Littinéraires viniques » POÈMES EXACERBÉS …

IL EN FAUT DU TEMPS.

14632611_10207195107901526_1439013921_o

La De fait sa Philippine.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

Il en faut du temps pour mourir,

Quand un bolide ne fait que te frôler,

Quand une balle pousse un soupir,

Quand la vérole bleue ne te fait plus bander.

—-

Il en faut du temps pour gémir,

Quand une nuit, juste avant le matin,

Quand le loup gronde, que souffle le zéphyr,

Quand le papillon vert se pose sur ta main.

—-

Il en faut du temps pour sourire,

Au vent mauvais, au vent malin,

Quand à la porte tu soupires,

Quand rouge le chien jaune s’est jeté sur ton sein.

—-

Il en faut des ailes pour planer,

Il en faut des dents pour te mordre,

Quand tout le vent s’en est allé,

Quand la flamme aigle noir a glapi a te tordre.

—-

Il en faut du temps,

Il en faut du sang,

Il en faut tellement,

Que tu pleures comme une enfant.

VENDETTA ET FROUFROUS.

18297251_10208842081874846_490080399_o

La vendeFrou de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

La danse, tourbillons, vendetta et froufrous

Valse, tournoie, gambille, bas de soie, émoi

Et toi ? Etincelle, crécelle, rire doux

La joue si rose, l’œil brillant, et moi et moi !

—–

Feuilles ouvertes, macaron cru, fraise tendre

La biguine, la coquine, la noix croquée

Vole et vire. Pleurs et cris. Crie à cœur fendre

A pierre  tant briser, à bûche tronçonner.

—-

Pastels fragiles, cœurs d’argile, regard d’encens

Fumerolles rousses, fous délices de sang

Mais que vaines sont vaines les amours d’antan

Toi qui sur les mers a bourlingué trop longtemps.

—-

Blanc noir, éclair cinglant, mots de perles fines

Les ondes légères vibrent sous le ban

Et la peau, sein damné, les eaux l’illumine

Brocarts et taffetas ont épousé le gland.

—-

Qu’as-tu dit, qu’as-tu fait, toi qui souffles en coulisses

Dans les espaces étroits, dans les conques marines

Dans les bois, dans les cuivres, dans le cœur des vouivres

A l’amour, aux braises, je lève mon verre et pisse.

ENTRE DEUX BRAS BERCÉ.

16880972_10208298785772783_1202650519_o

Coeurs en coeur par La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

Qu’on me lance des fusées fuselées, des grenades

Rouges, et les moires brulantes de leurs jus vermeils,

Des balles de coton blanc, qu’elles roulent au vent

Dans les grands champs moussus des chemins des dames,

Qu’au pied des cathédrales, les anciens rois gisants

Sous leurs marbres glacés tressaillent en nous voyant.

Sur ma poitrine glabre, qu’au tréfonds de mon âme,

La laine des moutons apaise mes tourments.

Que le dard de Phébus, que les rais du soleil,

S’enfoncent sous ma peau comme lames de jade,

Et réchauffent mes os, me redonnent vigueur.

Qu’on me jette des bombes de parfums odorants,

Des torrents de benjoin de lavande et de myrrhe,

Que les jambes des femmes me découpent en rondelles,

Que leurs seins opulents me fassent guerre douce,

Et les blondes et les brunes, les châtaignes et les rousses,

Sur leur peau de safran, de lait frais, de dentelle,

Entre leurs chairs tendres, dans leurs vallées, sourire.

Que l’on me jette enfin dépecé sur leurs flancs,

Que Diane chasseresse dévoile ses rondeurs.

—-

Et qu’à la fin je meure entre deux bras, bercé.

DODO PAS LÀ.

17761284_10208593272454766_1770720121_o

La Chimère de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

Dodo moi, là

Sucre candi fraise tagada

Sous les bateaux de la Volga

Les sirènes roulent des yeux de chat

Ils sont partis très loin là-bas

Manger des noix et des rats gras.

—-

Dodo toi, dis

Fraise tagada, sucre candi

Sur le navire, la belle houri

Ventre de paille dents de souris

Danse la ronde du roulis.

—-

Dodo moi, dis

Noir salsifis ou blanc radis

Comme une poule dans un taudis

Tonne le ciel tombe la nuit

Voici que crient les yeux rougis.

—-

Dodo là, toi

Jambe de bois et chocolat

A l’embouchure du grand delta

Où nagent lisses les chinchillas

Voila que grouillent les cancrelats.

—-

Dodo, moi, toi

Crème de chou et cacao

Dans la soupente entre leurs bras

Des rêves jaunes de tequila

Et le sang coule du coutelas.

—-

Dodo toi, leurre

Petits malheurs des tristes heures

Canaille pâle morte de cœur

De tes doigts blancs sourdent les peurs

C’est le printemps des aboyeurs.

—-

Dodo moi, non

Tige de lys pelure d’oignon

Dans les ténèbres du cabanon

Pleure la voix du tympanon

Les chants des moines en pâmoison.

LE PRINTEMPS SE PRÉPARE.

18159854_10208780364811958_554065521_o

L’oiseau bec clos-cousu de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

La neige est sur le sol comme la mort sur la peau.

Sous la poudre figée que la glace transforme,

le ciel étreint la terre. Ses griffes broient son dos.

Le silence est total, et même le vieil orme

A replié ses branches. Tandis que les oiseaux,

Le bec cousu de fils, blottis en berlingots

Dans leurs nids de bois sec, sous le ciel des roseaux,

Oublient jusqu’à leurs chants. Le rossignol muet,

Tel une carpe noire, caché dans les fourrés,

Balbutie quelques notes pour ne pas oublier.

Oublier que la vie, à l’abri des regards

Englués des humains aux paupières sans fard,

Remonte des abimes. Le printemps se prépare.

SUBREPTICE CALICE.

20160824_090644 (Copier)

La ronde des yeux du coeur de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—–

Joli cœur rouge qui rugit s’indigne et puis rit

Tes langueurs tes rages tes fureurs tes douceurs

Dans les ombres et la nuit, tu voles puis tu surgis

Étincelles et crécelles, aria à tour de bras

—–

Subreptice calice, improbable retable

Graal aux ailes fragiles, aux écailles des vies

Petit cœur de reine qui me croche le râble

Impossible croisade, petit cœur toi qui cries.

—–

Comme le beurre, il file la métaphore, elle coupe

Ardentes pluies la nuit, les larmes de ses yeux,

Puis le soleil qui brûle au travers de la loupe,

Seuls aux quatre coins et pourtant deux à deux.

—–

Do ré mi la si do impossible comptine

Psalmodier dans le noir accoudé au comptoir

Puis le soleil qui brûle et grille la rétine

Solitudes des âmes promises à l’offertoire.

—–

Regardez ces oiseaux leurs ailes sont coupées

Ils claudiquent par deux ridicules et prostrés

Comme deux pauvres âmes l’une et l’autre mutilées.

Et le cœur a saigné et la mer est salée …

AUX LÈVRES OURLÉES DE RÊVES.

14247617_10206921782748568_814424433_o

La mort au ras de la vie par La De.

—-

©Brigitte de Lanfranchi – Christian Bétourné. Tous droits réservés.

—-

Éternité ? Mais de quoi me parlez vous donc ?

Ah oui la mort ! Nul doute que la blême me connaît,

Elle est de tous les instants, ma deuxième peau,

Ma pelure, l’autre, la vraie, celle que tous ignorent.

—-

Je ne suis qu’un masque blanc de triste viande molle,

Tandis que sous ma chair ses crocs noirs me dévorent,

Canines de titane à demeure plantées,

Et sous l’os de mon crâne, son masque d’orichalque,

Imputrescible et beau comme l’éternité.

—-

Ne croyez surtout pas que le ciel vous attend,

Seuls les dragons fous connaissent les étoiles,

Sous la voûte céleste tout n’est que comédie,

Le Deus ex machina ne tire pas les ficelles

Des marionnettes raides aux esprits embrumés.

—-

Et le temps n’est qu’un leurre, un appât, un sourire

Aux lèvres ourlées de rêves, et ses mâchoires de sable

Ne mordent que les niais accrochés à leurs tripes.

Les espaces infinis n’en finissent pas de rire.

What do you want to do ?

New mail

EN BAS D’CHEZ MOI.

13509822_10206406098056773_1717370462_o

La De a vu la Dame du bar d’en bas.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

A chacun,

Son dû,

Au furoncle,

Son pus,

Au putois,

Son jus.

Le ciel,

Est bleu,

La mer,

Est verte,

Comme l’herbe,

Sur la butte,

C’est l’heure,

D’aller causer,

Avec la pute,

Au bar,

En bas d’chez moi …

 

LA POÉSIE EST UNE PUTE …

11120962_10204229080472694_1498969421_n (Copier)

Revisitée par La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

Amour perdu de Lilliput,

Caché derrière l’occiput,

Continent blanc, terre de putes,

Filins tressés, toile de jute,

Allons donc voir les prostiputes.

–—

« Un jour qu’il fait nuit », Desnos

Tient fière main, tendu son os,

Faudrait beau voir que les beaux gosses,

Cheveux huilés ou bien en brosse,

Raclent les culs des basses-fosses.

–—

La poésie est une pute,

Qui boit à toutes les flûtes,

Rien ne l’effraie, ne la repousse,

Elle illumine même la mousse,

Hardis marins aux lances rousses.

–—

Sur le fumier, en tas serrés,

Le coquelicot, pétales tués,

Pousse, fleurit, tant bien que peu,

Ferait beau voir, oui nom de Dieu,

Manichéisme, dogme fastidieux !

–—

Alors je ris, pleure et souris,

Au ciel voilé, printemps pluvieux,

Oiseaux de feu, papier de riz,

Anacoluthe des esprits,

Vienne la paix, meurs, toi mon vit.

–—

A chaque heure, chaque minute,

A coups de poings, grands uppercuts

Lumière dorée, belles culbutes,

Allons donc voir, foin de disputes,

Tu chantes encore frêle turlute …

TERRA INCOGNITA.

14233882_10206946865255615_172691798_o (2)

La reine-mer de La De.

—-

Illustration Brigitte de Lanfranchi, texte Christian Bétourné  – ©Tous droits réservés.

—-

Hisse et haut ! Le soleil à leur cramer la peau,

Dans les gosiers tannés ne coulent plus les mots.

Le bois du pont brûlant jusqu’à ronger les os,

Les pustules saignantes pleurent toutes leurs eaux,

Et les chairs grésillent sur les jambes et les dos.

Les voiles affalées pendent sur les bardeaux.

Et le vent est tombé, et la mer est mourante.

—–

L’horizon disparu au ciel blanc des ardents

Les rides creusent les corps prostrés sur les bancs,

La sueur a séché, sales et secs sont les flancs

Des matelots râlants, écroulés, haletants.

Le désespoir bruyant a tué les élans,

Sous les crânes en tempête ne pulse que le sang

Des grosses veines bleues, fragiles à éclater.

—-

Quand iront-ils courir sur les terres nouvelles ?

Sous les vents alizés les palmes se balancent,

Le sucre des fruits mûrs, l’odeur des maquerelles,

Les ruisselets chanteurs et les extravagances

Des singes aux culs rouges. Les toisons en ficelles.

Oui, regarder là-haut l’azur des recouvrances.

—–

Et nul n’est arrivé, pas un n’est revenu,

Dans les îles aux fontaines le silence des sirènes.