LE GRAND BATTEUR.
La foule des mondes de La De.
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Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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J’aurais aimé être un batteur de génie
Pour frapper en rythme sur les tapis Afghans
Le soir sous le soleil couchant
Quand l’œuf cuit à point
Par le long jour dévastateur
Meurt en murmurant et se liquéfie
Inondant les plaines noires
De sa liqueur d’orange pressée
A force d’être serrée
Entre les bras mourants des enfants
Pour battre la musique en neige
Au milieu des foules religieuses
Qui tapent en cadence effrénée
Au point ultime des paroxysmes
Exténués
Des désirs délivrés
Pour scander à force de baguettes folles
Les emportements des mondes irradiés
Au petit matin des désespoirs heureux
Quand les oiseaux crieurs révèrent le ciel
D’azur froncé, manteau de reine douce
Sous la lumière rasante, les montagnes mortes
Renaissant à rougir de plaisir
Et la peau souple des tambours du Burundi
Pour que vibre la sueur de l’Afrique
Qu’elle roule en flots salés
Sur les peaux vivantes et frémissantes
Des ébènes dressés.
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J’aurais tant voulu accompagner
Le vol des oies perdues au dessus des déserts
Me couler sous leurs ailes belles
Aux plumes écartelées
Tant aimé caresser du bout du bois taillé
L’incandescence des poètes oubliés
Dans les méandres amazoniens
Au sein palpitant des canopées bercées
Par les chants agressifs hurlés
En roucoulades envahissantes
Au-delà des crêtes brandies
Des myriades d’oiseaux
Chanteurs
Tant voulu battre le fer brulant
Dans le four incandescent des volcans
Éructant leur lave calcinante
Sur les flancs palpitant des femmes
Hystérisées par la musique cristalline
Des rus discrets
Au creux des montagnes cachées
Sous les strates empilées
Des civilisations invaginées.
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Battre la rage
Battre le temps
Battre le sang
Battre l’indicible
Battre les rangs
Des hommes fatigués.
Le batteur est celui qui donne le rythme. Joli poeme.