UN PAPILLON GIVRÉ.

13324103_10206253636085319_1814059966_o

Le papillon givré de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Roulement de tambour, y’a d’la joie où y’a d’l’amour,

Et le verre fracassé, et la foudre et le vent,

Un mélange étonnant te fouette les sangs.

Dis moi que le matin quand ça sent la vanille

Quand à l’aube du jour, chantent les oiseaux moqueurs,

Les amants, les juments aux croupes de diamant

Qui croquent le destin, qui se brisent les flancs,

Affalés et meurtris dans leurs lits d’organdi,

Te crachent à la figure des brassées de fruits mûrs,

Te chantent des arias, très beaux, très délicats,

Te caressent les seins quand ton cœur est trop plein.

Les oiseaux dans le ciel font des rondes ardentes,

Ta chambre est un jardin peuplé de coccinelles,

Une licorne aveugle te regarde sans te voir,

Une plume de paon frôle ta peau qui ose,

Et tes souvenirs glissent comme une pluie de riz

Qui craque sous tes pas

—–

Un papillon givré, écrasé sous les ongles

De tes pieds insouciants. Ses ailes arc-en-ciel

Immobiles et raidies, à jamais ont pâli.

Tu cours sur les nuées, à gorge déployée,

Les nuages vidés de leurs pleurs damassés,

Les forêts déployées comme des mâts dressés

A la face du ciel aux courbes délicieuses,

Ont ri de te voir nue, toi la superbe gueuse,

Deux passants égarés sur tes landes fleuries,

Sont devenus fous, ton cul les a damnés.

Une sorcière éteinte à force de brûler,

Sur les bûchers des temps, par les hommes embrasés,

Et sa langue de feu, et ses yeux de démon,

Crient de toutes leurs veines. La torche de ses cheveux

Éclaire la grande nuit des vierges sacrifiées.

Là-bas au crépuscule des paupières calcinées,

Ton chant, miroir brisé.

Réagissez