LES FORÊTS SOMBRES.
Les gnomes hallucinés de La De.
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©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.
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Le manteau cru des forêts sombres s’étale sur les courbes opulentes
des terres de partout,
comme le poil dru sur les bras épais des bûcherons en sueur.
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On n’y voit pas le jour filtrer, tant sont denses les mensonges des feuilles caduques
sur les tapis d’aiguilles parfumées des érables paisibles
au côté des sapins orgueilleux.
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Ils se dressent, obélisques tendues, à vouloir piquer le ciel, et faire, la nuit,
jouir les étoiles, accueillantes femelles aux branche hallucinées,
qui rêvent de sève de pin dégoulinant en fontaines de joie odorantes
sur leurs branches
luminescentes.
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Dans les ténèbres les forêts grondent
elles craquent de plaisir et sèment la terreur
dans les esprits humains obsédés par la mort.
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Les gnomes priapiques s’ébattent entre les troncs, plus rugueux
que les lourdes armures aiguës
des Tatous caparaçonnés d’écailles d’acier brut.
On entend le bruit sourd de leurs chibres épais qui taraudent
les flancs laiteux des fées énamourées.
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Les rires fusent sur la mousse.
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Et leurs cris aigus déchirent la nuit noire.
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Le Grand Duc, statue de plumes lissées, tourne la tête
d’un air inquiet, comme une toupie folle.
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Les souris tressaillent.
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Que de meurtres consentis dans la totale impunité des encres étalées.
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Le plaisir coule à flot.
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Les hommes effrayés n’osent pas s’y risquer.
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Dans leurs mornes cabanes ils attendent le jour.
Les sapins qui se dressent tels de obélisques vers le ciel… très intéressant.