

Aux yeux sanglants des pauvres âmes bringuebalantes,

Son chant d’amour à dévorer les vies rutilantes

Des beaux immortels qui pullulent autour des fientes,

Esprits bornés, morts de vivre, vides à se camer.

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Sur les bat-flancs crasseux des égoïsmes étroits,

Au dernier cercle, plus calcinés que les sorcières,

Griffes serrées sur leurs bûchers, les âmes claires,

Ont disparu, hurlantes, mangées, et tous leurs doigts,

Éclatent, pulpe rôtie, carcasses noires craquantes,

Dans les plis des oublis, les abysses brûlantes,

Les mers taries, les cieux obscurs, les montagnes

Meurtries. Les cyprès dansent en bas dans la campagne,

Les vents soufflent, nuages planants et qui sourient.

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Le jais des merles noirs, quartz en croix, lumières

Dansantes. Lapis maudit, malachite trop verte,

Citrine en étoiles. Obsidienne ma pure. Pierres,

Si dures que l’acier s’est brisé comme verre.

Dansent les fantômes, les folles, les bayadères,

Elles qui mènent la danse, qui reculent et avancent,

Falbalas et dentelles, sur les rives d’icelles,

Gourmandes et ficelles, toutes les jouvencelles,

Leurs fesses bien rebondies, et leurs cœurs de faïence.

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Elle est revenue des enfers, mon regard bleu,

Ma belle perle. Je l’attends, fond de la nuit des temps,

Depuis que Dieu cruel empêche. Quoi que je fasse,

Te garde près de lui ou t’envoie, foutre de poisse,

A vauvert, au diable, vivre d’autres audaces,

Connaître d’autres temps, de vrais beaux capitans,

Des paysages fous, rouges, déserts, mers en sang,

Cavaliers intrépides, cruels qui montent à cru,

Elfes dévoyés, regards de plomb, ailes de glu.

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Vies de douleurs, gloires, bonheurs, je t’ai croisée,

Au hasard, vert oasis, anguille si vive,

Cimeterre tranchant, têtes aimées, coupées,

Regard sans peur, chardons au cœur, becs acérés,

Tête brûlée, vrai sans pitié, à la dérive,

Les temps fous ont fondu, les bûchers disparus,

Les os souvent brisés, les crânes fracassés,

Mourir, toujours périr sans jamais s’arrêter,

Un jour Dieu a souri, le joug il a lâché.

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Petits instants, sourires de givre, mains qui bafouillent,

Mais pourrons nous aller, aimants, jusqu’aux extases ?

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Qui le saura, moi je ne sais plus, inch’allah

Roulent les vagues de fer, mais fou, foutu fatras …

MES NUITS INSOMNIAQUES.

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Portrait foutraque par La De.

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Illustration Brigitte de Lanfranchi. Texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Hypallage la sauvage, sa bouche de topaze,

Son cul de fille sage, à subir les outrages,

Alanguie et volage, accrochée aux ramages,

Aux noirs tatouages des corps anthropophages,

Ses yeux de kamikaze, la foudre dans les nuages.

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Serpentine la mutine, ton âme veloutine,

Ta bouche vipérine, tes faux-airs de gamine,

Iris de mandarine aux dorures de citrine,

Te voici qui trottine et tes hanches dandinent.

Foutue de vraie toxine, oui toi qui m’assassines !

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La mer est comme un lac, ni vagues ni ressac,

Le temps et son tic-tac, le ciel luisant de laque.

Mais le vent démoniaque bouscule le zodiaque

Des souvenirs foutraques, petits matins opaques.

Jacassent les macaques de mes nuits insomniaques.

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Comme le faune fauché aux jarrets déchirés,

Je me suis écroulé, prosterné, à ses pieds.

QUAND LA MORT MORD MA PLUME …

Дима Ребус.

Elle s’est montrée à visage masqué, comme toujours.

Et m’a dit que je me trompais. « Je suis la VIE, ignorant que tu es, qui te laisses berner par tous les truismes, les approximations qui circulent sur mon compte dans tous les esprits bornés, sur cette terre peuplée d’ignorants ! Je t’ai prêté la vie pour un temps, elle ne t’appartient pas, petit propriétaire orgueilleux ! Dans le ventre de ta mère, je t’ai animé, un beau jour que tu n’étais qu’embryon inerte. Dans l’obscurité diaphane de ton enveloppe imparfaite, j’ai glissé ce souffle que tu crois tien. J’étais là, lumineuse et aimante, te préparant à mieux me revenir, plein du goût délicieux des tes amours, de tes joies, de tes douleurs, du voyage de vie qui t’est offert, piège mortel, en te laissant croire aux fadaises du hasard, au réconfort fallacieux des croyances. Mais il n’y a que moi qui t’engraisse du début à ta fin qui est mienne !».

Non la mort ne parle pas, sa voix n’est pas d’outre-tombe, elle est souffle qui murmure dans la tête et porte à la conscience sa présence toute puissante. Quand elle le veut. Elle est la mère de toutes les tristesses douces, le voile qui alourdit ma plume et me met au cœur ces eaux froides qui ne veulent pas couler …

J’ai perçu son indicible sourire dans le regard de mon ami, j’ai vu la soie grise de sa présence ténue filtrer doucement la lumière, auparavant si vive, de ses yeux ; je l’ai vue, la patiente, défaisant, prenant son temps, les fils qu’elle avait tissés bien des années avant qu’elle ne se laissât contempler à visage presque découvert. C’est quand elle grise la peau, décharne les chairs à sa guise, c’est là qu’elle se montre, non pas à celui qu’elle possède imperceptiblement, mais à « l’autre », c’est au bougre éberlué qui la découvre œuvrant, qu’elle choisit de se dévoiler en partie. A moi impuissant et plein de rage qui la fixe sans ciller, droit dans le profond de ses escarbilles mortelles. Elle commence toujours par envahir les yeux des autres. La mort est un piano qui égrène, comme des gouttes de verre, liquides et tremblantes, « Les Nocturnes » de Chopin, a qui elle s’est longuement donnée. Car la mort, le plus souvent prend son temps à défaire ce qu’elle avait construit. Y prend t-elle plaisir ? Elle ne me l’a pas dit. Non, elle se contente de se montrer un peu, à moi, et de voler l’encre de ma plume … Ou alors peut-être veut-elle me rabattre le caquet en me prévenant de sa visite prochaine ?

C’est pourquoi je te le dis, belle épouvantable, maîtresse ultime, je ne crains pas tes caresses ! Je te volerai ta victoire, échapperai à tes charmes et déciderai de mon sort, je mourrai à mon heure en te faisant des grimaces, en t’embrassant à pleine bouche, te baisant mieux que tu ne l’as jamais été, en te privant de ta puissance, pourvu que tu t’envoles, vaques à d’autres taches et laisse à mon ami très cher quelque temps encore. Pense au plaisir intense que tu éprouveras à tenter de me prendre contre mon gré, à l’orgasme rare qui te portera jusqu’au ciel si tu parviens à empêcher mon geste, à me contraindre à subir tes caprices, à me priver de ma dernière liberté. Tu peux bien m’accorder cette grâce, toi qui, complice cruelle, me souris, te dénudes et coules de ma plume. Envole toi, quitte la peau de mon frère en amitié, ce n’est pas encore un bel amant pour toi, il ne te mérite pas. Patiente, toi, épouvantable salope, qui a l’embarras du choix !

Va donc te glisser sous la peau de Poutine

Au goût délicieux,

Aux parfums d’infamies,

De meurtres,

Et de génocide.

Je sais qu’il t’attend,

Et prend le lentement,

Qu’il te sente bien,

Longtemps l’empaler.

EENMORATIGÉECONE.

 

CRISSE LA LAME …

Schiele. Jeune femme.

Schiele. Jeune femme.

Elle déjeune,

Se douche,

Dors encore,

Elle … ?

N’est pas là.

Il tire la langue.

Elle n’est pas là.

Intouchable,

Injoignable,

Sous la vitre

Transparente.

La menthe.

 Crisse la lame.

Comme un âne,

Il braie,

Pas gai,

Gris,

Broyé,

Inclassable.

Friable.

Il croit,

Que croire,

Que dire,

Que faire,

S’enterre.

Suaire.

Quand l’enfant

S’écroule,

Explose

Comme une fleur

Au vent ?

Ersatz.

Quartz.

Se taire,

Fuir ?

Se nourrir.

Amertume

Qui fume.

Charbon.

Pierre

Qui fond.

Boue

Qui suinte,

Putride,

Et le souille.

Gargouille.

Tête de veau,

Sauce gribiche,

Pâle, livide,

Langue rose,

Regard déchu.

Opale.

Bien le bonjour

Madame Michu.

Sangsue.

 

ME REGARDE À MOURIR …

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Sous le regard de La De.

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

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Je me parlerai de toi de ta part,

Lave brûlante qui me glace les sangs.

 Sur les flancs décharnés des volcans éruptifs,

 La sève hurlante de mes feux mal éteints

 Corrodent ta peau de soie.

 Je vole, cavale géniale aux doigt ourlés de sang

Qui me griffent à hurler.

—–

 Les hautes solitudes des cœurs voilés

 Exaspèrent les parfums lents

De tes chairs grumelées

Qui poissent mes nuits blafardes

De leurs promesses absentes.

 Sur les orbes opalescentes de tes fruits inconnus,

 Au dos cambré,

Au souffle retenu,

Je ploie, l’échine tendue,

A me rompre les reins.

—–

 Le jade rutilant de ton regard cruel

Me crève les yeux

Quand tu me ressasses,

 Juteuse radasse.

—–

 L’œil de tigre aux lueurs méphitiques,

 Hystérique,

Me regarde à mourir …