SANGSUE ARRACHÉE.
Sangsue arrachée
L’hémoglobine affolée encore bouge
A coups de talon écrasée
Mélopée liquide, le noir valse, prend le rouge
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A genoux sur le bitume
Papilles arrachée, l’obsidienne râpe
Laper l’incarnat qui fume
Paupières closes, la honte me frappe
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Ombrageuse, antique et lumineuse pute
Babines ourlées, dents de silex
Je t’écrase, bouillie, ne te suis dans ta chute
Infecte, éthérée, je cisèle le prétexte
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Sur le sol je te lèche, sangsue
Aspirer, sucer, pénétrer les arcanes
Seins crispés, pupilles cornues
Géhennes nauséabondes, sexe profane
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Encore ta trace, tache sur le trottoir
Enveloppe gluante, tu résistes, catin
Laisse ma vie, précieux et effrayant mouroir
Sort, adieu, fragile et douce putain
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Creuser le sol, ongles épluchés, mains nues
Loin, profondément enfoncer ma langue
Assécher, tarir, les dernières larmes sont bues
Extraire le suc, la vie, au coeur de la gangue
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Sangsue arrachée
L’hémoglobine j’ai bu
A coups de talon écrasée
J’ai su, enfin. L’amour s’est tu.
Très noir. Une métaphore de la douleur, pour celui qui tue, pour celui qui est tué. Le dessin se marie parfaitement avec le poème. Je suis un peu ébranlé, je n’aurais pas imaginé qu’Elle puisse écrire ça.
Je trouve que c’est extrêmemnt violent, une capacité à se décrire comme un parasite quon veut détruire et la difficulté à tuer cet amour. De ces violences féminines que nous sommes incapables de réellement cerner. Je vais relire, c’est très richje, je n’ai pas tout compris. Le dessin est également très beau, très complexe.
Il est différent ce poème, vous avez abordé une noirceur que je ne trouve pas dans les poèmes que j’ai lus. je ne les ai pas tous lus, je commence à peine mais je n’avais pas encore vu cette violence, cette dureté. C’est émouvant d’une certaine façon, effrayant presque. Et on ressent un amour inouï pourtant. Les deux coeurs imbriqués, qui saignent, c’est naïf et compliqué.
Quand vous inversez les rôles, ça marche magnifiquement bien également! Vous réalmisez la chance que vous avez? Je suis jaloux de tant de talent, de tant de compléxité. Dans chaque poème abordant la souffrance, revient la force, la tenacité. Ce poème d’aujourd’hui c’est l’amour qui crève et s’accroche à rendre l’assassin impuissant. Il se tait ceta mour. Il s’est tu mais il n’est pas mort. je ne le vois pas mort. C’est mon interprétation. Les deux coeurs sont encatrés, le dessin saigne et pleure mais il n’est pas mort.
Fascinant de voir à quel point vos dessins sont dans le même univers! Des différences évidemment mais le même cloissonnement, la profusion des petites formes et des couleurs, la compléxcité incroyable derrière l’apparente naïveté etc etc etc Une rencontre qui crève les yeux quand on prend le temps de détailler vos dessins. Et ce poème…….dire que Christian a un talent fou, c’est désormais évident. Dire que cette “Elle” a également un talent fou, il serait temps de le dire haut et fort. Vous êtes un binome richissime. Et comme je vous le dis souvent, c’est un bonheur de vous suivre……
Curieux. J’aurais parié que le texte comme le dessin sont des oeuvres à deux mains.
Quelle densité! Quelle profondeur! Quelle lutte! Quel amour!
Violence jusqu’au bout.
Mystérieux. Puissant. Extrêmement puissant.