DÉVADORE MOI …
Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Dévadore moi, toi,
Moi qui te dévodare
Tant doucement,
Tant amoureusement
Tant ardemment,
Tant supllicieusement,
Qu’à la fin je me dissous
Comme le sucre dans le lait
De ton âme explosée.
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Sur le sable de douleur
De cette couche froissée,
Nous nous sommes laissés
Emporter à nous briser,
A déchirer la surface
Comme la peau de scarface,
A nous goinfrer d’amour,
A nous sentir si lourds,
Et nos âmes éclatées.
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Viens me dévadorer, dis,
Viens t-en urgemment,
Avant que n’éclate le grand vent
Des discordes, des miséricordes,
Les chants de misère, et la horde
Harassée, brisée, puante,
Des regrets, des cris, des souffrances,
Le cours des fleurs fanées et gluantes,
Et l’idée que le beurre est rance,
Avant que je me balance
Le nœud au bout d’une corde .
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Me sens grave comme un batave
Perdu au sommet des montagnes,
Comme un cancer inquiet
Allongé, caché, aux pieds,
Des catastrophes annoncées,
Comme le film torride
De tes anciennes vies,
De tes plaisirs, languide
Tu as été, bien avant que mon gland,
Timide, ému, ignorant,
Du bout, rêve de caresser tes dents.
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Les temps passés me terrorisent
Et je me vide à ces pensées horribles,
Autant que je le peux, j’évite,
Les morsures sanglantes de la bise,
Qui souffle à bout de souffle,
Glacée, salée, et me dise
Toutes oreilles clouées, closes,
Combien je ne suis qu’une chose,
Fadasse, incolore et sans goût,
Au regard terrifiant des cuirassiers,
Destroyers, avisos et autres seigneurs,
Aux matures brûlantes, aux proues effilées,
Qui ont longé, griffé,
Cloué, caressé, rongé tes flancs,
De baleine agile échouée sur le banc,
De leurs dards ardents.
Et c’est pourquoi je pleure,
Moi pauvre leurre.
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Tant.
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Alors dans l’épaisse pénombre
D’une chambre inventée,
J’entends, je vois passer les ombres,
Gigantesques et dorées,
De tes anciens amants.
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Dévadore moi,
Avant que s’évapore,
Que ne quitte mes pores,
La vie qu’il me reste à t’aimer.
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Quartz aigus
Que n’ai-je pas vécu.
Beauté et force d’une prière. Votre illustration est superbe également.
A me couper la chique ton truc…
Christian, une pépite…..Je suis très émue par ce poème….
Une femme ne peut que s’ émouvoir d’une telle ode à l’ amour charnel…et jalouser celle pour laquelle elle a été écrite! Probablement le texte le plus abouti de ce blog à ce jour..
Qu’elle le dévadore. Qu’il la dévadore. Encore. Il en naît des enfants d’ombre et lumière. Des pluies régénérantes comme les larmes de l’Amour seules le sont.