BRET BROTHERS. POUILLY-FUISSÉ.

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 « Terre de Vergisson » 2009.

La lumière traverse l’or pâle de ce vin d’année chaude, quelques moires vertes et grises y jouent. C’est que le paysage, derrière la fenêtre, que je vois se refléter tandis que je sonde la couleur du vin, a la tête en terre et le sol au ciel. Les branches encore nues de l’arbre qui nage dans le verre plongent dans la tige de cristal que je tiens à deux doigts. Hermès Trismégiste, supposé père de la Table d’Émeraude, si tu me lis.

 Rires …

Riche ce vin, me dit le nez qui hume sous mes yeux clos. Comme si le fait de fermer les yeux avivait la perception olfactive. Non sans doute, une habitude sans plus. Plutôt un rituel. Le vin n’est pas boisson ordinaire, qui traversé bien des religions. Et bien que profane la dégustation est une messe. Les épices dominent sous la branche d’un poivrier vêtu de blanc penché sur une corbeilles de fruits jaunes, pêches surtout entourées de quelques abricots aux joues rebondies à craquer et rouges de soleil. Une touche sucrée d’angélique confite, aussi. En somme un nez qui donne envie de mordre. Mais le tout avec une certaine retenue encore. C’est que sous sa robe, la belle est bien jeune …

 Rires encore.

A peine happé, derrière un toucher de bouche timide, le vin explose de fruits mûrs au palais, de mille et une douceurs. Comme l’odalisque dont les hanches roulent au rythme de la musique, la pêche libérée, l’abricot éclaté, qu’exhaussent les épices, à peine tempérés par le gras du vin, ondulent et charment mes papilles. Du cœur du jus monte la fraîcheur qui accompagne, s’intensifiant, le vin jusqu’au bord de la gorge. Puis qui passe la luette, bascule et tombe. Une onde de chaleur douce apaise mes cellules. Ce qu’il faut pour que la caresse reste élégante. La roche de Vergisson, alors tapisse ma bouche, la réglisse poivrée s’installe longuement. Je vibre de plaisir.

 Dans ma bouche conquise, le sol qui a porté ce vin s’attarde …