DANS LA CRYPTE, OUBLIÉ.
La De fait sa Vlad.
Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné – ©Tous droits réservés.
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Sur les sommets noirs, le soir, plane Dracula,
Le catafalque lugubre file au ras des monts,
Mors aux dents, sous le fouet, les cavales folles
Ramènent le maître blême aux entrailles du château.
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Loups aux crocs qui claquent, chauves laids qui sourient
De toutes leur âmes mortes, honnies, brumes létales,
Démons, sorcières, goules, chairs pâles et lustrées,
Ombres immenses, flambeaux éteints, miroirs ternis.
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Au pied des tours maudites de son château lugubre,
Toutes les bêtes fauves, regards hallucinés,
Pupilles dilatées, iris de cuivre tigre,
Hurlent à l’unisson, horrible soumission.
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Babines humides et salives fétides,
Pelisses hirsutes, légendes infernales,
Des puits noirs sans fond enfin remontées,
Aux pieds du maître impavide, domptées, elles s’ébrouent,
C’est le temps des turpitudes, des miasmes, de la boue.
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Le peuple des maudits, des chassés, des infâmes,
Enfin réuni, rêve de bouter les dames,
De déchirer leurs antres, de boire à leurs sources,
Au graal écarlate de leurs chairs fragiles.
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Lui qui fut Vlad du temps bien avant les corbeaux
Quand les fleurs rutilaient au salon des amours,
Atours, velours, rires d’enfants des beaux amants,
Sous le ciel pur, le soleil rouge ne brûlait pas.
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Le sang chéri maudit des petits êtres frais,
A boire chaud, à même les artères déchirées,
Aux gouffres béants sous la dent, ivoire qui croque,
Lycanthropes velus ou succubes infernaux.
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Espoirs de lait perdu, soie des regards nus,
Robes qui glissent, escaliers dérobés,
Quand le soleil brillait dans le regard bleu reine,
Elle qu’il aimait entendre respirer, à mort.
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Les blancheurs vénérées, le cristal qui tinte,
A ses lèvres humides, goûter son âme douce,
Perdre la mort qui rôde, gagner l’éternité,
Il pleure dans son tombeau, les fleurs sont fanées.
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A hurler de douleur sous les terres amassées,
Depuis des lustres. Éteint au milieu des ténèbres,
A chasser l’amarante des nourrissons déchus,
Les vierges se sont pâmées sur leurs gorges funèbres.
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Il aurait tant aimé n’être alors jamais né,
Avoir pu, avoir su, échapper au destin,
Glisser entre les failles du temps des mortels,
Et n’avoir pas connu la sorcière aux dents longues.
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« Diable de feu au regard de braise folle,
Lucifer mon frère, quand tu t’es effondré,
Que n’es-tu passé loin, plutôt que de me prendre,
J’aurais bien voulu vivre les fortunes humaines !».
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Et ce rêve effrayant, ce bonheur qui l’obsède,
Elisabeta se meurt, nul pour l’empêcher,
A la mordre à mourir il n’a pu se résoudre,
Alors il se morfond le diaphane empaleur.
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Combien sont disparues toutes ces jeunes années,
Quand la mort faisait peur, quand il la redoutait,
Et ce vent qui coulait dans les cheveux des femmes,
Quand il croyait que Dieu n’était que pure bonté.
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Il se voyait alors, belle plume et grand cœur,
Se promenant au bras d’une pâle crinoline,
Organdis frissonnants, rose et bonne mine,
Et des brassées de fleurs de soleil et de joie.
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Las, plus de trépas ni de cœur pieu qui lâche,
L’éternité encore, ultime punition,
Et le noir absolu, le doux soleil nié,
Les miroirs se fendent, les ombres disparaissent.
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Maintenant il rugit comme un damné qui meurt,
Il a maudit le sort, il aurait tant voulu
Anéantir Dieu et ses anges terribles,
Et retrouver le temps de ses amours goulues.
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Le temps n’est plus, Dieu l’a trahi, rêves perdus,
D’un pieu pointu sous le sein nu, regard voilé,
Fontaine de sang rouge, comme un porc, étêté,
Sous la crypte glaciale, affamé il triomphe.
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Dans ses yeux effrayants, un ange s’est miré …
Hi Bridget & Christian! It looks like Coppola’s movie today!
Hyper créativité aujourd’hui. C’est original, fou, intelligent, brillant.
Mamma mia ché bellezza!!!! Splendide!!!!!!!
Après la louve aux délices, Dracula au supplice! Fin d’année explosive et délirante. Quoi vous dire face à une telle profusion d’idées et de talents?
Dessin génialissime!!!!!!! C’est bien pensé, il fallait aller chercher cette idée!!!! J’aime énormément le poème, c’est une histoire intense et effrayante. C’est tout l’esprit du Dracula éternel en quelques vers, une prouesse!
Surprise! Bien beau tout ça, je souris là, étonné sans l’être. Peut être étonné du renouvèlement constant. L’idée folle, lâchée, libre.
Boris est comme ça :-O tant ça lui plait tout ça.
Le chavalier du dragon dans toute sa splendeur! Et cette bouche comme un univers à elle seule, géniale idée!!!