LES MOTS.
Les mots noyés de La De.
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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Les mots on disparu, le verbe s’est noyé
Sous les glaces polaires des temps accumulés
Les saillies enfoncées dans l’oubli des nuits claires
Dans les rêves obscurs, dans les lumières éteintes
Au secret des jours creux, dans l’alcôve aux étreintes
Au long de ces années, au fil de la rapière.
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Les mots ont leur vie propre, ils font ce qu’il leur plaît
Ils viennent quand ils veulent, violents éjaculés,
Se rient du libre arbitre des conventions défuntes
Petits mots ou grands cris, les mots aux cœurs sans crainte
Déroulent leurs guirlandes et n’ont pas peur d’oser.
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Des penseurs débridés, des poètes abscons,
Aux discours lénifiants qui pendent aux balcons
En grappes de fruits blettes, en discours fanfarons
Les mots dans le secret sont comme des fanfares
Qui rugissent ou se taisent aux cordes des cithares.
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Parfois ils sont la lame, ils fendent les cœurs noirs
On ne les attend pas, c’est alors qu’ils déferlent
Étincèlent et rutilent en mille feux grégeois
Ils sont les perles rares qui brulent de savoir
Pourquoi la mort est tendre le soir au creux des bois.
Les mots ont en effet leur propre vie. Et, d’ailleurs, comme toutes les vies des hommes ils s’éteignent figés dans les strates oubliées. Pour autant, toutes les vies nouvelles, animées par des résurgences vient leur donner le sceau de nouvelles générations avec leur langage propre et ses codes divers.Les anciens en sont étonnés comme ils le furent pour nous jadis. Le mot serait-il mort, vive le mot ! Amitié.
Les mots ont créé la vie.